Parce qu’un seul méga résumé pour deux week-ends avec des photos faites au téléphone c’est mieux que deux résumés avec des photos de kéké. Hé ouais!

Trois années pleines d’abstinence, depuis que le monde a changé, vont prendre fin sous vos yeux – autant dire que les lunettes de protection sont recommandées.

Pour tout ce qui est extra-musical : pas grand-chose à signaler sur le site lui-même, quelques déco ont changé à la marge, mais ça reste globalement le même site que ces dernières années. Le seul gros changement visuel est la nouvelle statue de Lemmy, qui est franchement une réussite, notamment avec les reflets du soleil couchant dessus. A noter que les cendres de Lemmy (ou une partie seulement ? J’ai loupé l’info) ont été placées dans le socle de la statue.

Concernant l’ambiance, mon ressenti est qu’il y a vraiment eu deux festivals et deux publics « différents » : pendant la première semaine, j’avais plus l’impression d’un public de fidèles et de passionnés, les teubés habituels du festival étaient peu nombreux et l’ambiance était très agréable. Aucun doute que la chaleur vraiment assommante a bien calmé les esprits et freiné les excès, faut dire que de vouloir se pinter la gueule quand il fait plus de 30 degrés en plein cagnard, faut vraiment être con le vouloir. Moi qui déteste vraiment les douches froides, j’y suis retourné plusieurs fois et j’avais l’impression de ressusciter à chaque passage. La deuxième semaine, même si l’ambiance est restée globalement très bonne, il y a eu beaucoup plus de crétins qui ont confondu Clisson avec Marne-la-Vallée, mais on restait loin des années les plus gonflantes du site niveau ambiance.

Par contre, pour avoir vécu les deux à la suite, la vague de chaleur a été mille fois préférable à la pluie en permanence sur deux jours et demi de la 2e semaine. Pas de souci à déplorer niveau organisation, je pense que la leçon de 2007 a été parfaitement apprise, reste qu’à un moment quand il flotte pendant deux jours ça a forcément un impact sur le ressenti. Le vendredi notamment, les scènes couvertes (Altar/Temple/Valley) étaient impraticables avec tout le monde qui s’y abritait. A l’inverse, voir les concerts sur les main stage était insupportable et même mes vêtements « imperméables » ne l’étaient plus en fin de journée, et il y a eu un vrai impact sur le planning de nombre de personnes – dont le mien.

A noter aussi que ESP (la marque de guitares de mon coeur) avait un stand au Hellfest, avec exposition de grattes à tomber par terre. Notamment une Explorer en 7 cordes, finition Black Metal, mamma mia…
Et comme ils étaient partenaires du Hellfest, ils ont exposé le long du mur vers la sortie 15 guitares custom en exemplaire unique, chacune reprenant le thème visuel de toutes les éditions du Hellfest. Autant dire que la bave a coulé sévère, j’aurais bien démonté une ou deux grattes de leur support (ces LTD Arrow custom, bordel de merde).

On va quand même aborder un point foutage de gueule de l’orga : c’est sympa de vendre les bières soit en 28cl, soit en 56cl…dans des verres de 25cl et de 50cl. Les lois de la physique et du commerce sont d’accord pour me dire que vous vous foutez de ma gueule, là. Je ne sais pas si essayer de masquer l’arnaque aurait été mieux, mais c’est toujours sympa de voir que t’es pris pour un con quand tu compares la contenance marquée sur le gobelet et le panneau des tarifs. Comme le coup du tee-shirt spécifique mis en vente uniquement lors du dernier jour du fest, le procédé est franchement moyen à mes yeux.

Sinon, Machine Head le disait bien avec « The more things change… », le Hellfest reste toujours le Hellfest : orga ultra bétonnée, son de très haute qualité générale (malgré quelques couacs occasionnels), affiche qui en propose pour tous les goûts même les plus discutables, tout ça. On retrouve tout ce qui a été mis en place au fil des années, et qui sauf cataclysme devrait rester une constante pour encore de nombreuses années.

Maintenant, parlons musique, voulez-vous ?


WEEK-END 1

Vendredi 17 juin

Cadaver
Entendus les deux dernières chansons pendant que je me positionnais pour Seth…et je suis incapable de me souvenir de quoi que ce soit. Rien, zéro. Pas certain que ce soit un bon signe.

Seth
Du black metal à l’ancienne très sympa, mais pas transcendant. Je suis parti après trois titres je crois, j’ai vu au loin qu’apparemment il y a eu de la nonne pas très habillée qui s’est badigeonnée de faux sang sur la scène, mouais. Un bout de concert sympa en fest, ni plus (certainement pas), ni moins (quoique là c’est négociable).

The Great Old Ones
Premier vrai morcif du fest pour moi, et ils n’ont pas déçu : très bien en place, très bon son de là où j’étais, leur black metal typique de ce qu’on retrouve chez les Acteurs de l’Ombre passe toujours super bien sur scène. Quoique en fait si j’ai été déçu, par les trois petits quarts d’heure seulement qu’on leur a alloués, et qu’ils n’aient pas eu le temps de placer Visions Of R’lyeh. A revoir sans hésiter.

Opeth
Entendus depuis les douches collectives du camping et en revenant sur le site, je comptais voir NECROPHOBIC qui m’avaient laissé une très bonne impression la dernière fois que je les avais vus, mais la chaleur avait eu raison de ma volonté. Ben voilà, le Opeth scénique de maintenant est tellement mauvais par rapport au Opeth du passé, il n’y a vraiment plus rien à attendre de ce groupe pour moi. Et quelque part, ça me fait un peu mal tant leur musique a été importante pour moi.

The Offspring
Alors, donc…on va attaquer un segment récurrent de ce report, qui s’appelle « Non mais maintenant faut vous arrêter les gars » (NMMFVALG de son petit nom). Segment qui va parler de groupes qui ONT ÉTÉ culte fut un temps, mais qui maintenant doivent être laissés dans un mouroir EHPAD plutôt que d’exhiber à la vue de tous que les bons souvenirs peuvent se faire pisser dessus par la brutale réalité d’aujourd’hui.
Parce que, autant le dire de suite, ça fait tache un groupe qui doit sa carrière et son statut à sa patate sur scène comme sur album, et qui joue mou du gland comme pas permis. Et ne parlons pas du pauvre Dexter, pathétique au dernier degré au micro. Stop au massacre, respectez-vous.

Primordial
a musique ne me plait pourtant pas plus que ça, mais je me suis fait happer par le charisme d’Alan. En plus d’un chant parfaitement en place, il vit véritablement ses chansons sur scène et leur donne un vrai souffle épique. Je me suis laissé prendre au jeu et j’ai finalement fait tout le concert sous la tente, alors que je pensais juste mater un ou deux titres et partir manger. SI vous ne connaissez pas, ou même si vous connaissez sur album mais que ça ne vous parle pas plus que ça, laissez-leur une chance sur scène.

At The Gates
Il faut partir d’un postulat de base important : accepter que Tompa n’aura plus jamais sa voix de la grande époque, et si dès le début on arrive à activer la suspension d’incrédulité à ce niveau on peut toujours passer un bon moment devant un concert d’At The Gates. Voire un très bon moment comme cette année, alors que la dernière fois que je les avais vus c’était la déception, cette année sous l’Altar ça marchait. Il faut dire qu’avec le catalogue de riffs monumentaux venant principalement des titres de Slaughter Of The Soul, c’est dur de se rater quand même. Puis Tomas est le premier conscient du fait que sa voix n’y est plus, il ne fait pas semblant au moins et s’économise, demande bien plus que de raison à la foule de chanter pour lui, bref il connait très bien ses limites et fait de son mieux pour faire le meilleur concert possible malgré elles. C’est tout à son honneur, mais on flirte avec la limite, attention à la bascule du côté The Offspring de la Force.

Deftones
Je regarde de loin, parce que je ne peux pas rater DEATH TO ALL qui va commencer dans quelques minutes sous la tente, et je crois bien que le peu que j’ai vu a été l’incarnation la plus bizarre/mauvaise que j’ai vue des ‘Tones sur scène. Chino était toujours aussi en forme et Abe a toujours cette frappe de bâtard phénoménale, mais…pas de Stephen sur scène ? Et c’est quoi ce bassiste qui pointe au zéro absolu du charisme (et ne parlons pas de ses backing vocals, ce serait désobligeant) ? Bref, je m’attendais à un déchirement au moment de partir très vite pour voir DTA, mais au final aucun regret.

Death To All
L’immanquable de cette première semaine. C’est difficile de ne pas répéter ce qui a déjà été dit dans les concerts précédents : c’est fatalement toujours les mêmes chansons, très peu de choses change d’un concert sur l’autre. Mais on parle d’un tel niveau, qu’à chaque fois ça reste toujours aussi incroyable, et la mandale dans les dents est toujours aussi forte – et aussi jouissive. Comment ne pas vouloir tout envoyer voler sur Overactive Imagination ? Se faire sauter les cervicales sur Suicide Machine, Symbolic, Flattening of Emotions, tout en fait ? Et ne pas passer en berzerk sur Pull The Plug, notamment sur les blast rajoutés par Gene Hoglan qui tiennent peut-être du sacrilège pour certains puristes, mais donnent tellement envie de faire voler tout ce qui passe à portée ?
Bref, j’en attendais très beaucoup, j’en ai eu beaucoup très énorme et une fois de plus ils ont tout écrasé. Les Patrons, avec toujours la section rythmique la plus priapique qui soit.

Entendu des morceaux de VOLBEAT de loin avant de partir, les passages plus metal sont sympa, mais le reste m’ennuie. Quant à MAYHEM, le groupe ne m’a jamais convaincu sur scène, et ne me convaincra jamais. Autant Attila m’avait scié quand je l’avais vu avec Sunn O))), autant dans Mayhem il me lourde.

Samedi 18 juin

J’ai regardé quelques groupes distraitement dans la matinée, mais aucun ne m’a laissé un souvenir quelconque. Allez, peut-être HELHEIM qui était bien sympa, mais pas de quoi s’en relever la nuit non plus.

Me And That Man
Personne n’est dupe, le groupe doit sa présence ici au seul fait que ce soit le projet blues/rock/country/réponse D de Nergal, frontman de Behemoth, parce que sur le papier c’est pas vraiment la came habituelle par ici. Et soyons honnête, je me retrouve ici uniquement parce que SOEN que je voulais voir jouait sur la Mainstage, à 14h30 sans aucune ombre au plus fort de la vague de chaleur, et que j’ai renoncé pour aller sous la tente de la Valley.
Et il se trouve qu’en fait, ça marche : c’est sympa, c’est frais, et par cette chaleur étouffante la fraîcheur est très appréciée. Musicalement parlant rien d’extraordinaire, mais c’est toujours marrant d’entendre de la country avec des paroles parlant de brûler les églises. Bref, j’y reviendrai pas sur album, mais s’ils sont à l’affiche d’un fest à l’avenir c’est pas impossible que j’y retourne reprendre une dose.

Flotsam & Jetsam
Après une grosse pause douche glacée/repos où j’ai entendu quelques trucs au passage plus ou moins contre mon gré (STEEL PANTHER et ALESTORM je vous pisse toujours dans la bouche après avoir mangé des asperges), je me pose devant ces vétérans du thrash US. Et s’il y a du thrash dedans, ça ne peut jamais être complètement mauvais.
Mais ce qu’il faut savoir, c’est que c’est de l’école heavy/thrash plutôt que du côté Exodus/Slayer de la chose. ; et que moi et le heavy, c’est pas forcément la plus grande histoire d’amour qui soit. Reste que sur scène ça passe super bien, et que tout vétérans qu’ils sont, ils ont toujours de l’énergie à revendre et ça joue/chante toujours super bien. Je ne pense pas y revenir sur album, mais en tout cas une très bonne découverte scénique bien sympa que je retournerais bien goûter à l’occase.

Megadeth
NMMFVALG, acte 2. Dave est toujours un guitariste extraordinaire, mais même d’après ses propres standards, sa voix était pathétique au dernier degré. Il a beau être entouré (comme toujours dans sa carrière) par des monstres qui font plus que le boulot, ça fait des années que la date de péremption est dépassée. Il est temps de reposer tout ça Monsieur, merci pour tout mais faut y aller maintenant.

Sepultura
Je m’étais dit qu’ils mériteraient peut-être une Mainstage, et j’étais pas le seul visiblement, peut-être la plus grosse foule des deux semaines pour un groupe sous une tente – ça dégueulait de partout, avec au moins autant de monde en dehors de la tente que dedans (et il faut voir de quelle tente on parle). Et si l’absence d’une deuxième guitare sur scène est selon moi très handicapante, la passion et l’énergie qui émanent toujours du groupe, surtout d’Andreas Kisser et Eloy Casagrande, forcent vraiment l’adhésion et le respect. Sans compter qu’en plus des titres cultes habituels de l’époque Cavalera, les nouveaux titres font mieux que de simplement faire le nombre.
Puis merde, on va reparler de Eloy. Je suis très sensible à ce que le batteur d’un groupe dégage sur la scène, et Eloy est un monstre absolu, d’un niveau technique fou et avec une frappe d’une brutalité inouïe. A lui seul, il envoie un mur d’énergie dans la gueule qui mérite le déplacement rien que pour voir ça de vos propres yeux. Allez voir Sepultura sur scène, vraiment.

Envy
Le groupe démarre avec quelques solides minutes de retard, parce qu’apparemment ils ne voulaient pas se contenter d’un son à 98,365% parfait, c’est 100% ou rien. Et dès que ça se lance, ça se ressent et ça monte très haut très vite, c’est à tour de rôle intense, planant, violent, hypnotique. Sauf que j’ai pas réussi à accrocher, pendant tout le temps passé sous la Valley j’ai pas arrêté de me dire « je veux les voir en concert mais dans une petite salle, pas là, y a un truc qui colle pas ». Et au final je suis parti après un petit quart d’heure, sans trop savoir pourquoi j’ai pas pu rentrer dans le show.

Agressor
Je me dois de placer un mot rapide sur eux, je me suis placé pour VREID pendant qu’ils faisaient leur set sur la scène d’à côté, et putain qu’est-ce que ça avoinait ! Je regrette encore de ne pas être allé sous leur tente pour vraiment en profiter, parce que leur death/thrash envoyait des torgnoles à n’en plus finir. Je ne referai pas la connerie de les rater s’ils repassent à ma portée.

Vreid
Set culte en vue, avec un concert spécifique basé sur l’album 1184 de WINDIR, qui est un monument du black metal norvégien qui en compte quelques-uns. Pas la peine de faire semblant, je ne connaissais RIEN de leur musique avant ce concert, j’y suis allé en simple curieux. Alors, ça risque de faire hurler les puristes, mais si j’ai passé un très bon moment et que c’était effectivement du black metal de haute qualité, ben en fait ça n’est pas allé plus loin. Et s’ils repassent dans le coin, je ne pense pas me donner la peine de me déplacer pour les voir. Je pense que j’en attendais plus au final.

Dimanche 19 juin

Pénitence Onirique
Un nouveau groupe signé chez Les Acteurs de l’Ombre, qui évolue toujours dans cette vague de black metal typique de ce qu’on retrouve sur ce label de qualité. Et, comme leurs compères de TGOO, ils délivrent un set de qualité même si pas tout à fait au même niveau. Leur black très mélodique, s’il est de qualité, n’a pas ce petit plus offert par leurs collègues de TGOO, et notamment à mon avis le chanteur a une voix trop quelconque pour leur faire passer un palier. Mais le concert reste un très bon moment.

Moscow Death Brigade
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, l’intro me met bien dans l’ambiance avec un hip hop urbain qui fait plaisir par où ça passe, mais dès que le concert commence vraiment ça le fait pas, en fait. Pas du tout, même. Alors oui niveau énergie ça bouge dans tous les sens et ça en fait des caisses, mais musicalement c’est niet, au revoir.

Ladite Warzone de nuit, depuis la grande roue

Regarde Les Hommes Tomber
Autre groupe extrait des Acteurs de l’Ombre (même s’ils ont bougé chez Season Of Mist depuis), vous connaissez la sauce. Black metal atmo/sombre de haute volée, grosse présence scénique, chanteur habité par son rôle que j’ai trouvé meilleur que la dernière fois où je les avais vus, bref à ne pas manquer s’ils passent près de chez vous.

Misery Index, et tant qu’on y est Dying Fetus : rien ne bouge, et c’est tant mieux. Ça reste toujours des monstres d’efficacité et de violence, et la distribution de mandales dans la gueule est garantie chanson après chanson. Y a pas beaucoup de valeurs plus sûres qu’eux pour ce qui est de s’en prendre plein la gueule pour pas un rond.

Korn
Vu que 1349 s’est retrouvé annulé, pas trop de questions à se poser sur le groupe à aller voir. Et ça tombe bien, le groupe est dans un bon jour et la setlist est pas mal du tout, en plus de bénéficier D’UN SON D’ENCULÉ de là où j’étais – ce duo de 7 cordes qui font vibrer les organes internes, miam. Le groupe est visiblement heureux d’être là, et ça enchaîne les baffes à répétition. Sur la fin, on a même droit à un medley de plusieurs chansons à l’occasion duquel ils ressortent même Trash, qui a affolé dangereusement mon slipomètre pendant le -trop court- moment que ça a duré. J’ai pas toujours été enthousiaste sur les prestations live de Korn, mais cette année le millésime était carrément pas dégueu.

Devin Townsend
Je m’approche de la scène pour le début alors que Korn est en train de finir, premier morceau merdique tiré d’un des derniers albums, je retourne voir la fin de Korn avant de revenir. A mon retour c’est Kingdom qui m’accueille, mais ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. Par contre, Devin est vraiment un musicien exceptionnel, son chant et son jeu de guitare sont vraiment exceptionnels.
Mais bon, c’est parti pour être totalement quelconque, sauf que voilà : sans prévenir, voilà que Devin nous ressort Aftermath. Et là, l’illusion marche : j’ai beau savoir que c’est pas vrai et que le Devin version SYL est mort depuis plus de 15 ans, ça fonctionne quand même. Et je me retrouve même à balancer mon cerveau dans un coin de la tente, avant de foncer dans le tas comme un bourrin alors que j’ai passé l’âge de ces conneries depuis trop longtemps. Et derrière, Regulator puis Deadhead réussiront à maintenir la suspension d’incrédulité, l’espace d’un quart d’heure j’ai fait un bond jouissif dans le passé. Ça n’a pas duré longtemps, mais merci pour ce moment…March Of The Poozers finit de me réveiller d’un bon coup sec, et je quitte la tente sans regret.

Judas Prost
J’ai de la chance, en quittant Devin j’ai pu profiter de quelques chansons dont l’immortelle Painkiller qui fait toujours autant de bien par où elle passe. Par contre, je pense que c’est vraiment le dernier moment pour les voir sur scène : si la voix de Rob Halford est toujours étonnamment bien conservée et capable de montées dans les aigus assez folles pour un papy de 71 ans, il n’empêche que l’âge a fait son effet, et que c’est étrange de voir quelqu’un qui pourrait être ton grand-père avec cet accoutrement sur scène. Et l’énergie encore présente il y a quelques années a de plus en plus de mal à tenir, on n’en est pas encore au stade du « arrêtez ça devient gênant », ça valait toujours le coup de les voir, mais je pense que c’est le bon moment pour s’offrir une dernière grosse tournée pour partir avec panache, et en gardant tout le respect immense que vous méritez.

Gojira
Vu quelques chansons de loin, et ils restent toujours les patrons sur scène. Le son touche à la perfection de là où je suis, et depuis 20 ans que je les vois sur scène ils sont toujours aussi monstrueux, même si pour moi les anciens morceaux mériteraient une voix plus death que Joe a abandonné depuis un moment.

Coroner
La première fois que je les avais vus, je m’étais ramassé une claque pas possible dans la gueule, avec leur thrash qui sonnait toujours moderne plus de deux décennies après. La deuxième fois, c’était aussi la fessée mais pas avec la même intensité, et malheureusement la lente glissade se poursuit. Entendons-nous bien, ça reste énorme et c’est toujours un immanquable s’ils passent près de chez vous, mais ils étaient probablement dans les conditions parfaites la première fois et je ne les verrai jamais refaire aussi bien.
Et je me dois de mentionner leur guitariste, si les trois musiciens sont tous de très haute volée technique, lui est une véritable machine. Son jeu est d’une précision qui fait plus que frôler la perfection, il l’a atteinte. Chapeau bas.

Watain
La fatigue se faisant bien bien ressentir, j’ai pour objectif de les voir jouer The Devil’s Blood et puis d’aller m’effondrer comme une bouse dans ma tente. Quand le groupe arrive sur leur scène au visuel ultra travaillé (et ça a vraiment de la gueule), comme à chaque fois c’est direct et sans fioriture : ce sera violent, hargneux, mais sans jamais se départir de ces mélodies suédoises rendues célèbres par Dissection. Le chanteur lâchera quelques mots à la foule de temps en temps mais ils ne sont pas là pour en faire des caisses, le groupe déroule coup de massue après coup de massue, même moi qui ne suis pas vraiment fan du groupe je me suis retrouvé hypnotisé du début à la fin. Alors oui j’ai été déçu de ne pas avoir eu mon petit The Devil’s Blood, mais c’était pas si important au final. Une très bonne manière de finir le premier week-end, maintenant tente-sac de couchage-rideau.


WEEK-END 2

Jeudi 23 juin

Rien ne m’intéressant vraiment avant un bon moment, je regarde quelques chansons par-ci par-là et rien ne mérite vraiment un report, passons donc au premier gros morceau.

Steve Vai
Première fois que je le vois, et probablement la dernière. Non pas que le concert ait été mauvais, au contraire, mais ça reste une expérience one shot. Déjà ce fut un concert full instrumental, c’est déjà pas un concept qui me parle beaucoup, et aussi le style guitar hero assez heavy n’est pas vraiment mon rayon. Alors sur scène ça marche, le père Vai est évidemment au-dessus de tout reproche, comme je l’ai dit j’ai bien aimé le concert. Mais je sais que si j’y retourne une 2e fois, l’ennui sera là très vite.

C’est beau, mais c’est pas passionnant

Insomnium
Comme à chaque fois que je les vois, constat identique : MAIS PUTAIN POURQUOI J’ARRIVE PAS A AIMER CE GROUPE PLUS QUE ÇA ?! Les chansons sont excellentes, le groupe maîtrise super bien la scène et a une vraie grosse présence, le son est très bon…mais je décroche, immanquablement, après 2-3 chansons. Faut que je fasse mon deuil, alors que toutes les bonnes cases sont cochées sur papier, ce groupe n’arrivera jamais à me parler – ou plutôt je n’arriverai jamais à les comprendre.

Solstafir
Groupe culte avec une énorme réputation de qualité dont je ne connais que le nom, j’y vais très curieux de découvrir ce qu’ils ont à me proposer. Et en fait, j’en suis vite reparti parce que leur metal très atmosphérique ne m’a pas du tout parlé, malgré une bonne présence scénique – pas une question de qualité, mais d’affinités.

Hangman’s Chair
Ca fait des années que j’entends parler d’eux, et le titre que j’avais écouté d’eux peu avant le Hellfest m’avait bien plu, j’étais donc très curieux de découvrir le groupe sur scène. Et ça a été une réussite magistrale, leur musique lourde et lancinante (bien aidée par un son collant parfaitement à leur musique) m’a emmené dans des contrées désolées et poisseuses, où toute notion de joie est morte. En plus le groupe vit vraiment sa musique sur scène, notamment le batteur dont la frappe lourde pousse vraiment en avant la musique. Un des meilleurs concerts du fest, et il va vraiment falloir que je me penche sur leur dernier album.

Scorpions
Acte 3 du NMMFVALG, et peut-être le plus ignoble de tous. Comme je m’en foutais totalement de leur concert et que ça me laissait un gros creux dans mon planning, j’en ai profité pour faire un tour de grande roue et admirer la vue/prendre des photos. Et vu qu’ils jouaient sur une Mainstage, c’est forcément leur concert que j’ai eu en bande sonore tout du long – et putain, je me serais bien épargné ça si j’avais pu. Le groupe expédiait les affaires courantes, et on peut les féliciter pour le solo de batterie le plus chiant que j’aie jamais entendu, qui pour allier le fond à la forme était en plus interminable. Et surtout, surtout, le chant était dégueulasse au dernier degré, si j’en avais eu quelque chose à foutre je serais mort de honte pour eux je pense. Le peu de décence et d’amour-propre qui vous reste vous implore d’arrêter le massacre, écoutez-les.

Jerry Cantrell
Y avait besoin urgent de finir sur une note positive et se laver de ce que Scorpions m’ont infligé, et Jerry Cantrell me parait tout indiqué pour ça. Et oh, la bonne idée que voilà…Probablement le meilleur concert du fest. Jerry Cantrell est Jerry Cantrell pas besoin d’élaborer, le groupe qui l’accompagne est ultra solide, et surtout, il est accompagné d’un chanteur qui a réussi une putain de masterclass. Staley avait une voix unique, mais ce chanteur mystère était pile sur le fil du rasoir entre l’hommage et sa propre voix, très proche du timbre du défunt chanteur d’Alice In Chains sans jamais tomber dans l’imitation forcée, et ça collait à la perfection avec les titres joués. Et avec du Them Bones, du Man In The Box, et ce final à se rouler par terre Would?/Rooster, quel pied bordel de merde !
Et, juste avant le dit final, le plot twist a été révélé quand Cantrell a présenté le groupe : le chanteur n’était autre que…Greg Puciato. Oui oui, celui-là même qui a été le hurleur dément de Dillinger Escape Plan. Pour tout dire, je suis allé vérifier après coup pour vérifier que j’avais bien entendu tellement ça m’a scié, mais oui c’était bien lui. Autant dire que mon respect pour le bonhomme a fait un voyage en SpaceX. Quel chanteur, quels artistes lui et Jerry, quelles chansons, quel concert. Le Hellfest pourrait presque se terminer maintenant, LA claque du fest a été donnée.

Vendredi 24 juin

Autant prévenir d’entrée, la fatigue commençait à se faire sentir, et surtout la pluie était l’invitée permanente de la journée et a bien salopé mon planning. Les tentes se retrouvaient bondées, il y avait des saucées vraiment violentes qui tombaient par moment, bref des bonnes conditions de merde qui m’ont fait regretter la vague de chaleur de la semaine précédente.

Crisix
Quoi de mieux pour commencer la journée qu’une bonne dose de thrash dans les oreilles ? Surtout quand l’énergie et la bonne humeur sont au rendez-vous, malgré l’absence de leur batteur resté en Espagne pour cause de Covid remplacé par les moyens du bord (le batteur de Gama Bomb notamment venu aider un coup, une chaise musicale au niveau des instrus, etc.). Ça se fait plaisir sur scène, ça reprend vite fait du Pantera, ça joue vite et bien, une bonne introduction avant que la pluie ne vienne tout pourrir.

Skeletal Remains / Witchery
Même tarif de gros, c’est simple et efficace, ça fait le boulot sur scène, mais je serais bien parti au bout de 10 minutes si la pluie ne m’avait pas fait penser que finalement rester sous la tente n’était pas si mal. A noter quand même le déficit chronique de charisme du chanteur de Witchery, qui n’aide pas vraiment son groupe/sa musique à sortir de la masse.

Benighted
Changement direct de calibre et de palier de violence, les Stéphanois étaient attendus de pied ferme, précédés de leur réputation (spoiler alert : totalement pas usurpée) de monstres scéniques. Et à chaque fois pour moi, c’est la même histoire : autant sur album j’ai du mal à m’envoyer plus que 2-3 titres à la suite avant de vouloir passer à autre chose, autant sur scène j’ai l’impression quand c’est fini qu’ils ont à peine fait la moitié de leur set et que je reprendrais bien une double dose. C’est un putain de rouleau compresseur de brutalité, avec tout le groupe qui se donne à s’en faire péter les veines sur scène portés par le charisme (et l’énergie dingue) du grogneur en chef qui ne lèvera le pied que le temps de présenter les différentes chansons d’amour de leur répertoire. Et autant dire que ça répond au quart de tour dans la fosse, avec un bordel immense encouragé par le groupe et des pits où il vaut mieux savoir ce qu’on veut avant d’y aller. A moins d’être totalement réfractaire au death/grind, et encore, il FAUT aller voir ce groupe sur scène, la patate de forain en pleine gueule est 100% garantie et vous allez même aimer ça.

Killing Joke
Je les ai zappés une paire de fois lors de leurs précédents passages, et cette fois je me suis dit que ce serait con de ne pas cocher la case qui va bien, sans compter que la pluie a décidé de se calmer un peu. Eh bien je venais clairement juste pour dire que ça y est je les avais vus, mais ils m’ont fait regretter de ne pas leur avoir donné leur chance plus tôt. Leur musique m’accroche vraiment, et Jaz Coleman a encore une voix et un charisme qui irradient sur tout le fest, même de mon endroit bien reculé le Monsieur m’a scotché. Je suis parti un peu avant la fin à cause de la pluie qui revenait et de Godflesh qui arrivait, mais très content de les avoir enfin vus – et même en regrettant de ne pas avoir tenté plus tôt.

Godflesh
Je leur redonne une chance, 21 ans après la première/dernière fois où je les avais vus paraître mous et fades pour cause de passage sur scène juste après un Devin en formation Strapping Young Lad qui avait détruit l’Elysée-Montmartre brique par brique. Et là aussi j’ai bien fait, quand on n’est (comme moi) pas fan d’indus, ça doit tenir du pari et de si on se fait embarquer ou pas dans leur ambiance, mais ça a marché sur moi et leur musique minimaliste, mécanique et distordue m’aura hypnotisé pendant les 50 minutes de leur set.

Moonspell
La prestation aura été bien meilleure que lors de leur dernier passage, la faute à une setlist hors de propos pour moi qui a été bien retouchée cette fois. Fernando a toujours une voix excellente et un vrai charisme sur scène, et avec du Finisterra, du Night Eternal ou du Opium c’est très difficile de se rater. Mais il reste que je n’ai plus le même enthousiasme à les revoir sur scène, c’est toujours un plaisir sur album, simplement ça ne m’embarque plus comme ça le faisait avant. Un excellent concert donc, mais je crois que je suis un peu passé à autre chose.

Obscura
Le concert aura été gâché par des problèmes techniques, avec un démarrage avec plus de 15 minutes de retard qui aura poussé quelques patiences à bout. Reste qu’une fois que le groupe a pu monter sur scène et commencer à jouer (et que l’ingé-son a pu retrouver le bouton pour le son du micro avec une minute de retard), la machine à baffes est lancée à pleine vitesse et ne fait aucun quartier. Obscura est un modèle de groupe qui, bien qu’ultra-technique, met celle-ci au service des chansons et ne passent pas leur temps à se branler le manche devant un miroir. Sur album c’est un peu trop propre/lissé à mon goût, mais sur scène ça grimpe de plusieurs crans dans la violence avec notamment un Steffen complètement déchaîné. Malheureusement le retard et les problèmes techniques (le clic du métronome envoyé dans les enceintes sur scène au lieu du casque du batteur…) auront bien sapé mon enthousiasme, et je tiens à profiter d’Alice Cooper, donc je les quitte avant la fin.

…en même temps, difficile de lui en vouloir de ne pas retrouver UN bouton en particulier dans tout ce bordel

Alice Cooper
Aller regarder des groupes « historiques » que je ne m’étais jamais donné la peine d’aller voir m’a plutôt bien réussi sur ce fest, je décide donc d’enfin donner sa chance à cette légende vivante de la scène rock/hard rock. Manque de pot, la pluie décide de tomber encore plus fort, et même mon équipement censé parer à ça (coupe-vent et surpantalon de rando imperméables), à force d’heures sous la flotte, n’était plus du tout imperméable à ce stade de la journée. Et quand Alice Cooper débarque après de looongues minutes à rester immobile sous la flotte dans la foule, le Feed My Frankenstein d’intro n’arrive pas à me faire oublier que je suis tout doucement en train de me choper la mort, avec possiblement le Covid qui rôde dans le fest. La scène a la grande classe, ça joue méchamment et Alice Cooper est en parfaite maîtrise sur scène, mais au bout de même pas 4 chansons je quitte la Mainstage complètement dégoûté et trempé jusqu’aux os maintenant, en sachant que je vais louper un concert qui aurait très certainement été génial sans cette pluie de merde. J’étais parti changer de vêtements mais finalement je n’ai plus bougé de ma tente alors que la pluie ne s’arrêtait toujours pas, pour Nine Inch Nails et Decapitated que je comptais aller voir c’est dans le cul. La journée commençait bien pourtant, mais s’est finie de manière totalement merdique.

Besoin d’élaborer plus sur pourquoi c’était merdique ?

Samedi 25 juin

Absolument rien ne m’intéressait avec Igorrr en fin de journée, et le temps de merde étant toujours présent par intermittence, j’ai juste quelques morceaux de concerts à droite et à gauche pendant une bonne partie de la journée, dont aucun ne m’aura laissé un souvenir impérissable, voire un souvenir tout court. Seuls choses à noter : Fleshgod Apocalypse c’était chiant comme la mort, et en cumulant tout ce que j’ai entendu d’Epica, il se peut qu’on arrive à un total de 30 secondes de passages sympa à ma grande surprise (mais je nierai avoir tenu de tels propos).
Et surtout, pour bien me faire plaisir, un des concerts que j’attendais le plus des deux éditions est annulé : Covid généralisé pour Katatonia, obligé d’annuler au dernier moment. Mais pas de problème, je l’ai bien vécu sa mère la pute chopez-vous tous une gangrène des organes génitaux.

Igorrr
Le groupe a connu un changement important de line-up avec les deux chanteurs historiques qui se sont fait la malle – autant pour le chanteur je ne m’en faisais pas trop, autant pour la chanteuse je craignais le pire, tant elle me paraissait irremplaçable. J’étais autant impatient qu’anxieux que ça commence, et FORCÉMENT il aura fallu que ça commence avec 15 bonnes minutes de retard à cause de problèmes techniques. Putain.
Mais une fois que c’est parti…bordel de Dieu, quel putain de concert. Autant le chanteur m’aura fait bloquer à cause de sa ressemblance avec Abbath dont son maquillage est grandement inspiré, autant la chanteuse…sa voix n’est pas aussi « parfaite » pour Igorrr que ne l’était celle de Laure, mais elle a quand même une voix extraordinaire, et dispose en plus d’une présence scénique incroyable que n’avait pas Laure. J’ai été complètement hypnotisé de la première à la dernière note, si la direction moins barrée des deux derniers albums me plait moins, ils montrent tout l’étendue de leur potentiel sur scène, bien aidés par Gauthier qui prendra même la guitare sur quelques titres , donnant plus de puissance aux chansons. Et puis je me dois de toucher un mot à propos du batteur, qui cogne comme un dératé tout en jouant des parties tout sauf simples. Et il aura fallu que ça fasse partie des deux seuls concerts que j’ai vus qui ont démarrés en retard, quel gâchis. Jerry Cantrell était intouchable cette année, mais sinon la tête du podium leur serait revenue sur l’ensemble du fest, ils devront se contenter de la deuxième place. Mais quel putain de concert !

Guns N’ Roses
Groupe légendaire qui vient cette fois dans sa « vraie » formation et pas en mode « Axl Rose & friends » comme la dernière fois, cette fois Slash et Duff McKagan sont de la partie. Et autant dire que beaucoup, BEAUCOUP de monde est venu pour voir ça. Et ils n’auront pas été déçu, car l’acte 4 de notre grand jeu-concours NMMFVALG aura été le plus éclatant. Je suis content d’avoir assisté de loin à ça (depuis la grande roue, puis le coin du feu), qu’est-ce que je l’aurais eu mauvaise si je m’étais battu pour assister à ça en étant bien placé. Slash en a placé un paquet à côté, ce qui n’est déjà pas pardonnable pour un bon guitariste lambda l’est encore moins quand on s’appelle Slash ; et puis Axl Rose, putain le malaise (ou le fou rire) à chaque fois qu’il essayait de chanter. Sa voix est flinguée de chez flinguée, alors ne parlons même pas de SA voix, celle de la grand époque, qui est probablement morte sous les assauts d’hectolitres d’alcool et autres substances depuis des années. Et soyons gentil, ne parlons même pas de la reprise d’AC/DC, j’en ai eu honte pour eux.
Je ne sais pas quel cachet ils ont pu extorquer à l’orga pour donner ce spectacle pitoyable de groupe de has been qui vivent sur le dos d’une légende qu’ils ont déterrée et violée devant tous, mais même en adorant l’humour absurde la blague était beaucoup, BEAUCOUP trop chère. Mais marrante. Mais chère.

Converge : Bloodmoon
Vu que Katatonia était annulé et n’a pu être remplacé dans un délai aussi court (du jour au lendemain, tu m’étonnes), y avait pas vraiment photo sur le groupe pour aller finir ma soirée. Et même si la demi-heure passée sous la Valley a été de qualité, c’était pas ce que j’en attendais. Ils ont commencé par un morceau qui tapait pas mal par passages, mais les morceaux suivants étaient tous bien plus posés/calmes, et j’ai fini par perdre le fil, j’attendais quelque chose de plus violent, et j’en avais aussi un peu besoin pour rester éveillé. La prestation était de qualité ce n’est absolument pas en cause, ceci dit j’ai rejoint ma tente pour aller m’effondrer sans trop de regret.

Dimanche 26 juin

Sordide
Allons donc découvrir ce que ce groupe de RABM a à proposer, je suis assez curieux vu qu’ils se sont fait un petit nom dans le milieu. Alors oui leur musique est de qualité et passe très bien le test de la scène, et j’ai passé un bon moment durant l’intégralité du concert, mais ça manquait quand même de quelque chose. Le groupe n’a pas l’air à l’aise sur scène, et j’aurais bien aimé que leur black metal soit un peu plus hargneux que ce qu’ils ont montré sur scène. Je leur redonnerais volontiers une deuxième chance si je les recroise en festival, par contre je n’irai pas me prendre une place s’ils sont en tournée près de chez moi.

Carnation
Le contraste avec Sordide est violent, le groupe est bien plus rôdé à l’exercice scénique et leur death plutôt porté vers la scène US des années 90/2000 fait bien le boulot. Mais le soufflé retombe vite, personnellement au bout de 20 minutes j’étais déjà en train de décrocher, et je suis allé voir là-haut si j’y suis. A réserver aux amateurs de death metal pas trop regardants sur l’originalité.

Svart Crown
Deuxième fois que je les vois, cet ce sera aussi la dernière, le groupe annonçant avant le dernier morceau que le Hellfest sera leur dernier concert, et que le groupe se séparait. Et comme la fois précédente, leur metal extrême oscillant entre les éléments black et death est redoutable d’efficacité, et propose vraiment quelque chose de personnel et intéressant, plus profond qu’une simple machine à baffes. Je ne peux que leur dire bravo pour leur chemin parcouru, et pour finir d’aussi belle manière.

Blood Incantation
J’attendais pas mal de leur concert, leur album « Hidden History of the Human Race » ayant beaucoup tourné à sa sortie dans ma playlist. Et, s’il aura été à l’honneur (à l’exception de la meilleure chanson Slave Species of the Gods), ça n’aura pas suffi à en faire un gros concert non plus. Pourtant le groupe maîtrisait bien son sujet sur scène, avec encore une fois un batteur impressionnant par l’énergie qu’il envoyait, mais en fait je crois que leur musique marche mieux sur album que sur scène, me concernant. Les longs passages calmes/atmosphériques faisaient bien retomber la tension, et plombait le rythme d’ensemble. Une petite déception, mais une déception quand même.

Un vainqueur potentiel du grand jeu-concours permanent « Déchiffrez le nom du groupe en moins de 666 essais »

MGLA
Je loupe le début de leur concert, mais la première chanson entière que je vois est Exercises In Futility V, exactement celle que je ne voulais pas rater – c’est bon, l’essentiel est assuré. Et ça joue vraiment bien, le groupe arrive vraiment à poser son ambiance sombre sur scène, j’avais un peu peur que leurs tenues fassent un peu gimmick mais ça ne dérange pas du tout. Leur black tape dans le mille, et dégage une atmosphère vraiment prenante, je suis resté scotché à leur show jusqu’à la fin sans voir le temps passer.

Mercyful Fate
Et on finit de boucler la boucle des groupes cultes/historiques que je n’avais jamais vus avant (aussi bien MF que King Diamond en solo lors de ses précédents passages). Pourtant le heavy n’est pas ma came du tout sauf exception ultra-rare, mais il faut bien tenter. Et, dès que le rideau cachant la mise en place scénique tombe et découvre une scène qui a méchamment de la gueule, la tension monte de quelques crans. Pas de suspense, ça joue hyper bien à tous les instruments, et le King tient toujours son chant ultra particulier comme personne, et a une présence énorme sur scène. Ça alterne entre chansons « récentes » et classiques allant rechercher jusqu’à Nuns Have No Fun, devant un public en transe, pendant que King Diamond éclabousse la scène de son charisme.
Oui mais voilà, comme dit précédemment, le heavy n’est pas ma came et Mercyful Fate ne rejoindra pas Iron Maiden qui reste à ce jour l’unique groupe de heavy metal qui me rend dingue sur scène ; et la voix suraiguë de King Diamond a définitivement du mal à passer sur le long terme. Je suis vraiment content de leur avoir donné leur chance parce que j’ai vraiment aimé la grosse demi-heure que j’ai passée avec eux, mais c’est sans regret que je les quitte pour assister à Metallica. Et savoir si eux vont rejoindre le Hall of Fame gériatrique du NMMFVALG.

La photo ne rend pas du tout à quel point ça avait de la gueule

Sabaton
Un petit mot sur eux quand même, vu que j’ai assisté aux 15-20 dernières minutes de leur concert en attendant Metallica. Autant j’aime pas leur musique et je me cogne complet de ce qu’ils font, autant ils ne se foutent pas de la gueule de leurs fans quand ils se déplacent. La scène est énorme avec un tank sur scène, il y a des jets de flamme et des explosions, ça joue ultra carré, c’est une grosse machinerie superbement huilée, qu’on aime ou pas on peut pas leur retirer ça.

Metallica
Ca y est, le Saint Graal de Ben Barbaud est enfin là : Metallica joue au Hellfest. Je n’avais jamais vu dans la foule du Hellfest autant de tee-shirt/sweat/vêtements et accessoires divers d’un seul groupe au Hellfest, pourtant j’aurais déjà vu passer quelques gros poissons. Le walkway vers la foule est en place, et le public explose quand les écrans passent l’extrait légendaire du Bon, La Brute et Le Truand à Sad Hill avec l’encore plus légendaire Extasy Of Gold d’Ennio Morricone qui accompagne les montées sur scène de Metallica depuis presque 40 ans maintenant. Tout est en place, l’apothéose de ce Hellfest, voire DU Hellfest est lancée.
Sauf que, non. Est-ce qu’il est trop tard pour voir Metallica sur scène ? Objectivement, la réponse est non. Changeons la question, est-ce qu’il est trop tard pour voir du grand Metallica sur scène ? Sans hésiter, oui. Ce fut un très bon, limite excellent concert de clôture, mais rien qui ne méritait de se taper le cul par terre, alors qu’on parle du groupe qui est le père du Thrash metal et qui est un des groupes qui a vendu le plus d’albums dans l’histoire de la musique.
Mais alors, qu’est-ce qui a empêché ce concert d’être ce qu’il aurait dû être ? En premier, la voix de James Hetfield. S’il est toujours un guitariste rythmique exceptionnel, il n’en a pas moins 58 ans, et sa voix ne suit plus du tout quand il faut pousser dessus. Alors il s’économise là où il faudrait pousser, et quand il essaie d’envoyer comme avant ça fait un peu mal au cœur. Et ensuite, forcément, on va parler de Lars à la batterie…étonnamment, à part sur deux pains assez atroces au début du concert, il a toujours été dans le temps. Par contre, ce zéro pointé au niveau de la musicalité m’a donné envie d’écouter une symphonie de roulettes de dentiste en train de percer des molaires. Les break remplacés par des caisses claires sans raison, je faisais ça dans mes cours de batterie 2 mois après avoir eu mes premières baguettes dans les mains, c’était totalement hors de propos A CHAQUE FOIS qu’il a fait ça – càd presque à chaque chanson. Oui oui, littéralement. Passons vite fait sur Kirk Hammett qui fait la même chose depuis 40 ans, et qui se paie le luxe de même pas le faire super bien.
Mais malgré tout le négatif décrit ici, je rappelle que c’est resté un excellent concert. Allez jeter un œil à la setlist complète, mais à part ce morceau de Saint Anger (trollé par Hetfield lui-même au moment de le jouer) y a de quoi faire couler pas mal de liquides corporels divers et variés, rien que pour le plaisir citons Fade To Black, Master Of Puppets, Enter Sandman, Damage, Inc ou One – entre autres. Et après avoir eu Guns N’ Roses ou Scorpions étaler leur incontinence devant plus de 60 000 personnes, on peut faire preuve d’indulgence. Bref, ce concert-là était encore du bon côté de la barrière du NMMFVALG, mais c’est le dernier pour eux, parce qu’on veut que la magie marche. Le prochain basculera de l’autre, vous êtes prévenus.


Et voilà, cette deuxième édition se finit par un feu d’artifice dément sous fond de Number Of The Beast/War Pigs/For Those About To Rock, et c’est l’heure de renouer avec la réalité. Bilan de cette deuxième édition ? Ben putain, ça fait un bien fou de retrouver les concerts, voir des groupes sur scène, et cette suspension du « temps normal » dans un fest de plusieurs jours.

Je pensais que j’allais être démoli par l’enchaînement des deux semaines en restant au camping entre deux, mais j’ai tenu le coup bien mieux que je ne le pensais, ça reste complètement jouable. Et j’ai personnellement préféré la première semaine à la deuxième au niveau du vécu global (pas seulement des concerts), le temps pourri de la 2e semaine ayant eu un gros impact sur mon ressenti.

Est-ce que je retournerais au Hellfest en 2023 ? Minimum 99,666% de chances que oui, y a pas à réfléchir, parce qu’il y aura toujours de quoi voir et découvrir des choses qui valent le coup.
Maintenant, il serait vraiment temps qu’un tri soit fait dans les gros noms des têtes d’affiche. Trop de groupes périmés qui cachetonnent sur leur gloire, qui ne marchent qu’à cause de fans teubés et sourds qui se font pisser dans la bouche par leurs anciennes idoles et en redemandent systématiquement. Déjà que personnellement je préférais les anciennes affiches moins généralistes, mais l’évolution du fest était logique, pourquoi pas. Mais désolé, ceux qui ne font que marcher sur la nostalgie de sourds qui ont du mal à admettre qu’ils sont vieux maintenant, et proposent des concerts indignes (de ce qu’ils ont été, ou indignes tout court) doivent dégager – ils sont déjà de toute façon passés au Hellfest au moins une fois, et ponctionnent des cachets monstrueux qui tiennent du scandale en soi, et au vu de ce qu’ils offrent comme spectacle.

Voilà, c’était mon coup de gueule, je suis certain qu’après l’avoir lu Ben Barbaud va s’effondrer en larmes et revoir de fond en comble sa programmation en tenant compte de mon avis.

Ou pas, et quelque part il aurait raison vu que (sauf apocalypse quelconque) j’ai annoncé que je serais de nouveau là.

Et même que je vais aimer ça.

Encore.