Troisième album des finlandais depuis le retour à la vie du groupe. Et accessoirement l’album que j’attendais le plus cette année.
La vie étant un éternel recommencement, est-il vraiment surprenant qu’…And Oceans, après avoir sorti deux albums de black symphonique (l’incroyable Cosmic World Mother et l’excellent As in Gardens, So in Tombs), revienne à quelque chose de plus expérimental/industriel, comme le fut A.M.G.O.D. en son temps ?
Tout est dans le titre, comme si le groupe avait parcouru tout ce chemin afin d’accoucher de The Regeneration Itinerary. Un album qui fusionne toutes ses périodes créatives et propose leur musique la plus expérimentale depuis leur retour aux affaires.
Inertiae ouvre l’album sur des sonorités rappelant la bande-son du niveau Urdak de Doom Eternal. Cela précède une explosion digne du Dimmu Borgir de la grande époque, avant de passer sans prévenir à un pont atmosphérique industriel avec un beat énervé. Déroutant de prime abord, mais bon indicateur de ce qui va suivre tout au long de l’album.
Parlons ensuite de Prophetical Mercury Implement, un de mes morceaux favoris avec The Way of Sulphur. On y trouve toute la maestria du black sympho d’…And Oceans : ces claviers à se damner, ces guitares tourbillonnantes et cette batterie ultra versatile.
Pour The Way of Sulphur, on reprend les mêmes éléments en y injectant encore plus d’influences industrielles et un groove dantesque, malgré un final un peu abrupt.
Avec ses sonorités quasi mécaniques, Chromium Lungs, Bronze Optics se veut plus classique, tout comme The Terminal Filter, avec cette touche de piano finale qui m’a fait penser à la B.O. de Mass Effect 3 (ça fait deux références jeux vidéo).
Cela permet d’aborder les prestations individuelles des musiciens. Les orchestrations d’Antti Simonen sont remarquables de bout en bout. Ses synthés se fondent parfaitement dans un paysage habité par les guitares de Tio Kontio et Teemu Saari. Kauko Kuusisalo, à la batterie, propose une prestation que je qualifierais de subtilement brutale. Il alterne entre blast beats furieux et patterns complexes, toujours à propos. Reste Matthias Lillmåns, littéralement au sommet de son art, passant de hurlements glaçants à des grognements caverneux qui m’ont fait vérifier que c’était bien toujours lui au micro.
Tout cela ne serait rien sans ce qui est, à ce jour, la meilleure production jamais obtenue par le groupe.
The Regeneration Itinerary n’est toutefois pas exempt de reproches. Bien que j’adore le morceau, The Way of Sulphur fait un peu figure d’OVNI avec son côté très indus. De son côté, I Am Coin, I Am Two laisse une impression d’inachevé malgré une première partie très prometteuse.
Dans ces pages, j’ai souvent pesté contre des morceaux trop longs ; pour une fois, je vais faire l’inverse : The Form and the Formless et The Fire in Which We Burn paraissent trop courtes.
The Regeneration Itinerary est à la fois classique et extravagant. Au début, on est perdu par ce black metal symphonique aux textures industrielles, et puis soudain, pour une raison que l’on ignore, ça fait « clic ». J’espère que pour vous aussi, ça fera « clic », car malgré quelques petits défauts nous tenons là un des albums de l’année.
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