Souvenez-vous, il y a quelques semaines, nous parlions du second album de Batushka. Pas celui-là, l’autre avec pour seul membre Krzysztof Drabikowski. Aujourd’hui, nous parlons de celui de Bartłomiej Krysiuk, celui qui a un contrat chez Metal Blade.

Si vous avez loupé les épisodes précédents de ce formidable drama polonais, je vous renvoie à la chronique de Панихида (Requiem) – l’album de « l’autre Batushka » pour une rapide mise à niveau.

Forcément, en arrivant plus d’un mois après Requiem, Hospodi par avec un handicap – en plus de celui d’être l’album fait par « le traître » que semble être Krysiuk aux yeux de certains fans. Mais concentrons nous sur l’aspect artistique.
Comme la comparaison avec Requiem est inévitable, je vais faire simple. Hospodi a toutes les qualités qui manquent à Requiem mais Requiem en a une que ne pourra jamais avoir Hospodi. Ce n’est faire injure ni à l’un ni à l’autre que de dire ça.
Hospodi a pour lui une prod haut de gamme. Propre, lisse, puissante avec un mixage lisible qui rend l’écoute extrêmement agréable. Instruments comme voix sont très bien mis en valeur et chaque morceau est un régal de ce point de vue là. Niveau compo, la cohérence est là, on sent que tout a été peaufiné et pensé dans les moindres détails. Pas de changement de rythme venus de nulle part ou de structures alambiquées. Les ambiances sont réussies, bref c’est bien plus conventionnel mais ça fonctionne. En ce sens, Hospodi est bien meilleur que Requiem car c’était vraiment ce qui pêchait sur ce disque.
Cependant, là où Hospodi ne pourra jamais égaler son rival: c’est le fond même de la musique. Ce qui a fait le succès de Batushka. Hospodi est bon, voir très bon par moment mais ce n’est pas Batushka. Pas celui de Litourgiya… bref pas celui de Drabikowski. Car malgré tous les défauts évoqués pour Requiem, avec Drabikowski la baguette on se rend compte à quel point le mec était le cerveau du groupe – artistiquement s’entend. Un monde sépare les 2 disques et à choisir, je préfère largement la version moins bien produite aux morceaux inutilement compliqués proposée par le Batushka de Drabikowski. Hospodi est plus lent, moins rentre dedans et l’alternance entre Metal orthodoxe à grand renfort de choeurs puissants et Metal extrême (je n’ose pas dire Black parce qu’à ce stade ça n’en est plus) est plus ténue. Il est aussi moins bavard que son demi-frère mais se prend parfois au jeu de faire durer inutilement certains passages – par exemple Tretij Czas qui met un temps infini à se mettre en route. Par contre pousser le vice à faire un titre qui s’appelle Liturgiya et en faire un truc aussi chiant: non.

Au-delà de la polémique pour savoir qui est le « vrai » Batushka, il est bon de voir que les 2 itérations du groupe ne sont pas moqués du monde pour ce qui est de leurs albums respectifs. Mais en vendant son âme au diable, Krisyuk n’aura pas pu se payer l’âme de Batushka et ça… ça pourrait lui coûter très cher au final.
Ceci étant dit, les dollars de Metal Blade ont été bien investi et Hospodi aura sans doute le succès qu’il mérite car sans être délirant, c’est un bon disque.