La première fois que j’ai rencontré Soundgarden c’était il y a 18 ans. On s’était bien plu, on avait fricoté ensemble pendant quelques temps et puis par la force des choses on s’est un peu perdu de vue, chacun suivant sa route. En 2012 nos routes se croisent de nouveau, et cette fois-ci j’étais bien décidé à ne pas louper ma chance d’enfin conclure.

Soundgarden - The Gaslight AnthemLes petits aléas de la vie font que parfois, avant un rencard, quelque chose vous met la puce à l’oreille pour vous faire comprendre que les choses ne vont pas se dérouler suivant vos plans.
Ce soir, LE SOIR, je me retrouve bloquer au taff alors que j’ai rendez-vous à 20h au Zénith Grrrr… mauvais présage?

Arrivé à 20h au Zénith, du son retenti déjà depuis l’intérieur de la salle. Soundgarden n’est pas venu seul, ils sont venus avec The Gaslight Anthem, la copine qui doit tenir la chandelle, au début du moins si tout va bien.
Les petits gars du New-Jersey avec leur config’ bizarre à 3 guitares (2 rythmiques et 1 lead) font le boulot malgré un public amorphe et un certain manque de conviction. Seul le chanteur se démènera un peu pour que la sauce prenne. Et avec un son meilleur la sauce aurait certainement mieux prise car les guitares se marchaient dessus, le couple basse/batterie bouffait le reste et les choeurs étaient visible mais pas audible. Bien dommage car le Rock distillé par le groupe semblait plutôt intéressant. Fin du set au bout de 45 minutes devant un « petit Zénith » loin d’être plein.

Boude pas Ben! Ca s'entend à peine que t'as un son de merde!

Ca y est! La copine moche est enfin partie, je vais pouvoir attaquer! Le moment tant attendu depuis 18 ans, conclure avec Soundgarden! Halala!
Sauf que… sauf que je suis à peu près aussi exciter qu’un condamné à la chaise la veille de son exécution sans que je sache trop pourquoi. La faute à l’ambiance globalement moisie dans la salle? Aucune idée. Bref ils sont là, ça commence c’est… merde mais c’est quoi ce son? Putain ils commencent par quel titre? Searching With My Good Eye Closed ? ha oui dirait bien! Marrant je connais cette rythmique on dirait Spoonman… oui c’est bien ça mais hormis quelques « hourras » dans le public personne ne moufte, bizarre pourtant c’est un petit mégahit en puissance. Etrange. Petit moment d’introspection devant une intro massacrée mais?! MAIS?! C’est Jesus Christ Pose! Qu’est-ce que cette interprétation piteuse? A ce moment là je me dis que mon rencard est en train de tourner au vinaigre, je n’imaginais pas à quel point.

Fausse note in progress

Les titres s’enchaînent dans l’indifférence générale aussi bien sur scène que dans le public. Public majoritairement composé de gens venu pour entendre Black Hole Sun et de connasses qui vont voir habituellement voir The Kills  et qui ne supportent pas d’être bousculer! Meuf c’est un concert de Rock! Donc te fous pas devant si tu veux pas qu’on écrase tes escarpins!
Pendant ce temps là à Vera Cruz sur scène, chacun fait sa vie. Ben Sheperd fait l’autiste dans son coin en passant sa rage sur sa basse au lieu de la passer sur l’ingé son. Kim Thayil n’est venu que pour nous montrer sa collection de grattes… que l’on entend à peine jusqu’à ce qu’un techos pense a allumé un ampli. Chris Cornell assure le minimum syndicale entre les chansons (« thank you ») mais chante comme une brêle. Paie ton carnage sur Pretty Nose et Outshined. Côté guitare, il nous a fait une véritable boucherie sur l’intro de Rusty Cage! Un peu comme Kirk Hammet sur One en concert. Reste Matt Cameron, impérial comme à son habitude. Mais si je devais lui donner un conseil, se serait de prendre son chèque et de bien vite retourner chez Pearl Jam où les concerts sont d’une autre tenue!

Kim Thayil avec sa 6 ou 7ème guitare de la soirée

A ce moment là je me dis que mon rendez-vous galant tourne vraiment à l’eau de boudin mais la suite allait m’achever.
Ce qui aurait du être le moment orgasmique de la soirée, à savoir Black Hole Sun, se révèle en fait être une demi molle pas kiffante du tout et limite baclée. S’en suit la petite nouvelle Live To Rise qui n’apporte strictement rien à l’affaire. Le public, aussi neuneu soit-il l’a bien compris et commence à plier bagage. Ceux qui ont suivi les quelques tweets que j’ai envoyé l’ont bien compris aussi, j’ai entamé une stratégie de repli plus ou moins à ce moment là. J’écoute Superunknown depuis le hall et la larme à l’oeil je plante mon « date » du jour sur 4th of July après 1h30 de concert.

Dommage, la setlist avait un potentiel incroyable, ça pouvait tout déchirer mais non.
Cependant, rongé par un affreux doute, je questionne un couple rencontré sur le quai du métro.
– Vous êtiez au concert?
– Oui
– Vous avez trouvé ça comment?
Et là, le couperet tombe:
– A CHIER!
HA! Donc il n’y pas que moi! OUF! Me voila tranquillisé.
Moralité, les rendez-vous ratés feraient parfois mieux de le rester.