Rencontre avec MONSIEUR Dave Mustaine dans les loges du Hellfest. Dave qui nous parle de sa santé, du dernier album de Megadeth et aussi « du reste » avec un langage très imagé.

Hellfest 2007

Hellfest 2007

NicKo: Ma première question peut sembler évidente mais… comment vas-tu ? Je sais que tu as eu des tas de problèmes avec ton bras alors comment ça va aujourd’hui ?
Dave Mustaine : Bien mieux ! Je ne serais pas ici si ça allait encore mal. Je me suis dit « fuck » je ne peux plus jouer et ça a été une grande frustration pour moi. Si tu veux, je me suis un peu senti comme un acteur de porno qui ne peut plus avoir d’érection (rires général). La première fois que j’ai repris la guitare, ma main n’a rien voulu savoir, je n’arrivai à rien. Là j’ai eu très peur et puis le médecin m’a dit de prendre mon temps et mon mal en patience.

NicKo: Donc aujourd’hui tu es revenu à 100% ? ready to rock ?
Dave Mustaine : Je dirais 99%… je suis un peu plus vieux que toi mon pote (rires) J’ai toujours une âme de gosse mais mon corps commence à compter les années.

NicKo: Justement, as-tu un petit secret pour tenir aussi longtemps sur une scène métal où il est plus en plus difficile de se maintenir ?
Dave Mustaine : Un secret ? MMM pas vraiment. Tu vois au début de ma carrière, on m’a souvent dit que j’étais trop ouvert, que je parlais de choses dont on ne parlait jamais. Les gens qui achètent mes disques n’ont jamais eu besoin de me demander de quoi je parlais, ça a toujours été clair, quand j’ai quelques choses à dire, je le dis. Je pense que les fans n’ont pas besoin qu’on leur mente. Si un jour ça ne va pas dans le groupe, ce n’est pas la peine de dire que ça va si c’est pour virer quelqu’un le lendemain. De même quand je suis sur scène, je me fous de savoir si tu es français, blanc, noir ou si tu vis dans un pays du tiers monde. Ca m’a déjà arrivé de monter sur scène sans savoir où je jouais. Je vais te dire, en fait je me fous un peu de savoir où je joue, ce qui compte pour moi c’est de voir des gens heureux, les bras en l’air qui prennent leur pied ! Avec Megadeth nous avons fait un concert en Bosnie, les gens n’avaient pas un rond, ce concert nous a coûté de l’argent… et alors ? Tout le monde était content ! J’en parlais avec Sharon Osbourne il y a peu, à ma connaissance il n’y a qu’une personne qui a commencé dans le métal en étant riche. Tous les autres se sont construits à partir de rien, des gens comme toi et moi qui ont travaillé dur pour en arriver là où ils sont. Regardes moi, aujourd’hui j’ai un vieux des jeans et des baskets en fin de vie (rires). Bien sur grâce aux fans j’ai une belle maison, je vis bien mais nous, « Megadeth », sommes accessible grâce au site internet sur lequel nous sommes tous actifs, les gens viennent nous voir après les concerts, dans les hôtels – même ces groupes qui débutent et qui ont un look de fous te sautent en cou en disant « Dave je suis troooooooooooop fan » (rires) Enfin tu vois, je crois que le secret c’est ça ! Rester soi même et être proche des gens, qu’il n’y ait pas de mur, de frontière invisible entre les gens et toi.

NicKo: Parles nous de l’enregistrement du dernier album. Pour toi ça doit être la routine maintenant ? Se passe-t-il encore des choses dingue durant les sessions ?
Dave Mustaine : En fait sur cet album nous avons expérimenté un tout nouveau type de problème : changer de producteur en plein milieu de l’enregistrement (rires). Ca m’était déjà arriver pendant l’enregistrement de Peace Sells, pareil sur So Far So Good So What, idem sur Rust In Peace. Pour la petite histoire le producteur que nous avions à l’époque était venu me voir en me disant qu’il bossait en même temps sur l’album des Guns N Roses et que si Axl (Rose – ndr) appelait il allait devoir partir en vitesse pour bosser sur leur disque. Je lui ai demandé si il se foutait pas un peu de ma gueule avant de lui facilité la tâche et de le virer (rires). J’ai fini la production moi-même et j’ai embauché un mec pour le mixage. Pour Countdown et Youthanasia j’ai gardé ce type comme producteur. Le reste a été plus calme !Mais il y a eu des albums vraiment sympa a enregistré comme Killing Is My Business. J’ai pris beaucoup de plaisir car c’était la première fois. Comme toutes les premières fois c’est spéciale ! La première fois que tu t’envoies en l’air tu trouves ca génial mais tu espères que la fois suivante se sera mieux… et bien là c’est pareil !!! Le premier album a sans doute été le plus excitant à faire parce que je ne savais pas ce qui se passait, je n’avais pas idée de ce qui allait suivre. Nous avions 8000$ du label pour faire l’album, aujourd’hui avec 8000$ tu ne paies même pas la bouffe pour l’enregistrement ! La moitié de notre argent est parti en bouffe, en coke et en héro. Du j’ai appelé le label pour leur dire que nous n’avions plus d’argent pour finir l’album et que nous n’en avions plus non plus pour la drogue. Le gars du label nous a filé de quoi racheté de la dope et aussi de quoi finir le disque. Nous avons donc enregistré Killing Is My Business pour 12.000$ dont pas loin de 4000$ en dope.

NicKo: Pourquoi avoir choisit de ré-enregistrer « A tout le monde » et spécialement avec Cristina ?
Dave Mustaine : Tout simplement pare que la première version avait été censuré aux USA… et manque de chance celle-là a subit le même sort. (silence) Quant à Cristina, je l’ai rencontré à Milan… ou Rome… ou Milan… bref en Italie et je trouve qu’elle a une superbe voix. Elle a travaillé dur et je trouve cette version supérieure à la première. La production est supérieure, les solos sont plus long, les voix rendent mieux… La première fois que je me suis fait censuré, j’ai cru que c’était parce qu’ils avaient compris que la chanson parle de suicide alors que ce n’est pas le cas. Je me suis dit bon… c’est pas grave. Avec cette deuxième censure, j’ai fini par comprendre qu’il y a des gens qui n’aiment pas Megadeth. On m’a refait le coup des gens qui croit que ça parle de suicide alors que ça ne parle de suicide mais on me redit que ça parle de suicide pour justifier la censure alors que ça n’est pas le cas. Je ne suis pas suicidaire, je n’écris pas de chansons sur le suicide. J’ai peut-être fait des choses stupides dans ma vie mais je n’en suis pas là. J’ai du boire des quantités d’alcool qui tueraient certainement des gens quand je suis entré de ce business et que j’en ai découvert tous les excès possible. Du jour au lendemain tu deviens célèbre. Un jour tu n’es personne, les filles ne te regardent pas, le lendemain tu joues de la guitare, tu as 15 nanas qui campent devant ta porte et tu deviens quelqu’un de fréquentable avec qui il est bien d’être vu en train de boire un verre. Tu vois ce que je veux dire ?

NicKo: ben en fait je suis une chèvre à la guitare, y compris à Guitar Hero et les cheveux longs, c’est mort pour moi (rire général)
Dave Mustaine : monte un groupe tu verras ça marche ! (rires)

NicKo: Quand tu as monté Megadeth, tu avais un but précis. Aujourd’hui, penses-tu avoir atteint ce but ou bien les buts que tu t’étais fixé ont changé ?
Dave Mustaine : Houla ! Hé bien les buts à atteindre ont bien évolué depuis cette époque ! Et Heureusement d’ailleurs. C’est comme tout ! Au tennis, ils avaient des raquettes en bois, maintenant ils ont des raquettes en carbon ! Et les filles qui jouent au tennis, avant tu entendais juste le bruit de la balle maintenant tu entends « heuuuaaa » ! Comme si on leur sortait un môme du cul ! Ce que je veux dire c’est que l’industrie du disque a changé. Au début c’était sympa et amusant ! Tu faisais ce que tu voulais et au pire les gens disaient « ho non » et tu n’avais qu’à payer l’addition. Avant l’aspect musique et l’aspect business était 2 choses bien séparées. Aujourd’hui si on parle de music business ce n’est pas pour rien. Les gens du business ont une telle emprise sur les gens de la musique que si les gens de la musique ne font pas quelques choses qui est « business like », tu trouves retrouves dans la situation du guitariste qui picole trop et dont le batteur et le bassiste sont des junkies notoires qui sont incapables de faire quelque chose de correct. On te dit que tu vas être viré mais ton leader couche avec tout le monde, il se tape des groupies et des nanas vachement trop jeunes…

NicKo: par rapport à ça, penses-tu avoir aujourd’hui un bon line-up avec toi ?
Dave Mustaine : Ils sont très bons ! Après le départ de Dave Ellefson, j’avoue que j’ai pensé que j’aurais du mal à retrouver quelqu’un de fiable qui aurait les épaules pour le remplacer. Alors je me suis tourné avers mon premier bassiste, c’est un mec génial mais il n’a pas réussi à combler le trou. Je me suis très vite rendu compte qu’avec lui se serait du temporaire. J’ai rencontré mon bassiste actuel par hasard à une audition. Je lui ai demandé de montrer ce qu’il savait faire et il m’a sorti des trucs de jazz à vitesse grand V sur le manche. Tu sais, Megadeth c’est un groupe qui prend des influences dans le classique et le jazz et qui les met en forme pour que ça face du métal ! J’ai grandi avec les Dead Kennedys et les Sex Pistols. Et… j’ai perdu le file de ce que je voulais dire (rires) En fait j’ai toujours voulu mettre du punk dans les paroles de Megadeth, certes je ne suis pas aussi pointu et prolifique que Jello Biaffra (l’ex-leader des Dead Kennedys – ndr) qui lui se documente et fait énormément de recherches pour ses textes. Par exemple, il m’a appris qu’Oldsmobile (une marque de voitures US filiale de General Motors – ndr) avait fabriqué pendant la guerre des pièces de mitrailleuse pour l’armée allemande ! Il m’a aussi expliqué qu’il y avait des gens que EMI qui avaient des liens très proches avec des fabricants d’armes. Un truc de fou.

NicKo: Au fait, comment va Vic (l’ancienne mascotte du groupe) ?
Dave Mustaine : (rires) Vic va plutôt bien ! Il a failli être de la fête pour cet album et… tiens je repense à un truc par rapport à ta question précédente. Quand James est venu auditionner, je lui ai dit « ok tu peux jouer avec nous mais ta barbe ? » A l’époque il avait une énorme barbe, il jouait dans Black Label Society et la barbe fait parti de la garde robe du groupe ! Du coup il a gardé sa barbe et… ta question était sur… ?

Dave Mustaine

Dave Mustaine

NicKo: Vic !
Dave Mustaine : Ha oui Vic ! Tu sais, c’est un peu comme Star Wars. Il y a eu la première trilogie puis il y a eu les éditions spéciales et maintenant il y a la deuxième trilogie qui se passe en réalité avant la première ! Si je devais faire Vic avant Peace Sells, il n’aurait pas cette tête de squelette et bien des choses sur les pochettes seraient différentes. Et donc pour cet artwork j’ai voulu faire une cover qui serait « voilà à quoi ressemblerait Peace Sells si il ne s’était pas passé tel ou tel truc », ce qui est à peu près ce qu’ils ont fait avec Star Wars. Le mot Megadeth nous suffit comme logo, des tas de groupes ont leur nom comme logo : Metallica, Motörhead, les Rolling Stones. Vic c’est notre mascotte, il est sur plein d’album mais il est aussi absent d’un tas d’albums donc… Ca vient aussi du fait que le label a souhaité le mettre en retrait pour mettre l’accent sur la musique mais tu sais, l’artwork fait parti de l’album. Il est la première chose que je vois et qui peut me donner envie de l’écouter.

NicKo: As-tu encore des envies de projets solos ?
Dave Mustaine : Nope ! Trop de mauvaises expériences ! C’est fini pour moi.

NicKo: Parmi tout le répertoire de Megadeth, y’a-t-il des titres qui te font plus prendre ton pied sur scène ?
Dave Mustaine : Symphony Of Destruction ! J’adore voir la fosse partir dans un gros pogo ! Les gens connaissent les paroles c’est cool ! En plus l’avantage du festival c’est qu’il y a plein de nouveau gens ! Le public français a toujours été fidèle, même sur Risk que j’avais présenté comme quelque chose d’expérimental que j’aurais peut-être dur sortir en solo. J’avais beaucoup de pression à l’époque. C’était la fin des grands groupes de heavy. Il fallait soit aller underground soit se séparer et nous étions trop gros pour faire l’un ou l’autre. Nous nous avons choisit l’expérimentation. Et quand je regarde ma carrière, je me dis que l’époque de Risk est vraiment celle où je dois une explication aux fans, où je dois leur dire pourquoi j’ai fais ce choix. Je crois que c’est aussi pour ça qu’on m’apprécie parce que je suis honnête. Bien sur je peux être un vrai con et méchant mais je ne le suis pas de nature.

NicKo: Tout à l’heure tu parlais d’influences jazz et punk. Qu’est-ce qui tourne dans ton lecteur CD actuellement ?
Dave Mustaine : Houla ! Rien qui te plairait (rires) Que des vieux trucs. Et quand je suis à l’hôtel, en général je mets une chaîne musicale du coin qui diffuse dans la grande majorité des cas de la merde ! Mais de temps en temps tu tombes sur des trucs drôles qui sortent de l’ordinaire. Par exemple hier soir je suis tombé sur un clip de Fatal Bazooka (non non vous ne rêvez pas – ndr) et je regardais cette super nana danser et tout d’un coup ça devient un clip gay ! J’étais là « whow » mais ça m’a fait hurler de rire bien que je ne comprenne strictement rien ! Ca me fait d’autant plus rire que la plupart des gens croient que les métalleux ne rigolent jamais. Perso je crois que c’est nous qui nous amusons le plus ! On voit tout avec ironie et on rit de ces gens qui prennent tout au sérieux.

NicKo: Quel regard as-tu sur les médias en général ?
Dave Mustaine : C’est un mal nécessaire (rires). Ils critiquent les albums, les concerts les personnes… c’est quelque chose que tu ne peux pas prendre personnellement parfois à cause de la barrière de la langue, il y a aussi ce que les gens pensent que tu as dit… par exemple il y a quelques temps en Allemagne je suis retrouvé avec un gars qui n’a pas pris de note ni enregistré l’interview. Je suis allé voir la fille de Roadrunner Allemagne et je lui ai demandé si c’était normal. Elle m’a répondu que ça fait 25 ans qu’il bossait comme ça et que c’était un des meilleurs journalistes allemand. Il vaut mieux pour lui ! Ce que je déteste par-dessus tout c’est de voir mes propos déformés ! A un mot près, une phrase ne veut plus dire la même chose ! Je connais plein de gens dans les médias, certains m’ont trahi, d’autres m’ont vendu mais je ne leur en veux pas. C’est difficile d’être journalistes de nos jours. De plus je les range dans 2 catégories, ceux qui rapportent des faits et ceux qui rapportent des opinions. Avec le temps j’ai appris à repérer rapidement à qui j’avais à faire lors des interviews.

NicKo: Ca va là ? Je ne passe pas trop pour une buse ?
Dave Mustaine : (rires) Non non t’inquiètes pas !

NicKo: Bon ça va alors ! Merci Dave et bon concert !