Trivium avait fait sensation avec son premier album chez Roadrunner: Ascendancy. Après une ascention rapide et des tournées incessantes, les voilà avec un second opus intitulé The Crusade. Discussion au coin du feu avec un Corey Beaulieu, guitariste de son état, charmant garçon un chouilla soulé par les interviews et blasé qu’on lui dise qu’ils sont trop bons (sic).

Trivium - The Crusade

NicKo: Vous avez joué au Hellfest fin juin. Comment as-tu trouvé le festival?
Corey : C’était sympa. C’est la première fois qu’en France nous avions l’opportunité de jouer devant autant de monde. Les fois précédentes c’était dans de petites salles, là nous avons l’opportunité de gagner de nouveaux fans et c’est bien de pouvoir jouer devant un public de taille conséquente.

NicKo: niveau festival, Trivium a été à l’affiche de pas mal dont certains très gros, lequel te laisse le meilleur souvenir?
Corey : Sans doute la première fois que nous avons joué au Download Festival. C’était notre premier gros festival… on jouait sur la grande scène à 11h le matin devant 40.000 personnes… c’est typiquement le genre de concert où tu ne sais pas à quoi t’attendre et où ça devient exceptionnel! Tu fais un super concert, tout le monde est ravi. Sinon le Rock Am Ring cette année fut une bonne surprise. On ne savait pas trop où on allait et ça a été génial.

NicKo: sur The Crusade, votre style évolue. Avez-vous voulu amener l’album dans une direction précise?
Corey : pas vraiment, on a écrit au feeling, en tournée. On savait qu’on allait enregistrer dans quelques mois et qu’il nous fallait de nouveaux morceaux donc on s’est mis à composer sur la route et c’est venu tout naturellement. On n’a rien forcé. Le rendu studio est à peu de choses prêt ce qu’on a écrit lors du premier jet. On a fait assez peu de retouches.

NicKo: Qu’est-ce qui a changé entre cet album et le précédent selon toi?
Corey : le temps passé en tournée! Tu apprends énormément sur la route, tu changes, ta façon de voir les choses change, ta façon de faire aussi, tu te découvres de nouveaux centres d’intérêts. Les tournées c’est très formateur et révélateur, ça te pousse à te remettre en question. Tu te demandes si tu veux rester sur tes acquis et sortir un nouveau disque en réutilisant une formule qui a déjà fait ses preuves ou bien si tu vas tenter d’aller plus loin en tentant quelque chose de nouveau, de frais.
Ascendancy est un chapitre, il est désormais clot. Se sont 2 disques totallement différents et tu ne peux pas confondre les chansons qui en font partie et on ne se voyait pas jouer du Ascendancy toute notre vie donc on a fait évoluer les choses… on explore de nouvelles directions.

NicKo: à propos d’exploration, si je te dis que The Crusade c’est pour moi « Metallica meats Iron Maiden » avec un son moderne, tu en penses quoi?
Corey : Yeah! les 2 ont été de grosses influences pour nous. Ca nous arrive de reprendre de petites choses que l’un ou l’autre a utilisée. Si je te prends l’exemple des guitares harmonisées, tu vas tout de suite me dire « putain c’est du Maiden! ». Il y a toujours un truc qui te fait penser à un détail de tel ou tel groupe. Je te prends l’exemple de Maiden car eux l’utilisent énormément mais on a pas mal puisé dans le registre du thrash au niveau des riffs. On joue des choses inspirées par ces groupes mais on ne se permet pas de sortir des titres qui seraient complètement repompés sur qu’ils ont fait. On ne va pas réinventer la roue mais tout ça nous influence pour nous permettre de créer notre propre style.

(silence)

Mais j’avoue que quand je compose je me dis que j’aimerais bien faire du Maiden juste parce que ça tue (rires).

NicKo: Dirais-tu que The Crusade est un album plus technique que son prédécesseur?
Corey : Oui! On a clairement poussé la technique plus loin. Sur le chant, on a définitivement laché les hurlements. Rien que ça change ta façon de faire, ça t’oblige à faire plus mélodique car tu dois plus te soucier des notes que si tu as juste un mec qui gueule par-dessus un riff basique. On a aussi voulu faire un peu des 2. Passer de choses simples à des plans plus techniques pour travailler plus les arrangements sur le chant. Mais on ne va pas non plus rendre ça insipide en en faisant trop et que tu ne comprennes plus ce que tu écoutes. D’un autre côté, c’est naturel pour nous de composer des morceaux de ce genre là donc on n’a pas l’impression de repousser nos limites techniquement. Mais je suis d’accord pour dire qu’à l’oreille, comparé à nos morceaux d’avant ça sonne plus dense musicalement.

NicKo: Puisqu’on parle technique, Matth et toi êtes plutôt doués, voir très doués si on tient compte de votre âge. Comment avez-vous acquis ce niveau?
Corey : C’est beaucoup, beaucoup beaucoup d’entrainments et de répétitions. Quelques cours aussi… et puis surtout apprendre à jouer les chansons d’autres groupes comme Slayer, Iron Maiden, Metallica, Megadeth. Tous ces groupes qui nous ont influencés, apprendre leur chanson m’a aidé à jouer de la guitare et c’est grace à cela que je joue comme je joue maintenant. En apprenant du Megadeth, tu te construits un bagage que tu n’atteindrais peut-être jamais si tu jouais du Blink 182 ou du Green Day. C’est de la musique très complexe, très précise, ça t’oblige à être très rigoureux et ça te permet d’atteindre un certain niveau. Ceci dit il n’y pas de quoi s’extasier devant nous, beaucoup de gens sont meilleurs que nous et on tâche de s’intéresser à tous ces musiciens qui repoussent les limites de leur instrument. Ca nous permet d’apprendre encore et encore et le must c’est quand on arrive à incorporer un peu de ça dans notre musique.

NicKo: C’est bien tu me fais mes enchaînements!
Corey : Ha ha je lis dans ton esprit (rires)
NicKo: Matth et toi jouez sur des guitares Dean et plus précisément sur des modèles Signature Dimebag Darrell. Fait-il parti de ces gens dont tu parlais qui vous ont grandement influencé?
Corey : Ho que oui! On est tous de très grands fans de Pantera. Travis cite souvent Vinnie Paul comme référence pour son jeu de batterie et on a tous bouffé du Pantera! Pour moi ce mec avait un son et un style unique que je n’ai jamais retrouvé ailleurs. Il a trouvé pleins de petits trucs que peu de gens dans le métal et dans la musique en générale ont fait ou utilisé. Et puis ce son vraiment à part… de manière générale la façon dont il a exploré la façon de jouer de la guitare est quelque chose qui nous inspire beaucoup.

NicKo: Comme tu l’as dit, vous avez passé énormément de temps sur les routes avec beaucoup de grands noms. Y’a-t-il encore un groupe avec lequel tu aimerais partir en tournée?
Corey : j’attends avec impatience la tournée de cette automne avec Maiden. C’est un rêve qui devient réalité… (d’un coup il y a les yeux qui brillent comme un gosse avec un nouveau jouet) et puis cet été nous avons fait quelques dates avec Metallica, ça a été génial. Mais j’avoue que, quelque soit l’endroit du monde où ça aurait lieu, faire une tournée entière avec eux se serait génial… tourner aux USA, dans ton pays, venir jouer dans ta ville devant ta famille et tes potes avec Metallica… Whoua! Une tournée avec Megadeth me tenterait également beaucoup. Slayer aussi… juste un show avec un de ces groupes se serait génial! Mais une tournée se serait grandiose. Peu importe où on serait sur l’affiche, même tout en bas je m’en fous mais j’aimerais vraiment beaucoup tourner avec tous ces groupes qui font partie de mes influences.

Corey Beaulieu

Corey Beaulieu

NicKo: tu n’as pas peur de la tournée avec Iron Maiden? Leur public n’est pas réputé facile.
Corey : Ho que non! On va y aller, faire notre truc, leur en foutre plein les yeux et envoyer un bon gros set de métal! Et puis soyez ouvert d’esprit, écoutez-nous! Si vous n’aimez pas tant pis! On demande juste une chance de faire nos preuves. C’est pour ça que je n’ai peur d’ouvrir pour personne! Bon après je ne dis pas que je ferais la première partie des Stones car je doute que le public soit prêt à entendre un groupe de thrash avant Keith Richards mais peu m’importe, surtout si c’est en première partie de Judas Priest ou Metallica.

NicKo: est-ce que tu composes d’autres morceaux en dehors de ceux que tu fais pour Trivium?
Corey : Ca m’arrive. Avant de rejoindre Trivium j’ai beaucoup écrit et je gribouille encore quelques riffs par-ci par-là quand j’ai le temps mais Trivium me prends tellement d’énergie que je n’ai pas vraiment l’occasion de me concentrer sur autre chose. De plus avec Trivium, quand on a finit d’enregistrer, on se met en mode « je ne compose plus » et on profite de ce qu’on a écrit. Je n’ai pas envie de composer pour composer, de me forcer à faire des choses. Ma priorité c’est Trivium… ceci dit j’aime bien poser de temps en temps 2 ou 3 idées en fonction de l’humeur du moment mais rien qui justifie le fait de les ‘enregistrer.

NicKo: OK! Et une petite dernière pour la route. Quel est le truc le plus bête que l’on t’ait demandé en interview?
Corey : le truc le plus bête… Houuuu ça c’est dur comme question!

(instant de silence)

En fait, j’ai la chance de ne pas avoir eu droit à des questions vraiment idiotes mais il y a des choses qui m’énnervent prodigieusement comme les gens qui font une interview sans avoir la moindre idée de qui tu es et de ce que tu fais. Le gars qui débarque en te demandant de quel instrument tu joues, t’as juste envie de lui dire d’aller se faire voir! Dieu merci ça se produit de moins en moins mais des fois ça me fait enrager (rires).

Merci à Corey pour son temps ainsi qu’à Roadrunner France.