Il est des disques dont on attend la sortie tout en sachant pertinemment qu’elle peut très bien ne jamais avoir lieu. Ce nouvel album de Body Count fait parti de ces albums que j’attendais sans trop y croire. Pourquoi? Parce qu’Ice T fait l’acteur (avec succès il est vrai) et que 40% du line-up est 6 pieds sous terre. Avouez que ça réduit quand même pas mal les chances de voir un jour un nouvel album débouler chez les disquaires… et pourtant.

Pour mémoire Body Count fait parti de ces groupes précurseurs qui ont mis du rap dans leur rock… ou du rock dans leur rap (peu importe en fait) il y a près de 14 ans de celà.

Body Count - Murder 4 Hire

Si à l’époque le mélange avait été détonnant, il est de nos jours courant. BC s’était pourtant démarqué de ses petits copains avec un look typé gangsta, des paroles du même tonneau et une influence clairement typée métal bas de gamme. Pourtant ça le faisait, et ça le faisait même grave. Les années passant, BC affine son style et trouve ses marques au travers d’albums de plus en plus métal où la seule trace des origines était le phrasé hiphop si caractéristique de l’ami Ice. Aprés un troisième album, Violent Demise, accouché dans la douleur – Beatmaster V, batteur original de la formation, décède d’une leucémie peu de temps après la sortie de l’album. Et c’est ensuite D-Roc, un des guitaristes, qui est abattu près de chez lui. Reste donc Ice et Earnie C, les 2 cerveaux du groupe pour composer Murder 4 Hire. Et force est de constater que le duo a perdu la vista qui était la sienne lors des précédents albums.

Quelle idée? Mais quelle idée ont-ils eu de vouloir faire des riffs hachés (à chier?) avec un phrasé rap « moderne », comprendre un phrasé au flow qui ne tient aucun compte de la rythmique. Déjà que les rifs ne sont pas inspirés, alors les rythmiques basiques avec les paroles clichéesques par-dessus, on frôle la nullité quasi absolue.

Non le coeur n’y est plus, même les paroles d’habitude bien péchues et rentre dedans ne sont plus que l’ombre d’elles mêmes. Alors on prend son courage à 2 mains et on s’envoie tout le disque, espérant une éventuelle bonne surprise et peut-être une accélération du tempo. Car oui non seulement c’est pas terrible mais c’est horriblement lent! Avec The Passion Of Christ, on se met à y croire… environ 10 secondes. Il faut attendre la chanson titre pour avoir un semblant de réaction. Pendant un titre, on retrouve le BC qu’on a connu et aimé. Avec son style typé vieux heavy, ses soli et son Ice déchaîné avec des paroles qui tiennent à peu près la route. Pour le coup on a presque l’impression que la chanson est une vieille compo qu’on a décidé de dépoussiérer pour la mettre sur le disque. Oui pendant 3 minutes 28 la flamme s’est rallumée dans mes yeux! Oui j’y ai cru. J’y ai même cru pendant 3 minutes 36 supplémentaires avec Down In The Bayou. Reprenant l’idée de la chanson à ambiance comme ils l’avaient fait avec Voodoo sur l’éponyme. BC réussi son coup avec l’ajout d’un harmonica en fond et surtout avec la présence d’une ligne de basse on ne peut plus juste. Comme quoi quand ils veulent… Pour le reste, même si le tempo augmente, on stagne dans une médiocrité latente des plus pénibles malgré un léger mieux global.

Reste à parler du dernier sujet sensible: la prod. Autant vous dire qu’elle est du niveau de l’album. C’est à dire d’une platitude assez extraordinaire! Quant au mixage il est juste calamiteux. La batterie sonne… ou plutôt ne sonne pas, les guitares sont aux abonnées absentes et quand la lead fait une apparition, on a l’impression qu’elle a été enregistrée dans une pièce à l’acoustique minable avec un micro merdique poser dans l’angle opposé. Le chant est quant à lui bien trop en avant et couvre tout le reste, les chœurs sont entre 2 eaux et seule la basse tire à peu près son épingle du jeu, et encore sur certains titres uniquement.

Il est des disques dont on attend la sortie tout en sachant pertinemment qu’elle peut très bien ne jamais avoir lieu. Celle-là n’aurait clairement jamais du avoir lieu! Et pourtant dieu sait que je suis fan de BC!
Il est étonnant qu’un label ait financé un tel navet et pire encore, qu’il lui ait trouvé une distribution! Non sérieux Ice, retourne faire le détective dans Law & Order: SUFV, t’es bien meilleur et laisses BC mourir de sa belle mort, le monde ne s’en portera que mieux.