Avec son treizième album, The Project Hate avait atteint les sommets avec un album absolument incroyable. Est-ce que le quatorzième en est le digne successeur?

Purgatory fut une énorme peignée. Tout y était parfait. Donc quand ce bon Lord K annonce le crowdfunding de Spewing Venom Into The Eyes Of Deities (à vos souhaits) peu de temps après la sortie de Purgatory, je suis à la fois content et très circonspect. En effet lorsque deux albums de TPH se suivent de trop près, en général le second est un cran en dessous.

The Project Hate MCMXCIX - Spewing Venom Into The Eyes Of Deities

C’est exactement ce que j’ai ressenti à la première écoute. Pour tout dire je ne suis même pas aller au bout du second morceau. Pour écouter TPH il faut être dans le bon état d’esprit, la musique est tellement complexe qu’on ne se met pas ça en bagnole pour partir en week-end. Bref je l’ai laissé reposé 2 bons mois avant d’y revenir. Riche idée que j’ai eu.

Si fondamentalement, on ne change pas une équipe qui gagne – que ce soit le line-up ou l’équipe aux manettes, dans la musique ça évolue par touche subtile. Les morceaux sont toujours démesurément longs, les breaks sortis de nulle part, des passages dissonants et surtout « that muthafucken bass sound ». Du coup qu’est-ce qui change? Une légère accentuation d’un tournant entamé sur Purgatory à savoir une accentuations des orchestrations symphoniques. Franchement, si Lord K se mettait à faire du sympho avec des morceaux un chouilla plus cours, le mec serait le roi du pétrole (j’ai la sensation d’avoir déjà écrit quelque chose de similaire à propos de l’album précédent).

Cependant là où Spewing Venom Into The Eyes Of Deities pêche un peu par rapport à son illustre prédécesseur, c’est dans la fluidité. Le propos avait été légèrement simplifié sur Purgatory avec des riffs aguicheurs, ici Lord K est revenu à ses plans alambiqués. De même, au niveau du tempo. Si les ambiances lourdes sont toujours aussi réussies, l’alternance avec des passages plus rapides les rend un peu insipide. Prenons Purity par exemple. Si on oublie le passage Eurodance avec du vocoder au milieu, on a la sensation que les passages lents sont un peu les élastiques d’un lance pierre qui serviraient à mettre sur orbite les passages plus rapides. Et puis d’un coup PAF, l’élastique casse et on revient à un tempo plus lent. Certes ce n’est en soi pas une nouveauté chez TPH mais c’est ici particulièrement flagrant. Et franchement PH ce n’est jamais aussi bon que quand Verbeuren sort la boîte à baffes avec Jörgen Sansdtröm qui hurle par-dessus.

Autre exemple Ascencion. Le titre a des moments de génie – notamment dans les 5/6 dernières minutes mais que c’est compliqué pour arriver jusque là. C’est vraiment en ça que Spewing Venom Into The Eyes Of Deities est un cran en dessous du mètre étalon Purgatory. Des plans aussi redoutables que géniaux sont en quelque sorte « gâchés » pas ce besoin de toujours en mettre plus. Je ne m’étendrai pas plus sur le sujet car je crois avoir déjà assez disserté sur le sujet dans les chros faites sur le groupe.
Une précision cependant, j’en suis à couper les cheveux en 4 sur un groupe qui produit de façon quasi ininterrompue depuis plus de 20 ans des albums originaux aussi bien sur le fond que la forme et qui, soyons honnête, n’ont fait que se bonifier avec le temps.

Avec Spewing Venom Into The Eyes Of Deities, TPH se réinvente encore et toujours par petite touche. Lord K est toujours ce malade pathologique qui peaufine jusqu’à l’absurde son bébé. Néanmoins, même si c’est toujours aussi chiadé, c’est un poil en-dessous de la masterclass qu’est le précédent album.
Moralité. Vous aimiez avant? Vous aimerez une nouvelle fois. Vous n’aimiez pas? Ce n’est pas ce disque qui va vous convertir. Vous connaissez pas? allez tester Purgatory avant de vous attaquer à celui-ci.

PS: Jörgen Sansdtröm est toujours la meilleure voix Death de la scène Metal.