Est-ce que Slipknot va être en mesure de nous refaire le coup de l’album précédent et débouler avec un disque solide que personne n’attendait aussi bon?
La réponse maintenant.

A l’écoute des premiers extraits, difficile de dire que l’excitation était là. Donc autant vous dire que l’écoute de The End, So Far s’est faite avec une certaine appréhension.

Slipknot - The End, So Far

Adderall est un choix pour le moins osé en ouverture. Très osé même. L’exécution est parfaite et l’effort mérite d’être saluer bien que la tonalité globale du morceau ne soit pas ma tasse de thé. The Dying Song … que dire? Qu’on crève à petit feu en l’écoutant?

Arrivé à The Chapeltown Rag, troisième chanson de l’album, les craintes semblent se confirmer. The End, So Far semble prendre le même chemin que The Gray Chapter, à savoir une sorte de poulet sans tête qui court partout sans réel but. La chanson en soit n’est pas mal mais est plombée par ce chant clair.

Après une Yen assez quelconque arrive Hivemind et là… l’espoir reprend. Ca s’énerve enfin pour de bon. Le riff découpe, Weinberg offre des plans franchement sympas et Venturella a des lignes de basse plutôt cool. Pour le coup le refrain très (trop) mélodique fait le job. Un grand oui! C’est également un grand oui pour Warranty! Les choeurs, les arrangements, la rythmique façon dinosaure qui défile un 14 juillet, tout fonctionne du feu de dieu. Pour du Slipknot comme ça, « tu dis combien coco y paie ».

Avec Medicine For The Dead, retour au chant clair à outrance. Cependant le plus intéressant avec ce morceau est son écriture. Auparavant le groupe avait une façon bien à lui d’articuler ses chansons et de les structurer. Ici on entend beaucoup de plans et d’arrangements qui font penser tantôt à Megadeth tantôt à KoRn. De même Warranty avait un passage très « faithnomoresque ». C’est vraiment la première fois qu’on l’entend aussi clairement l’influence d’autres groupes dans la musique de Slipknot. Intéressant aussi que cela arrive aussi tardivement dans leur carrière.

Arrive ensuite avec Acidic la séquence « cafouilli bazar » où on met plein de trucs ensembles et puis on voit ce que ça donne. Ce petit riff tout droit venu du froid donne un peu d’espoir avant qu’on ne parte dans un délire Post Rock/Stoner très enfumé. Pas désagréable mais pas de quoi s’exciter non plus.
En parlant de s’exciter, le choses s’agacent un peu avec H377 (H377 <=> Hell pour ceux qui ne l’avaient pas). Oui ça s’énerve mais c’est tellement générique que rien ne s’en dégage. De Sade a quelques bons moments lorsqu’elle arrête de faire du Stone Sour et Finale met un point final à ce (presque) supplice.

Globalement The End, So Far sonne bien, on entend tout le monde et surtout pour une fois on entend bien la basse. Je ne suis toujours pas client du son des guitares mais c’est le style maison donc il faut faire avec. Weinberg semble enfin faire son trou à la batterie. Le résultat est plus digeste et les morceaux n’en sont pas moins intense et/ou efficace. Gros progrès à ce niveau là. Quant « au reste », percus, samples etc. c’est là parce que ça doit l’être.

Slipknot continue d’évoluer, d’explorer de nouveaux horizons musicaux. Les membres du groupe ont choisi de le faire également au travers de projets autres que Slipknot et c’est très bien. Dommage que la porosité entre tous ces projets soit aussi importante et qu’au final cela finisse par nuire à ce qui fait que Slipknot est Slipknot. Ou était Slipknot. Sans parler du facteur âge. A 50 ans on n’a plus forcément l’envie et l’énergie pour s’exciter comme à 25/30.

Néanmoins, se pose la question de savoir ce qu’ils ont voulu faire avec cet album. Après The Gray Chapter, on se retrouve encore une fois face à un disque un peu bâtard entre du Slipknot sous Skénan et du Stone Sour sous ecsta. La sauce ne prend jamais vraiment quand est fait le cocktail des 2 mais lorsqu’ils sont pris indépendamment, ça le fait plus ou moins (plutôt moins). Je reste malgré tout peu convaincu par la proposition globale de The End, So Far. Pour faire un bon mot, je dirai que la fin de Slipknot n’a jamais été aussi proche – artistiquement s’entend.

Bref aujourd’hui Slipknot n’est plus 666. Tristitude.