Cinq de silence et revoilà les Deftones. Pour le meilleur et rien que pour le meilleur?
Mettons les choses au point, la musique de Deftones, aussi qualitative soit-elle, ne m’intéresse plus. L’orientation post rock prise par le groupe depuis quelques années y a contribué. L’évolution de mes goûts perso aussi. Alors pourquoi y revenir? La curiosité ma bonne dame. Est-ce qu’en 2025, Deftones peut encore me mettre une claque à sa façon?
Car il n’y a pas que moi, le paysage dans lequel évolue le groupe a lui aussi changé. Sans même remonter aux années Nu Metal, le monde a changé depuis Ohms en 2020. Autant dire que Chino Moreno et sa bande ont une marge de manœuvre pour le moins réduite car il faut plaire à la fois aux fans historiques, ceux qui ont survécu aux années nu metal, et à la nouvelle génération, qui pense que Deftones est un filtre Instagram avec des guitares tristes.
Surprise, dès My Mind Is a Mountain, on se dit que oui, la anciens en ont encore sous la pédale. Le riffing massif typique de Carpenter est là, et Chino flotte au-dessus de tout ça, éthéré comme à ses plus beaux jours. Le trop souvent sous estimé Abe Cunningham cogne sec, Fred Sablan (dernière recrue en date) assure une basse plus qu’honnête, et tout ce petit monde déroule ce fameux jeu de tension/détente que Deftones maîtrise mieux que quiconque. On passe ainsi de moments presque dansants (Locked Club) à des plages rêveuses et aériennes (Infinite Source), avant de se faire emporter par des structures plus alambiquées sur Souvenir et Departing The Body. Bref, Deftones sait encore surprendre.
Côté prod, le mixage est tellement propre qu’on pourrait presque sentir la poussière sur les cordes de Carpenter. Chaque fréquence trouve sa place, chaque instrument respire. Sur Ecdysis, la basse et la batterie ouvrent la danse avant que guitare et voix ne s’invitent, sans jamais tout bousiller. De la grande orfèvrerie. Mention spéciale à Cut Hands, où Chino redevient ce poète furieux qu’on adore entendre s’énerver comme s’il réglait ses comptes en studio. Mais Private Music sait aussi se faire beau gosse. I Think About You All The Time joue la carte du romantisme noisy .
Une fois l’écoute terminée, on réalise qu’on vient d’entendre un album hypnotique, dense, élégant, presque trop parfait. Private Music n’est pas juste un retour – c’est un rappel à l’ordre. Parce que quand Deftones fait du Deftones… ben c’est toujours Deftones donc toujours a des années lumières au-dessus de la mélée, et c’est très bien comme ça.
Mais ce n’est plus pour moi.



