Voila une des raisons pour lesquelles j’adore le Japon: la schizophrénie générale qui règne là-bas.
D’un côté, tout est cadré, millimétré, à l’heure et dans le respect des traditions tout en étant au top de la modernité.
De l’autre, il y a la face cachée qu’ils rechignent à montrer où ça part totalement en vrille, où ils sont capables de tout (du meilleur comme du pire) et qui régulièrement accouche de trucs improbables.

IRONBUNNY est le dernier avatar musical de cette schizophrénie générale. Franchement, dans quel autre pays que le Japon un guitariste surdoué déguisé en lapin cyborg venu de l’an 2300 peut monter un groupe avec 3 chanteuses pour sauver le monde la musique numérique avec du Hard Rock ? Je n’invente rien, c’est la bio officielle du groupe. Ils osent même « ton look n’a aucune importance dans le Rock n’ Roll » quand le mec qui focalise toute l’attention porte une putain d’armure avec des LEDs!!!

Bref, ça dit quoi musicalement? Là où tout le monde va automatiquement faire le lien avec Babymetal, le seul vrai point commun des 2 groupes est – en dehors du moment « what ze fuck » en les découvrant – sont les 3 chanteuses. Point.
Babymetal mélange avec plus ou moins de bonheur de la J-Pop ultra kawaii a du gros Metal contemporain bouffant allègrement à tous les râteliers, IRONBUNNY fait preuve d’un plus de sagesse/audace (question de point de vue) en tapant dans un Hard Rock aux forts relents de Californie de la fin des années parfois teinté de Heavy à la papa. Si en écoutant le cyborg shredder vous me dites que ça vous fait penser à du Styper ou du Dokken, vous ne serez sans doute loin de la vérité. Histoire de bien s’encrer un peu plus dans la période, il suffit de regarder quelques uns des invités sur le disque: Warren DeMartini (Ratt, Whisnake, Glenn Hughes) et Doug Aldrich (Dio, Whitesnake, Glenn Hughes). Ok ce n’est pas le haut du panier mais ce ne sont pas non plus des manchots.
Comme c’est japonais, inutile de vous dire à quel point ça sonne bien à l’oreille. C’est même presque trop tellement c’est propre.
Comme c’est japonais il est aussi évident que les quelques passages chantés en anglais sont une abomination (touainis’riiiiiii <=> twenty three) mais les nanas chantent juste et tiennent les notes. Je n’ai pas pris la peine de traduire les paroles mais j’imagine qu’on laboure les champs tellement ça vole bas.
En fait, le vrai intérêt du groupe est au niveau de la guitare. Le mec est « simplement » brillant. Le riff est catchy mais efficace, le solo est technique mais musical. Sérieusement, il y a un passage sur E.I.B. avec un solo sur un couplet: du bonheur. L’intro à la guitare sèche de l’instrumentale Twin Flavor est aussi surprenante que bienvenue dans son approche avec un motif qu’on gardera en rythmique avant le déluge de notes du solo et le retour de la sèche pour un petit solo bien senti.
Un mot aussi sur la section rythmique. Clairement les 2 ne sont pas mis en avant comme ils le mériteraient parce que ça déconne zéro. Le batteur sort quelques petits plans de derrière les fagots auxquels il faut prêter l’oreille mais quand on les a accroché, on se rend compte quel le mec taquine sévère. Idem à la basse.

Est-ce qu’on aurait parlé du groupe si il n’y avait pas eu un ersatz de Patlabor/Gundam/Mazinger/Sentai (rayé la mention inutile) à la guitare?
Au-delà du gimmick visuel, ce que propose IRONBUNNY est très bien fait. Les morceaux sont vraiment bien foutus, ça varie les plaisir, ça s’écoute tout seul et c’est tout ce qu’on demande.
Pour un premier essai, ce mini album est vraiment très convaincant. Un groupe que j’irai voir en concert avec plaisir/curiosité.