Il aura donc fallu 6 ans à Slipknot pour sortir le successeur du très discutable .5: The Gray Chapter. 6 années parsemées de pause, de projets divers et variés et bien entendu de dramas dont seul le groupe de l’Iowa à le secret.

Résumons ses 6 années en quelques événements marquants: des tournées à rallonge pour un groupe qui n’a rien de nouveau à proposer, un nouvel album de Stone Sour suivi par une tournée, Mick bourré qui poignarde son frère et enfin l’inévitable drama suivant le départ d’un membre. Souvenez-vous en 2014, quand l’identité des nouveaux bassiste et batteur filtre, le clown se fend d’une remarque tout à fait sympathique en disant qu’ils ne seront jamais de vrais membres de Slipknot. Sympa pour eux mais on imagine facilement que si ils sont encore là c’est la soupe est bonne. Bref, en 2019 on remet le couvert du « nouveau membre mystère » (aussi connu sous le nom de « tortilla man ») avec l’éviction de Chris Fehn pour une histoire de gros sous.

Artistiquement parlant, sorti du live Day of the Gusano: Live in Mexico sorti en 2017, ce fut silence radio jusqu’au 31 octobre 2018 quand le groupe a sorti le morceau All Out Life, prenant tout le monde de court. Bien que la chanson ait pour refrain We Are Not Your Kind, elle ne figure pas sur l’album. Un choix curieux justifié par Corey en disant que ce morceau n’avait pour but que se rappeler au bon souvenir des fans. Soit. Sauf que c’est bien dommage car il eut été sage de l’inclure et de virer (au hasard) A Liar’s Funeral.

Mais commençons par le commencement: réjouissez-vous! Le Slipknot nouveau est arrivé et il est… meilleur que le précédent! Bon ok en soit ce n’était pas bien compliqué, n’empêche qu’on était en droit de craindre le pire vu la direction musicale prise par le groupe depuis All Hope Is Gone voir Vol.3 si on est vraiment défaitiste. A trop vouloir faire du clonage de Stone Sour, il était temps que les mecs se souviennent que Slipknot c’est censé être méchant. Genre beaucoup plus méchant. Et dieu merci, il semble qu’ils s’en soient souvenus. Un peu.
Insert Coin est probablement la meilleure intro d’album qu’ils ont pondu depuis 515 sur Iowa. Le disque attaque ensuite avec le single Unsainted. Du Slipknot pur jus, classique efficace qui met déjà en évidence plusieurs choses. La qualité de la prod, on en attend pas moins d’eux me direz-vous. Autre point: le mixage qui lui me paraît déjà un peu plus discutable. Certes on entend tout le monde mais les percus me semblent bien loin dans tout ça, quant aux samples il est difficile de dire qu’ils sautent aux oreilles. Enfin dernier détail, une chose qui m’avait déjà fait tiquer sur le disque précédent: le manque de personnalité de Weinberg à la batterie. Il en fait moins des caisses que son prédécesseur mais certains plans/coups de cymbales sont tellement prévisible que s’en est consternant – et c’est encore pire si c’est une figure imposée par le cahier des charges – ce qui ne m’étonnerait même pas. Passons.
Sur Birth Of The Cruel, on retrouve du Slipknot a ambiance sale. Pas autant qu’à l’époque mais ça chatouille un peu quand même dans le bas du dos. L’espoir d’avoir un disque avec du poil aux pattes est bien présent. Il se renforce même à l’écoute de Nero Forte, sans doute le meilleur titre de l’album avec la rythmique façon mammouth et un Corey très teigneux au micro. Ce qui permet de faire passer la pilule des choeurs cul cul. Mais ouais, ENFIN! Là on discute. Critical Darling conforte cette impression de retrouver le Slipknot qui casse tout malgré encore et toujours des refrains en chant clair qui me hérissent le peu de cheveux qui me reste. Quand soudain, tout bascule dans l’horreur.

A Liar’s Funeral.
Le morceau est chiant et plombe le disque. Ca passe chez Stone Sour mais pas chez Slipknot. Idem pour Not Long For This World, My Pain et Spiders – à ceci près que ce titre permet à un guitariste (probablement Jim) d’expérimenter un peu, idem au niveau de la basse avec une tentative intéressante. Quant aux interludes Death Because Of Death et What’s Next, ils sont dispensables.
Reste Red Flag qui tartine sévère mais sent très fort le déjà vu sur le couplet niveau riff/rythmique (ça sonne Disasterpiece comme pas permis). Orphan fait aussi du clonage avec un riff copier/coller sur celui de People=Shit. Néanmoins ça envoie du poney et putain oui! C’est ça qu’on veut! A ranger à côté de Critical Darling et Nero Forte dans les réussites du disque.
On retrouve aussi les défauts inhérents aux dernières sorties du groupe, comme par exemple quelques chansons trop longues d’au moins 30 secondes mais bizarrement, sur We Are Not Your Kind cela se remarque moins que sur les albums précédents.
L’album se conclue sur la très classique et néanmoins efficace Solway Firth. Ce regain d’énervement dans les compos fait plaisir à entendre, enfin Slipknot semble redevenir ce qu’il a été. J’aime à croire que le départ de Jim de Stone Sour a été salvateur sur ce point.

Sur les 14 chansons de We Are Not Your Kind , il y en a au moins la moitié que je mettrais dans une playlist du groupe. C’est pour moi inespéré tant j’avais fait une croix sur ce groupe depuis Vol.3.
Bien entendu, le disque n’est pas exempt de reproches mais comme ce sont plus ou moins les mêmes que je formule depuis Vol.3 (quelle surprise), il est inutile de s’attarder dessus. A ce stade je suis simplement heureux de voir Slipknot retrouver un peu de poil de la bête et revenir à quelque chose d’un peu plus organique, plus proche de ce qui a fait sa renommée.