Que se passe-t-il quand t’as déjà mis tous les potards à 11 sur l’album d’avant et que tu dois en sortir un nouveau ? J’en sais rien, mais visiblement Lorna Shore a une idée sur le sujet.

Les petits gars du New Jersey ont dû faire face à un défi que pas mal de groupes ont affronté avant eux : donner une suite à un album qui a fait l’unanimité. Car Pain Remains est sans doute un des plus grands albums de deathcore de tous les temps, si ce n’est le plus grand. Rien que ça.

Lorna Shore - I Feel The Everblack Festering Within Me

Se sachant attendus au tournant, Will et ses petits camarades ont pris le parti de faire pareil, mais différent. Pour le pareil, on garde le style maison lorgnant vers le black. Pour le différent, on booste l’aspect sympho. L’idée du concept album est conservée et, comme le deathcore est une musique où la joie de vivre et la gaieté sont prédominantes, on va parler mal-être, folie, destruction et autres joyeusetés.

Une autre des sages décisions prises par le groupe a également été de ne pas chercher à en faire toujours plus côté son, en termes de lourdeur. Un énorme progrès a été réalisé dans le mixage et le mastering de l’ensemble. Tout est lisible malgré l’abondance d’informations qui est déversée. Que les puristes se rassurent, la double pédale en mode mitrailleuse est toujours là et les breaks font toujours trembler les murs.

Côté compos, on sent aussi qu’il y a eu un travail pour les rendre plus faciles à suivre. Lorna Shore aimant bombarder l’auditeur, on décèle désormais plus aisément le fil conducteur au sein de chaque titre, ce qui permet de s’y retrouver un peu mieux dans ce qui sort des enceintes. C’est particulièrement flagrant sur la seconde moitié de l’album.

I Feel The Everblack Festering Within Me propose aussi une intéressante dichotomie dans la musique de Lorna Shore. Jusqu’à Lionheart, chaque titre est paré de ses plus beaux atours symphoniques. Ensuite, on range les violons et on tabasse. Ces deux faces de l’album symbolisent intelligemment la schizophrénie qui fait partie des nombreux thèmes abordés dans le disque.

C’est aussi sur cette seconde moitié que figurent, pour moi, les titres les plus marquants. A Nameless Hymn, qui navigue entre les influences cinématographiques pour les orchestrations et Behemoth pour certains riffs, est un chef-d’œuvre de brutalité. La bien nommée War Machine a un petit relent de la bande-son de Doom, jeu cher à mon cœur. Je crois que je pourrais m’envoyer tout un album de morceaux dans ce style-là.

Comparer Pain Remains et I Feel The Everblack Festering Within Me a finalement peu de sens. Les deux sont du pur Lorna Shore, mais en représentent des facettes différentes. La plus intéressante de ces facettes étant, à mon sens, celle qui est encore à venir, tant il semble évident que Will Ramos et ses compères sont des précurseurs et vont continuer d’explorer de nouvelles directions.