Korn fait parti de ces quelques groupes au monde qui n’ont plus rien à prouver, qui peuvent à peu près tout se permettre artistiquement et qui ne s’en privent pas. Après See You On The Other Side qui avait dérouté pas mal de monde par sa direction artistique pour le moins inattendu, on peut dire qu’Untitled est plus qu’attendu au tournant par les fans et par les détracteurs du groupe qui font chauffer les lances flammes.

Et bien vous savez quoi ? Rangez donc vos lances flammes les enfants. Non Korn ne revient pas aux sources ? Pour quoi faire d’ailleurs ? D’album en album le groupe mue et évolue tant dans sa musique que dans sa composition, perdant lors de cette étape encore un membre important puisque ce n’est ni plus ni moins que la groove machine David Silveria qui est parti. Perte importante donc puisque Dave est à mes yeux le seul batteur au monde avec le touché approprié pour jouer correctement les morceaux de korn. Du moins c’est ce que je pensais jusqu’à l’écoute du disque. En effet, Davis et sa bande se sont adjoint les services de ni plus ni moins que Terry Bozio – batteur de légende si il en est puisqu’il a joué avec Frank Zappa. Et donc ce cher Terry apporte une toute nouvelle approche et un son tout nouveau aux compos de Korn et il faut reconnaître que le rendu final est plutôt bon. Il faut également préciser que le Korn de 2007 n’a plus rien à voir avec celui de 1994.

Korn - Untitled

Le virage tendance électro/pop/new wave/ce que vous voulez entamé sur SYOTOS est ici plus abouti. On sent un groupe qui maîtrise mieux son sujet et qui semble ne plus tâtonner pour faire évoluer sa musique. En témoigne une intro façon fête foraine tendance lugubre qui part sur un titre rythmé mais qui malgré ses sonorités inhabituelles sonne quand même typiquement kornien. On trouve tout au long du titre tout un tas d’arrangements et de bidouillages qui confèrent une ambiance presque malsaine à l’ensemble. Ce schéma est repris de diverses façons sur plusieurs titres de l’album, en réussissant le tour de force de ne jamais se répéter. Jouant sur les tempos (Starting Over), la lourdeur des ambiances (Do What They Say), les riffs (Ever Be) ou bien juste sur la voix de Davis – qui n’a jamais été aussi bien maîtrisé (Ever Be toujours). On relèvera aussi la présence d’un ovni répondant au nom de Bitch We Got A Problem. Je parle d’ovni car ce titre pourrait sortir directement des chutes de studios d’un des premiers albums de Marylin Manson tant on y retrouve des éléments de la musique de ce dernier : grosse ligne de basse saturé, break déstructuré, rythmique de batterie au tempo décalé, chant haché, riff de guitare sur le refrain à la sonorité qui renvoie directement à l’univers musical mansonien. En un mot : une perle. A l’inverse, vers la fin de la seconde moitié du disque, le groupe se perd dans des compos pas toujours heureuse dont on prie pour voir un jour la fin. Pour le coup ça gâcherait presque le plaisir que l’on a pu prendre sur le début de l’album… Pour être très honnête, j’ai fait le test en l’écoutant avec plusieurs personnes et la plupart ont reconnu que les 4 dernières chansons furent un supplice. Sans parler de celle qui sont partis en courant dès la fin de l’intro. Bref vous l’aurez compris, une fois passée le 6 ou 7ème titre, on commence à trouver le temps long.

Voila, ça c’est pour la partie musicale, pour la partie technique, si vous vous doutez bien qu’il n’y a pas grand-chose à dire puisque nous parlons de Korn et que se sera forcément aux petits oignons, on peut néanmoins s’intéresser à l’interprétation. En effet, la seule et unique guitare restant, celle de Munky, nous propose des riffs bien plus travaillé que ce à quoi Korn nous avait habitué. De plus, le groupe semble avoir abandonné le son qui laboure au profit d’un son, certes lourd, mais moins gras. Du coup, on y gagne en lisibilité et les titres, déjà très dense, n’en sont que plus agréables. Idem pour la basse, exit le slap au profit d’un son plus rond, moins lourd et pourtant la basse se fait bien sentir.

Au final, cet album sans nom nous éclair un peu plus sur le chemin musical prit par Korn. Le groupe continue son évolution et semble plus ou moins suivre les aspirations musicales de son leader. Un choix qui a dérouté, déroute et n’a pas fini de dérouter les fans de la première heure et il faudra, à eux comme aux autres, une certaine ouverture d’esprit pour suivre le groupe dans ses nouvelles pérégrinations musicales.

Mais il faut reconnaître à Korn le mérite de ne jamais prendre le chemin de la facilité et bien que j’adhère de moins en moins à l’œuvre du groupe, force est de constater que ça a de la gueule, bien plus que SYOTOS en tout cas… sauf au niveau de l’artwork qui est une abomination.