Trente six ans de boutique et seulement quatre albums. Difficile de dire qu’Heathen soit un groupe hyperactif. Pourtant, il y en a sous la pédale.

Pour ceux qui ne sont pas au fait, Heathen est « l’autre groupe » de Lee Atlus d’Exodus. Bien entendu c’est du Thrash, bien entendu ça sonne « Bay Area » et bien en ça tabasse. Ou pas.

Empire Of The Blind se démarque un peu de ses congénères en ce sens que même si il a le torse bien velu, c’est du poil entretenu. Comprendre par là que même si le son est tranchant, le riff efficace, ça reste très mélodique. Le chant David White – bien que très classique – fait le taff et suit lui aussi des lignes musicales très aériennes. Tout l’opposé d’un Chuck Billy par exemple.

Si l’album part sur de solides bases, on passe très vite de l’envie de mosher dans son salon à une circonspection qui ne nous lâchera plus jusqu’à la fin du disque. La faute à des compos efficaces mais passe partout. Ca joue, aucun doute là-dessus, Lee Atlus n’a absolument rien à prouver, chaque solo passe crème mais ce qu’il y a autour laisse parfois une impression déjà vu et/ou de pas totalement abouti. Si on peut s’accommoder du déjà vu tant que ça reste tant que ça reste efficace (le début du disque est un régal), sur un morceau comme Shrine Of Apathy où tout se cumule, c’est non.

Sur la plupart des morceaux il manque un petit quelque chose qui en ferait une pépite ou bien il desservi par un parti pris lors de la compo. Devour et son faux rythme par exemple – alors que le titre devient très bon dès lors qu’il accélère. Sur A Fine Red Mist c’est l’inverse, la rythmique de base à un gros potentiel (bien que déjà vu) mais elle est plombée par des changements de tempo dont la pertinence interroge. Heureusement que l’enchaînement de solo sauve les meubles.

Côté prod par contre rien à redire, ça sonne exactement comme doit sonner du Thrash US made in Bay Area. Ca coupe et c’est grassouille juste ce qu’il faut. La batterie est typique du genre et la basse aux abonnés absents. La routine.

Moralité je suis déçu par Empire Of The Blind, non pas qu’il soit mauvais, il est juste pas au niveau auquel je l’attendais – sur le fond comme la forme. Je vois ce qu’ils ont voulu faire mais je n’accroche pas. Moi qui comptais un peu sur Heathen pour avoir ma dose de Thrash ‘ricain qui envoie des bûchettes. Las, je vais rester sur ma faim encore un petit moment.