Comme Godzilla, Gojira prend son temps pour faire son retour.
Comme Godzilla, une fois sur site Gojira fait dans la destruction massive mais sait faire preuve de finesse quand c’est requis.
Comme Godzilla, Gojira est plus politique que jamais.

Si je parle de Godzilla, ce n’est pas seulement à cause du lien patronimique existant. C’est également parce que les 2 ont un message politique et/ou écologique fort. A l’origine en 1954, Godzilla (dit le lézard atomique) a été créé pour dénoncer la prolifération nucléaire – sle japonais savent de quoi ils parlent. Tout au long de sa carrière, Gojira a toujours eu un message écolo plus ou moins explicite. Désormais la chose prend en plus une tournure politique qui influence fortement la musique du groupe.

Cet aspect engagé est palpable dès le début de l’album. Amazonia, qui en est la première pierre, est un titre extraordinaire. Born For One Thing est une masterclass en terme de créativité. La plus convenue Another World et son clip post apo avaient déjà donné des pistes quant à la direction global de l’album. tout ça pour dire que l’enchaînement des 5 premiers morceaux est dantesque au possible. Gojira régal. Certes on est dans un mid tempo confortable mais il n’y a absolument rien à redire quand c’est fait de la sorte.

On arrive en suite à la partie qui va diviser les foules. Certains crieront au génie, ici je vous dirai que c’est le moment où j’ai décroché. Ce ventre mou fortement tribal sur lequel le groupe a lourdement insisté et qui devient parfois gênant tellement ils en font des caisses (Fortitude, The Chant). Un manque de finesse inhabituelle chez eux.

Certes, on est bien repris en main sur le final mais on ne retrouve jamais complètement la folie des débuts. D’autant que le final du disque (de Sphynx à Grind) est un peu le cul entre deux chaises. Cherchant à allié mélodie et brutalité, il se perd parfois un peu dans l’un ou l’autre. Grind reste néanmoins assez géniale en terme de schizophrénie thématique. C’est le parfait exemple de cette capacité qu’à Gojira a créé des ambiances sombres mais pas déprimantes pour autant. C’est aussi cette finesse, ce délicat équilibre entre fan de Métal surexcité et citoyen du monde que l’on pousse à la prise de conscience que j’aurai souhaité avoir sur tout le disque. Exercice de style casse gueule si il en est mais ils ont fait des albums entiers de la sorte donc bon…

Côté technique, Gojira a un peu mis la pédale douce sur le son façon brontosaure depuis quelques disques. Cependant quand Fortitude part, le ménage est fait et bien fait (Born For One Thing). On ne peut que saluer le travail d’Andy Wallace – que le groupe a sorti de sa retraite pour Fortitude – sur ce point. Le disque a un son absolument fabuleux. Trop même. Néanmoins, le mixage est un régal.
Ce matelas de basse soigneusement disposé en fond de chaque titre est une joie de tous les instants. D’autant qu’il laisse à Mario toute latitude pour sortir des plans de batterie complètement dingos (Born For One Thing sérieusement…). Côté guitares, aussi bien Joe que Christian sont capables d’envolées incroyables (et innovantes) comme de sortir certains riffs du micro-onde. A l’image du reste, on navigue entre moments de bravoure et baisses de régime inexpliquée.

Fortitude me fait un peu l’effet du récent Godzilla vs Kong. Le film oscille entre moments où il assume son côté nanard à 200 millions et 1er degré bas du front. C’est bien entendu quand l’aspect nanard est assumé qu’il est le meilleur. Fortitude est pareil, rarement aussi jouissif que quand il tacle au niveau des genoux.
Le meilleur Gojira? non mais sans aucun doute une des meilleures sorties de l’année.