Cette interview restera pour moi l’une des plus étranges. Réalisée entre les poubelles de l’Elysée Montmartre et les costumes de scène de Cradle Of Filth, la discussion avec le plus anglais des batteurs suédois aura une saveur toute particulière. Notamment au niveau de l’anglais de mon interlocuteur qui parle avec un accent londonien tellement prononcé que la seule chose qui le différencie d’un anglais moyen c’est son mètre quatre vingt quinze (sans New Rock). C’est en me parlant de leur soundcheck a rallonge que la conversation s’entamme.

Cradle Of Filth - Nymphetamine

NicKo: Votre soundcheck a été bien long…
Adrian: Oui un de nos amplis ne fonctionnait pas bien . On a été obligé de le remplacer et de recalibrer tous les autres car il a fallu presque tout débrancher. Et puis de toute façon c’est toujours bon de tout vérifier même si ça a fonctionné la veille.

NicKo: C’est sur. Je change un peu de sujet. Cradle Of Filth est un groupe qui développe souvent des concepts dans ces albums. Nymphtamine est-il une exception à la règle?
Adrian: En effet, il y a une sorte de concept dans les paroles. Dani écrit toutes les paroles donc je vais avoir un peu de mal à être précis. Si ma mémoire est bonne les textes parlent principalement d’une addiction aux femmes.

NicKo: En écoutant cet album, j’ai eu la sensation que votre son avait évolué vers quelque chose de nouveau, quelque chose de proche d’un Dimmu Borgir par exemple.
Adrian: MMMMMMM…
NicKo: Au niveau des paroles, certains phrasés de Dani, certaines rythmiques…
Adrian: Je pense que cet album est plus axé sur les guitares que, par exemple Damnation And A Day. Je pense qu’on est quand même très loin de Dimmu Borgir. J’aime beaucoup leur musique mais elle est très différente. Cependant, ils ont les mêmes influences thrash au niveau des guitares.
NicKo: Ce qui m’a donné cette impression c’est aussi la façon dont les claviers sonnent…
Adrian: Cool (rires) Mais tu sais, chacun trouve les influences et les références qu’il veut dans la musique. Sur Nymphetamine, nous avons voulu être plus direct que sur Damnation And A Day donc nous avons travaillé les effets de manière à mettre les guitares le plus en avant possible.

NicKo: Est-ce que sur cet album vous avez fait ou changé quelque chose par rapport aux autres?
Adrian: On a surtout changé la façon dont on l’a écrit et enregistré. Nymphetamine a surtout été écrit quand nous étions en tournée pour Damnation And A Day. Et quand nous l’avons enregsitré, nous avons enregistré tout le monde en même temps. C’est un sacré changement pour nous car dans le passé nous enregistrions d’abord la batterie, puis la basse et enfin les guitares. Ce qui ne nous empêche pas de garder les parties que nous trouvons les meilleures et de refaire celles que nous trouvons moins bonnes. Par exemple nous avons refait plusieurs fois certaines parties de guitares car nous ne trouvions pas la prise qui nous convenait.

NicKo: Avez-vous également changé votre façon de produire l’album? Ca sonne très différemment d’un Cruelty And The Beast par exemple.
Adrian: Oui tout à fait. Maintenant Cradle Of Filth sonne vraiment comme un groupe (sourire). Tu sais Cruelty And The Beast est un album que j’adore mais dont le son, notamment la batterie, est absolument horrible, surtout les grosses caisses.
NicKo: Penses-tu que ça vienne du fait que ce ne soit pas toi qui joue sur le disque? je veux dire du fait que ça soit le style de Nick Barker.
Adrian: Nick Barker préfère ce son. Ce son très électronique très…
NicKo: Triggé?
Adrian: Oui. Personnellement je préfère un son naturel pour ma batterie. Cecit dit j’utilise des triggers pour mes grosse caisses. Par contre en studio tout est naturel, c’est juste au mixage que je rajoute quelques effets.

NicKo: Cradle Of Filth fait parti de ces groupes qui ont un line-up a géométrie variable. Considères-tu Cradle comme un « vrai groupe » ou bien juste comme un concept qui reposerait uniquement sur le personne de Dani?
Adrian: Cradle Of Filth est un vrai groupe. Il est clair que nous avons beaucoup de changements de membres dans le groupe mais je pense que c’est très difficile d’être dans Cradle car ça te prend tellement de temps, d’attention… Ce groupe a tout le temps besoin qu’on s’occupe de lui. Si l’on n’est pas en tournée, on est en répétition ou bien on écrit. Certaines personnes ont parfois du mal à tenir le rythme ou bien perdent leur intérêt pour ce que nous faisons donc il n’y a pas d’intérêt à les garder au sein du groupe.
C’est un peu comme un couple, ils ne restent pour toujours uni et doivent divorcer, c’est la même chose dans un groupe. Si le guitariste et le batteur ne s’entendent pas, un des deux doit partir.
NicKo: En ce qui te concerne, comme tu es le vétéran du groupe – mis à part Dani – comment vis-tu tout ça?
Adrian: Je… (cherche ses mots) J’essaye de ne pas trop m’impliquer sur un plan personnel avec les autres membres du groupe. On ne fait pas la fiesta tous ensemble lorsque nous sommes chez nous. J’adore les mecs du groupe, je les vois souvent, je passe de très bon moment avec eux MAIS je mets une barrière entre ma vie avec Cradle Of Filth et ma vie privée. Je passe beaucoup de temps avec ma femme et des amis que j’ai en dehors de la musique.
NicKo: C’est un peu comme des collègues de bureau…?
Adrian: Tout à fait sauf qu’il m’arrive de faire beaucoup d’heures supplémentaires avec eux (rires).

NicKo: Partant de cela, quelle sera la prochaine évolution de Cradle Of Filth?
Adrian: Et bien nous préparons un nouvel album. Nous avons déjà quatre, peut-être cinq idées pour des chansons. On espère être en studio fin juillet, si tout se passe bien, pour enregistrer cet album. Et si tout va parfaitement bien, il devrait sortir en Février/Mars l’an prochain.
NicKo: Est-ce qu’on peut s’attendre à un autre gros changement comme il y a pu y en avoir un entre Midian et Nymphetamine par exemple?
Adrian: Je l’espère. Ce serait inutile de sortir le même album à chaque fois donc j’espère que les idées que nous avons pour ce prochain album sont très différentes de celles que nous avons eu pour Nymphetamine.

Adrian Erlandsson

Adrian Erlandsson

NicKo: Hier soir vous avez filmé le concert pour un DVD live c’est bien ça?.
Adrian: Tout à fait.
NicKo: Y’avait-il- quelque chose de spécial de prévu pour l’occasion?
Adrian: Et bien les chansons que nous avons choisit de jouer pour ce concert… je ne sais pas si tu étais là hier soir…
NicKo: Hélas non!
Adrian: Nous avons joué 13 Autumns And A Widow que nous n’avions jamais joué en live, Mother Of Abominations, Black Goddess Rises… essentiellement des titres que nous jouons rarement sur scène. L’autre DVD était en quelque sorte, les vieux classiques donc nous avons voulu donner à celui-là une dimension particulière. Nous avons aussi un show sur scène, tu le verras ce soir…
NicKo: Vous l’avez gardé pour ce soir?
Adrian: Oui nous allons faire exactement le même concert qu’hier soir car ils doivent filmer de nouvelles choses pour le DVD comme des gros plans par exmple. On doit aussi ré-enregistrer le son. Ca nous permettra d’avoir un double au cas où.

NicKo: J’ai entendu qu’hier soir les premières parties n’ont pas eu beaucoup de temps…
Adrian: The Haunted a joué 15 minutes et Moonspell une demi heure.
NicKo: J’ai appris que Peter n’était pas super heureux du traitement qui leur a été réservé.
Adrian: C’est dommage mais The Haunted savait en venant ici que leur set serait court.
NicKo: Peut-être ne pensaient-il pas qu’il serait aussi court?
Adrian: Peut-être… mais c’est dommage car malheureusement tout ça était hors de notre contrôle. Certaines choses devaient se faire à un moment précis et il a fallu procéder de la sorte car c’était nécessaire pour pouvoir réaliser le DVD dans de bonnes conditions.

NicKo: HUM j’imagine que la suivante on a du te la poser au moins 1 millions de fois mais je me dois de le faire en tant que fan.
Adrian: (amusé) je t’écoute.
NicKo: Aurais-je un jour, enfin aurons-nous un jour la chance de voir At The Gates sur scène?
Adrian: Oui je pense qu’il y a de bonnes chances que cela se produise. Dans le passé j’aurais dit non et les autres avec moi. Mais on s’est reparlé, on y a réfléchit et on s’est dit que ça serait bien de le faire quand le moment serait venu. Maintenant il faut que chacun ait un trou dans son emploi du temps au même moment. Mais ce ne sera que pour du live car je doute qu’il y ait un autre album. Ce sera sans doute une tournée européenne et quelques festivals.

NicKo: As-tu réussi à digérer la séparation du groupe?
Adrian: Je crois que oui. Le temps a fait son oeuvre. Je pense qu’At The Gates a splitté parce que nous n’avions pas d’expérience. Il nous manquait l’expérience des tournées, ce que nous avons tous maintenant acquis au travers de nos différents groupes.
C’est triste tu sais car beaucoup de groupes aujourd’hui se disent influencer par cet album (en montrant mon examplaire de Slaughter Of The Soul). Il y a beaucoup de gens qui écoutent le groupe et qui n’ont jamais eu la chance de voir le groupe live…
NicKo: A qui le dis-tu!

NicKo: As-tu le sentiment que tu as accompli tout ce qu’il était possible de faire avec At The Gates?
Adrian: Avec At The Gates je ne sais pas mais sur un plan personnel il est clair que non sinon je ne jouerais pas aujourd’hui. Il y a toujours beaucoup de choses à améliorer et je travaille très dur pour ça. Mon but s’est de faire de la musique meilleure que celle de la veille et moins bonne que celle de demain.

NicKo: La dernière question est une tradition pour moi, je la pose à tout le monde.
Adrian: Ok
NicKo: Quelle est la question la plus con qu’on t’aie posé en interview?
Adrian: (surpris) Je ne m’attendais pas à ça mais je crois avoir une réponse qui va te convenir. Il y a quelques années de ça, une fille m’a demandé si je faisais une allergie au maquillage en m’expliquant qu’elle avait un ami qui jouait dans un groupe de black metal et qu’il ne supportait pas le maquillage blah blah blah… (soupir)
NicKo: (mort de rires) Excellent! J’y crois même pas…
Adrian: Et pourtant…

NicKo: Je te remercie pour tout c’était très sympa malgré l’environement.
Adrian: Oui c’est vrai que l’endroit n’est pas génial (sourire) je te remercie.

Merci à Adrian pour avoir garder son très british flegme devant mon anglais si désastreux ce jour là et merci à Roadrunner France.