24 mois, c’est le temps qu’il aura fallu à Slipknot pour : faire 2 fois le tour du monde, se faire un nom sur la scène métal mondiale, devenir le groupe le plus adulé/détesté de la scène, enregistrer et sortir un second album.

Intitulé Iowa, du nom de leur état d’Origine, ce second album est, contre toute attente (car beaucoup s’attendaient à voir un clone de Slipknot opus arrivé), la suite logique du premier puisqu’il repart exactement là où son grand frère s’était arrêté, à savoir dans le torrent de violence Eeyore, titre limite grindisant montrant que Slipknot était peut-être plus qu’un simple groupe de néo qui fait beaucoup de bruit.

Slipknot - Iowa

Ces influences extrêmes se retrouvent dès le premier titre de l’album (notez que je ne considère pas 515 – l’intro – comme un titre à part entière mais comme un divertissement pour le type aux samples histoire de justifier sa présence). Je disais donc que les influences extrêmes se faisaient sentir dès le début de People=Shit avec une entrée en matière limite death. Les titres suivants partent eux aussi pied au plancher mais avec de vagues relents de thrash et un chant alternant parties claires et cris. A ce titre on sent un Corey nettement plus à l’aise avec son organe (je parle de sa voix bande de canaillous). Les 2 ans passés sur les routes lui ont permis de mieux appréhender ses capacités et surtout ses limites. Le résultat est assez bluffant (My Plague) sur album, en live c’est mieux mais ça n’est toujours pas ça.

A côté de ça, Slipknot c’est toujours du morceau facile à retenir qui envoie des buchettes et qui fait de toujours de l’effet même 7 ans après – vous m’auriez vu devant mon pc, quand je l’ai ressorti de la boîte pour la première fois depuis heu… ça doit se compter en années – j’étais comme un dingue – bref… People=Shit, The Heretic Anthem et leurs attristantes paroles n’ont rien perdu de leur superbe efficacité. Disasterpiece et Everything Ends sont aussi de jolis morceaux de bravoure mais là où Slipknot appose encore et toujours sa marque de fabrique c’est sur les titres qui constituent la seconde partie de l’album. Ces fameux titres plus introspectifs où le groupe donne libre court à sa très malsaine imagination. La superbe Gently et sa montée en puissance, de même que l’entêtante Skin Ticket sont des monuments au même titre que les chansons de « jump metal » qui sont plus tôt dans la tracklist. Je ne m’étendrais pas non plus sur Iowa, ce véritable chef d’œuvre conclue de manière extraordinaire l’album avec ses 15 minutes. Ca j’aurais payé cher pour la voir la seule fois où elle a été jouée en live dans son intégralité.

On note aussi de la part du groupe une volonté de faire des morceaux plus techniques. Rythmiques complexes, riffs plus travaillés, on détecte aussi la présence de percus et de samples, bref Slipknot semble décupler sa puissance de feu et se montrer sous son vrai visage. Ca confirme aussi l’idée que si le premeir opus était très bon, ils en avaient encore sous le pied.
Côté prod, Ross Robinson est toujours aux manettes mais on a quitté l’Indigo Ranch pour le Sound City Studio. Le résultat est un son propre, net et sans bavure, bien loin du son trashy et gras du ranch. Le mixage, toujours assuré par l’inusable Andy Wallace, s’en trouve lui aussi amélioré, en effet le son étant plus propre, c’est un peu moins le merdier pour tout mettre d’équerre, en témoigne ce monstrueux son de basse qui est un pur régal. D’un point de vue strictement perso et au risque d’en faire bondir certains, avec le recul je trouve Iowa supérieur à son prédécesseur. Malgré toutes ses qualités, sa fraîcheur et sa spontanéité, il manque à Slipknot la maturité dont le groupe fait montre tout au long d’Iowa et ce à tous les niveaux. Reste que c’est le premier qui remporte tous les suffrages.

Avec Iowa, Slipknot a gravi la dernière marche qui le séparait du trône. Ce sont les rois, le challenge qu’ils ont désormais à relever est sans doute le plus dur : gérer ce statut de big boss et surtout rester au top.
Je laisse chacun apprécier ce qui s’est passé par la suite.