Le salut du Deathcore viendrait-il de Russie? C’est une question que l’on peut légitimement se poser en écoutant le second album de Slaughter To Prevail.

Le groupe n’a jamais fait mystère de ses influences. Que ce soit Suicide Silence ou encore Slipknot, on les entend, on les ressent mais notre quintet les a digéré pour mieux nous les ressortir à sa sauce. Pour imager le résultat, imaginer un mélange des 2 groupes sus cités mais le tout sous stéroïdes. Ouais… très très énervé.

Le groupe avait pris son monde de cours avec son morceau Demolisher sorti en 2020. Au-delà du son totalement dantesque de la chanson, ce qui avait surpris était le chant d’Aleksandr « Alex Terrible » Shikolai. Une voix gutturale ultra grave (même trop pour être honnête) – même si de base le mec a un coffre ahurissant. Bref au-delà de l’utilisation abusive du pitch sur le chant, la violence du titre et sa redoutable efficacité ont marqué les esprits.

Comme pas mal de monde à l’époque, je me suis demandé si ce groupe n’avait pas fait un truc outrancier pour faire parler de lui avant de retomber dans l’anonymat. Que neni. Ils ont récidivé avec 2 autre singles (Baba Yaga et Zavali Ebalo) qui ont moins marché mais entretenu la hype auprès des nouveaux convertis.

On retrouve bien entendu ces 3 titres sur l’album ainsi qu’Agony sorti en 2019. Le reste des 12 morceaux est 100% nouveau. Cela permet ainsi de voir l’évolution dans l’écriture du groupe. Clairement le style s’est orienté vers quelque chose de bien plus méchant. Comme évoqué en début de chro, Slaughter To Prevail met un peu de Nu Metal dans son Deathcore et propose une variation du genre pour le moins originale. Les éléments Nu Metal sentant bon le Slipknot de la grande époque sont incorporés surtout pour les ambiances et autres éléments cosmétiques. On retrouve ici ou là quelques riffs qui ne renierait pas Mick Thompson. Bonebraker en est un bon exemple.

Côté chant, les paroles sont principalement en russe mais conservent tout de même quelques éléments chantés en anglais ici ou là. Cela sert surtout pour les punchlines. C’est certes un poil cliché mais ça fonctionne. Mr Shikolai étant clairement le taulier, celui qui fait que la machine fonctionne à 300% tout le temps. Au-delà de son coffre ahurissant, il est capable de variation intéressante dans son chant, ce qui ajoute à son charisme que l’on ressent juste à travers la musique. Certes les 4 autres ne sont pas en reste, ça joue très fort derrière. J’ai notamment une pensée pour l’animal nommé Evgeny Novikov, batteur de son état.

Au-delà du registre choisit par StP. Il est intéressant de voir comment un groupe venu du fin fond de la Russie s’est approprié tous les codes du Metal « occidental » et les a adapté à la culture locale. A voir sur la durée mais Slaughter To Prevail arrive avec quelque chose d’un peu différent, de plus « frais » oserai-je dire que les groupes occidentaux et américains notamment.

Voila, maintenant grâce à Slaughter To Prevail, votre connaissance géographique de la Russie s’est améliorée. Vous savez situer Ekaterinbourg sur une carte et vous savez aussi que là-bas il y a un groupe bruyant de qualité.