Ce qui est bien avec certains groupes, c’est que parfois le titre de l’album ne trompe pas sur la marchandise. Ici Meshuggah vous prévient que rien ne va changer et étonnamment: rien ne change.

Je pense que si vous êtes ici, nous pouvons nous dispenser des présentations et entrer directement dans le vive du sujet.
Comme le titre l’indique, sur Immutable les lignes ne vont pas trop bouger. Meshuggah continue de faire du Meshuggah tout en évoluant par petites touches. Une suite somme toute logique pour un groupe qui n’a plus rien à prouver ni rien à révolutionner.

Si The Violent Sleep Of Reason avait fait l’objet d’un enregistrement ‘live’ avec tout le monde dans la même pièce, Immutable revient à la recette du chacun chez soit. En résulte un album où chacun a pris son temps pour peaufiner sa partie, notamment Mårten Hagström qui a contribué à l’ouvrage plus qu’à l’accoutumée. Sans vouloir sur-analyser la chose, les habitués de la maison ressentiront la patte du sieur Hagström dans les compos. A l’écoute on est plus attrapé aux tripes, on est sur quelque chose de moins chirurgicale, comme si le groupe avait troqué son scalpel pour un santoku.

De même niveau rythmique. Meshuggah n’a plus besoin de mettre le pied dedans pour asséner un K.O. technique. Le groupe maintient un train de sénateur tout au long du disque et mise avant tout sur la lourdeur de l’ensemble pour coller l’auditeur au mur. Broken Cog vous prend par la main et vous amène crescendo exactement là où vous devez être pour pouvoir encaisser la suite. Si Abysmal Eye est un peu convenue, Phantoms et Ligature Marks vont faire la démonstration de pourquoi Meshuggah est la créature Alpha dans le genre. La puissance de la dissonance. Thordendal est absolument magistral sur ce point.

Cela dit Meshuggah sait aussi surprendre (un peu). La monumentale Black Cathedral sous ses airs faussement Black Metal nous promet une envolée qui ne viendra jamais tandis que They Move Below nous plonge dans une torpeur pas désagréable mais qui tend à un peu trop tirer en longueur. Ce qui nous amène aux quelques bricoles qui fâchent. Past Tense, qui conclue le disque, tombe un peu à plat. Certains titres, dont Black Cathedral, se perdent parfois en circonvolutions inutiles. Rien de dramatique en somme.

En bref, Meshuggah réussi une nouvelle fois le tour de force de nous amener au bon endroit sans nous dire comment nous allons y aller. Une perf’ « Immutable« .