Alors que revoilà Fear Factory… avec un nouvel album, le neuvième, intitulé Genexus – qui laisse à penser qu’il s’agit d’une voiture hybride d’origine japonaise alors que pas du tout. C’est juste un n-ième album d’un groupe qui court après le temps qui passe. A moins que…

Après Mechanize et The Industrialist que l’on regarde poliment mais sur lesquels on se garde bien de donner son avis à haute voix, revoilà la bande de Burton et Dino, avec n-ième line-up pour un n-ième album d’un groupe qui court après sa gloire passé depuis 20 ans.

Fear Factory - Genexus

Le nouveau line-up est simple: la moitié du Fear Factory d’origine: Burton C Bell au chant et Dino Cazares à la guitare. Les 2 petits nouveaux sont Mike Heller à la batterie, qui n’est en fait pas nouveau mais c’est la première fois qu’il est crédité sur album – en partie seulement puisque certaines partie de batterie sont assurées par Dean Castronovo (vieille connaissance de Burton puisque ce dernier officiait avec lui au sein de GZR), et le mercenaire Tony Campos à la basse qui remplace Matt DeVries partir faire dieu sait quoi dieu sait où. Tout ça pour dire que sur le papier, les gars connaissent la musique *tadoum tssssssssss*

Dans les faits, Genexus est un pur album de Fear Factory, tout est y est à commencer par le son typique du groupe, cette guitare acérée reconnaissable dès que la moindre corde vibre. Idem pour ce qui est du style de batterie héritée de l’époque avec Herrera, c’est à dire hyper syncopé. Les samples de Rhys Fulber sont aussi de retour et même le chant clair de Burton est de la partie mais nous y reviendrons plus tard. Côté compos, j’ai envie de dire que c’est pareil, l’atmosphère y est, le style d’écriture typique de Cazares est là aussi, en gros tout est présent pour que Fear Factory nous sorte enfin le digne successeur de Demanufacture.

Preuve si il en fallait qu’il ne suffit pas d’avoir tous les ingrédients pour faire un beau gâteau, il faut aussi savoir les utilisés à bon escient et c’est là que le bas blesse. Si certaines sonorités sont familières, on a surtout l’impression d’avoir à faire à des variantes de certains riffs déjà utilisés sur des albums précédents. Pire, ce qui rendait unique FF il y a 20 ans est aujourd’hui devenu la norme et 99% des groupes de Djent/Deathcore sonnent pareils avec leurs 8 cordes les samples en moins – Protomech en est le parfait prototype, un peu comme si Emmure se décidait enfin à faire un bon morceau. Autre point fâcheux: le chant. Il est de notoriété publique que le chant clair de Burton est une catastrophe en live. Drama: il est sur le point de le devenir aussi sur album. C’est poussif, ça donne souvent l’impression d’être borderline, en gros ça fait un petit peu peur. Pire encore, même le chant hurlé tend lui aussi a filé les chocottes. Heureusement que le reste tient la route. Je pense ici à la prod et à l’interprétation qui sont excellentes.
Au chapitre de ce qui fonctionne plutôt bien on trouve Soul Hacker, qui malgré le fait qu’elle fasse penser à Digimortal (soit le début de la fin pour FF), reste une des meilleures de l’album. Protomech avoine pas mal et fonctionne également bien, idem pour Autonomous Combat System. Genexus quant à elle renvoie à la période limite Death Metal des débuts de FF et propose une relecture intéressante du style maison de ces années là. On retrouve également un morceau limite ambiant de près de 8 minutes qui fait furieusement penser à A Therapy For Pain sur le cultissime Demanufacture, sans pourtant jamais l’égaler.

Quelque part, Genexus fait un peu office de bilan de carrière, FF allant piocher dans sa disco des idées pour relancer une machine devenue bien poussive suite à la débâcle dû aux trop nombreux changements de personnels. L’album en lui même n’est pas mauvais, les quelques titres marquants sont ceux évoqués plus haut, le reste étant relativement anecdotique (ex: Battle For Utopia, pas mauvaise mais déjà tellement vu,revue et re-revue).

En réalité, le vrai gros problème de cet album c’est que le groupe lui-même n’en a rien carré et qu’il sert juste de prétexte pour justifier une tournée. Pourquoi? Simple, nous sommes en 2015 et quand j’évoque la gloire passée du groupe ce n’est pas innocent. En effet, la tournée annoncée ne portera pas sur Genexus mais célébrera les 20 ans de Demanufacture, le chef d’oeuvre absolu du groupe, qui sera pour l’occasion joué en intégralité.
Où comment tuer dans l’oeuf sa dernière création.