Pourquoi changer une équipe qui gagne ? C’est sans doute la question qu’ont du se poser les petits gars de Trivium avant d’attaquer la mise en chantier de Shogun, nouvel opus du groupe. Bah oui, comme dirait un bon pote : « moi tant que je gagne je joue » !

Tout compte fait, il y a quand même 2/3 bricoles qui ont évolué par rapport à The Crusade, pas de quoi faire une révolution cependant.
Les 2 changements notables sont le chant et le son du groupe. Le chant, a toujours été le point faible de Trivium, Matt Heafy étant souvent coupable d’une linéarité assez pénible sur la durée d’un album. Elle devient même carrément irritante en concert. Ce coup là, Matt et Corey s’essayent avec plus ou moins de bonheur (disons plutôt moins) à des passages hurlées. On n’est jamais loin de la limite car ça sonne trop forcé mais sur le chant clair il y a des gros efforts de fournis, trop gros pour être passé sous silence. Quant au son, il a lui aussi évolué.

Trivium - Shogun

Trivium ne sonne plus comme le fils caché des amours interdites entre Metallica et je ne sais quel autre groupe, maintenant Trivium sonne comme Trivium et ce n’est pas plus mal. Ca donne un plus à leur musique à défaut de la rendre, selon moi, plus agréable. Car oui, je trouve toujours Trivium pénible sur la durée. Je dois bien leur reconnaître des talents de compositeurs certains, ils sont capables de pondre des hymnes efficaces mais ils sont aussi les auteurs de morceaux plombés par un chant linéaire et/ou des breaks mal placés ou trop nombreux. L’abus de chant clair tue le chant clair, surtout sur les refrains où ça n’est pas toujours très musical. Bref…

La base de la musique de Trivium c’est la guitare, cette fois ci, ces messieurs ont tout enregistré à la 7 cordes, pas que ça change grand chose à l’écoute mais ça fait bien sur la plaquette de Dean Guitars. Tout ça pour dire que comme d’hab chez Trivium, les parties de guitares sont solides et bien abouties, ça a été, c’est toujours et ça restera sans doute toujours leur point fort. Les riffs sont bien foutus et efficaces (celui du début de Throes Of Perdition est assez chouette, de même que celui entourant le solo qui est du genre incisif) et les solos montrent que nos 2 branleurs de manches ont encore un peu progressé sur ce plan là. Côté batterie, Travis Smith se montre toujours efficace et fait un peu moins d’esbroufe, on notera cependant que certains roulements de doubles sentent le réchauffé. Par contre là ou il y a un autre point notable c’est à la basse. Paolo pousse un peu son son de basse et tente même un passage avec une disto (Torn Between Scylla And Charybdis), un peu comme le faisait Metallica sur l’intro de For Whom The Bells Tolls ou bien en live sur Seek And Destroy (ha merde on avait dit que ça ne ressemblait plus à Metallica… autant pour moi). Tout ça pour dire que côté il n’y a pas grand-chose à jeter, ils ne sont pas pour faire les marioles.

Le hic reste tout de même le chant (je sais je l’ai déjà dit). Un titre comme Like Callisto To A Star In Heaven pourrait être vraiment super sympa si il n’y avait pas le voix de Heafy… Quoique, il reste tout de même dangereux de tirer de cela des généralités, par exemple le chant est mieux géré sur Torn Between Scylla And Charybdis, du coup le morceau prend une toute autre ampleur. Bon je taille sur le chant mais il faut reconnaître que même si ça n’est pas encore ça, Heafy travaille dessus et ça s’entend, comme sur Into The Mouth Of Hell We March entre autres.

Reste que sur la durée d’un album, la recette risque de ne pas fonctionner auprès de tout le monde. Je trouve toujours leurs albums pénibles au bout de quelques titres et je finis par m’y ennuyer, celui là ne déroge pas à la règle. Je préfère en écouter 3/4 au hasard plutôt que de me coltiner le machin en entier.

Tout ça pour dire que les fans seront comblés et que ceux qui ne les aimaient pas avant ne les aimeront pas plus maintenant. Ca reste propre et bien foutu, c’est un beau produit et bien marketé ça va se vendre sans souci mais en ce qui me concerne, se sera à très petites doses. Ceci étant, Shogun est quand même un tantinet meilleur que The Crusade.