Ce disque m’a fait peur. Oui en effet, pour moi il n’y a rien de plus effrayant qu’un groupe qui décide de refaire son chef d’œuvre alors quand les p’tits mecs de The Crown ont annoncés leur intention de remettre au goût du jour leur pièce maîtresse (Crowned In Terror), mon sang n’a fait qu’un tour ! Et il faut se rendre à l’évidence, Crowned Unholy a de la gueule mais son illustre aîné à des beaux restes.

On nous avait annoncé, en plus du changement de chanteur, des lignes de basse remanié et une prod plus ‘in your face’ (comme si c’était possible tsss). Et je dois dire que certaines de mes appréhensions étaient plus ou moins fondées.

The Crown - Crowned Unholy

Explications.

Tout d’abord le chant.
Johan Linstrand a beau être un monstre, Tomas Lindberg est quand même un net cran au-dessus. La voix de Lindberg a un timbre tellement particulier que tenter une imitation relève de la gageure. Dieu merci Linstrand ne s’y est pas essayé, il a « juste repris » les paroles en y apportant sa touche perso. Le changement est déroutant quand on est habitué à entendre Tompa brailler et sur certains passages, c’est presque choquant (les habitudes ont la vie dure). Cependant Johan tente des choses, s’approprie le disque comme si c’était lui qui l’avait composé. Il ajoute du chant clair sur certains passages (The Speed Of Darkness) et change quelques intonations. Sur tous ces points, les 2 chanteurs se valent. Mais ce qui pour moi fait la différence et fait pencher la balance entre les 2 chanteurs c’est le flow et l’accent anglais. Lindberg est une vraie mitrailleuse et c’est con à dire, mais son accent anglais est 100 fois meilleur qui celui de Linstrand. Avantage Crowned In Terror.

La basse.
Je dois dire que c’est le point que je redoutais le plus. Quel intérêt pouvait-il y avoir à réenregistrer les parties de basse de ce cher Magnus ? L’intérêt c’est de lui donner du volume.Et quel volume ! Les morceaux ont véritablement une autre tronche. Le rouleau compresseur triple de volume et des titres que j’aurais volontiers laisser de côté sur Crowned In Terror (Satanist par exemple) regagnent ici mon attention. Le vrombissement de la basse sur Crowned In Terror (la chanson) est littéralement terrifiant, c’est un pur régal. Crowned Unholy allonge son prédécesseur sur ce point, pas de discussions possibles.

La prod.
Celle de Crowned In Terror est léchée au possible, bien clean, presque trop pour un disque de death. Avec Crowned Unholy on se rapproche de celle d’un Possessed 13 avec un son plus ‘raw’. Les guitares sont plus grasses, elles sonnent plus death. Marko et Marcus se sont amusés à rajouter ici ou là quelques petites accords supplémentaires (ex l’intro de Death Is The Hunter), rien de bien méchant mais on apprécie le soin apporté à ces retouches.
La batterie suit le même chemin et là où Crowned In Terror tranchait littéralement ave le reste de la prod du groupe, Crowned Unholy revient dans le droit chemin. L’apport des nouvelles lignes de basse joue également un rôle prépondérant dans ce changement sonore.
Autre gros changement : les arrangements. Crowned Unholy s’est vu ajouté quelques éléments sonores supplémentaires sur certains titres afin de leur donner plus d’ampleur. Ainsi House Of Hades prend une toute nouvelle dimension et rend l’entrée en matière encore plus jouissive, de même sur World Below a vu son intro retouchée. Que dire de Crowned In Terror que se voit ici renforcer par quelques grandioses orchestrations sur le bridge – mamamia que c’est bon ! Il est vraiment difficile pour moi de les départager sur ce point car Crowned In Terror (l’album)a vraiment un son extra donc… match nul.

Crowned In Terror vs Crowned Unholy – difficile de choisir son camp. Chacun à ses petites préférences. En ce qui me concerne, un Crowned In Terror avec les arrangements et les lignes de basse de Crowned Unholy me conviendrait parfaitement ! Ceci dit je doute que The Crown retourne en studio exprès pour moi 😉

Plus sérieusement, cette idée de refaire le disque est très intéressante. Elle montre 2 visions différentes qu’un groupe peut avoir de sa musique avec un peu de recul et aussi l’impact que peut avoir un chanteur sur un album. Tomas Lindberg et Johan Linstrand sont 2 très grands chanteurs qui ont eu la chance d’avoir derrière eux une dream team que beaucoup de vocalistes peuvent leur envier (Magnus Olsfelt – basse, Marko Tervonen, – guitare, Marcus Sunesson – guitare et maître Janne Saarenpää – batterie).

La difficulté était d’autant plus énorme que Crowned In Terror est tout simplement LE chef d’œuvre de The Crown. Remanier ce qui existe déjà est toujours un pari casse gueule, non seulement en tant que musicien mais aussi auprès des fans et du label. Le groupe se séparant après Crowned Unholy, le problème du label s’est résolu de lui-même. Reste donc les fans et la satisfaction de l’artiste. Pour ce qui est du groupe, tous semblent très heureux de la nouvelle version de leur bébé et on ne peut que s’en féliciter.

Mais le plus dur reste à affronter : la réaction des fans. Crowned In Terror et Crowned Unholy sont 2 visions du même monument et si l’on doit choisir, ce ne sera pas facile. En ce qui me concerne j’ai choisis mon camp mais qu’en est-il des inconditionnels de The Crown ? Difficile de faire un choix quand on a 2 disques d’une telle qualité à disposition et pourtant…