Roadrunner United, sous ce nom aux allures de club de foot anglais bien connu (même la pochette en est inspirée d’ailleurs) se cache ce qui pourrait à ce jour – et certainement pour un bon moment – être la plus grande compil’ métal de tous les temps.
Sur le papier c’est hyper impressionnant, reste juste à voir si c’est aussi monumental que le casting le laisse présager ou bien si c’est un four monumental.

Petit flashback pour ceux qui ont manqué le début : il y a 25 ans naissait Roadrunner, obscur label hollandais qui au fil de ses pérégrinations musicales verra passer dans ses rangs le gratin du métal international de ces 20 dernières années.

Roadrunner United

De Slayer à Metallica (qui ne furent que distribués par le label) en passant par Sepultura, Machine Head, Fear Factory, Slipknot, Chimaira et tous les autres. Et donc pour fêter dignement cet anniversaire quoi de mieux qu’une compil’ qui bourrine avec des line-ups de rêve à chaque titre ? Pour éviter que ça ne parte trop en sucette, on confie à 4 chefs d’équipe le soin de composer les morceaux. Se sont donc Joey Jordison (Slipknot), Dino Cazares (Fear Factory/Brujeria), Robert Flynn (Machine Head) et Matthew Heafy (Trivium) qui s’y collent avec comme camarades de jeu : Michael Akerfeldt (Opeth), Rob Barrett (Cannibal Corpse), Matt Baumbach (Vision Of Disorder), Corey Beaulieu (Trivium), Glen Benton (Deicide), Keith Caputo (Life Of Agony), Max Cavalera (Soulfly), Dino Cazares (Fear Factory), Dave Chavarri (Ill Niño), Tyler Connolly (Theory Of A Deadman), Mike D’Antonio (Killswitch Engage), Steve DiGiorgio (Testament), Matt DeVries (Chimaira), Marcelo Dias (Soulfly), Dez Fafara (Devildriver), Dani Filth (Cradle Of Filth), Robert Flynn (Machine Head), Rhys Fulber (Front Line Assembly), Michale Graves (Misfits), Paul Gray (Slipknot), Justin Hagberg (3 Inches Of Blood), Matthew K. Heafy (Trivium), Andols Herrick (Chimaira), Tom Holkenberg (Junkie XL), Steve Holt (36 Crazyfists), Mark Hunter (Chimaira), Howard Jones (Killswitch Engage), Joey Jordison (Slipknot), Johnny Kelly (Type O Negative), King Diamond (King Diamond), Andreas Kisser (Sepultura), Andy LaRocque (King Diamond), Jesse David Leach (Killswitch Engage), Cristian Machado (Ill Ninño), Logan Mader (Machine Head), Sean Malone (Cynic), Roy Mayorga (Soulfly), Dave McClain (Machine Head), James Murphy (Testament), Tommy Niemeyer (Gruntruck), Daryl Palumbo (Glassjaw),Nadja Peulen (Coal Chamber), Dave Pybus (Cradle Of Filth), Josh Rand (Stone Sour), Jim Root (Slipknot, Stone Sour), Souren « Mike » Sarkisyan (Spineshank), Josh Silver (Type O Negative), Acey Slade (Murderdolls), Mike Smith (Suffocation), Peter Steele (Type O Negative), Corey Taylor (Slipknot, Stone Sour), Kyle Thomas (Floodgate), Jeff Waters (Annihilator), Jordan Whelan (Still Remains), Christian Olde Wolbers (Fear Factory), Tim Williams (Vision Of Disorder).
Oui je sais, dis comme ça ça peut faire peur. Le résultat lui aussi fait peur croyez-moi.

Passons maintenant à l’aspect musical du bestiau. Comme je le disais en préambule, sur le papier chaque line-up est hallucinant mais reste à voir ce que vont donner nos stars une fois associées.
Je vais donc être obligé de faire un truc que je déteste : du titre par titre car c’est simplement impossible de tirer des conclusions à la va comme je te pousse d’un tel disque.

The Dagger
Donc ça commence gentiment par un mur de double, un riff qui agresse bien comme il faut et l’entrée en piste de la fine équipe Flynn, Wolbers, Herrick pour ce qui est, à mon goût, leur offrande la plus faiblarde du disque – toute proportion gardée bien entendu. Howard Jones s’éclate (au propre comme au figuré) sur un titre qui fait office d’échauffement pour la suite.

The Enemy
Huiiiiiiii Markyyyyyyyyy *pardon*
Pour la première sortie du quatuor Dino Cazares, Andreas Kisser, Paul Gray, Roy Mayorga, c’est plutôt réussi, c’est même là leur meilleur titre même si il ne brille pas forcément par sa grande originalité. Ca reste néanmoins supra efficace et ça emmerdera vos voisins.

Annihilation by the Hands of God
Morceau très intéressant que celui-là même si j’exècre Glen Benton. Subtil mélange de gros death ricain et de black (seulement sur les passages où ça blastouille gentiment). On reconnaît aisément la marque de fabrique du sieur Jordison (rythmique syncopé, roulement de toms supersonique) et force est de constater qu’il ne gère pas si mal que ça à la batterie. Efficace et bien fichu, avec un line-up de rêve et un tout pitit défaut : sa longueur.

In the Fire
Rien que l’intro indique qu’on va donner dans le old school remis au goût du jour. Bref ça sent le heavy et la voix de King Diamond ne me démentira pas. Une fois qu’on s’est habitué à la voix, ça passe tout seul. Le solo est démentiel et… non rien à dire de plus, un bon titre.

The End
Bizarre… y’a pas de mur de double sur celle-là. The End reste néanmoins un excellent titre avec son mid tempo ultra mélodique, son son massif et ses samples jouissif du maître Rhys Fulber. Les harmonies de Logan Mader à la guitare sont justes et bien placées. C’est d’habitude le genre de chanson qui me gonfle mais celle-là j’aime beaucoup.

Tired ‘N Lonely
Etonnant morceau que voici quand on sait que c’est le p’tit père Jordison qui l’a composé. Clairement plus rock, ça pourrait apparaître dans la disco de Bon Jovi sans que ça choque personne. Les gratteux s’en donnent à cœur joie. Bref un bon titre rock typique du style FM cher aux américains.

Independent (Voice of the Voiceless)
Alors là on a un duo de choc au chant avec Max Cavalera et Rob Flynn. La Flynn touch’ est reconnaissable dans la compo et le joli p’tit couple fonctionne à merveille. Ceci dit, le reste du lien-up me fait dire qu’on n’est pas loin d’un des meilleurs titres de la galette (Andols Herrick à la machine à claque, Christian Olde Wolbers à la basse et Jeff Waters à la lead). Un pur titre de métal qui n’envoie des claques. Certainement une des meilleurs associations du disque car on sent qu’ils ont tous des atomes crochus musicalement parlant. C’est cohérent et ça le fait.

Dawn of a Golden Age
Là aussi le line-up est des plus cohérents au niveau du style des zichos. Ca tartinne, c’est pas mauvais mais ce n’est définitivement pas ma tasse de thé. Je bloque sur la voix de Dani Filth, ce qui n’enlève rien à la qualité du morceau.

The Rich Man
C’est là que Mr Taylor de Slipknot fait son entrée sur un titre très introspectif, à l’ambiance lourde et tempo des plus lents. Il est fort bien secondé par le trio magique Flynn, Wolbers, Herrick déjà vu précédemment. Taylor démontre en plus qu’il a toujours du coffre lors de quelques passages bien sentis sur lesquels il gueule derrière Rob Flynn. Les passages en chant clair sont justes et passent nickels. Encore un bon morceau, certainement un des plus intéressants tant au niveau lyrique qu’au niveau de la compo. Etonnant de voir un tel titre sur ce genre de compil’.

No Way Out
Profitez bien de ce morceau, car c’est la première fois depuis fort longtemps qu’on entend Daryl Palumbo pousser la chansonnette. Une fois de plus Jordison épate la galerie avec cette composition rock/émo/ je sais pas quoi qui est simplement superbe. Du sur mesure pour Daryl qui s’éclate littéralement.

Baptized in the Redemption
Retour du gros métal qui déboîte avec cette fois-ci Dez Fafarra au chant. Quand on a écouté le dernier Devildriver, on se doute que ça ne va pas faire dans la finesse et c’est effectivement le cas. Dino Cazares montre qu’il n’a pas perdu la main pour ce qui est de pondre du riff qui laboure. Le hic ici c’est que c’est juste une chanson métal de plus. Dommage.

Roads
Attention ovni ! Comme je me plais à dire qu’il en faut un sur chaque disque, j’ai celui de la compil’. Ici pas de line-up de fou, juste un chanteur d’exception accompagné par un claviériste de génie (Mikael Akerfeldt et Josh Silver). Les fans d’Opeth vont pouvoir se régaler de 2 min 25 d’un big Mike en acoustique et de surcroît, au sommet de son art. Mais pourquoi seulement 2 min 25 ?

Blood & Flames
Son et composition typique du rock alternatif US au son à tendance lourde. Jesse Leach déploie son énorme palette vocale et est tout simplement bluffant de maîtrise *pourquoi t’as quitté Killswitch Engage bonhomme ? pourquoi ?* La touche de Josh Rand à la guitare est aisément reconnaissable, c’est avec plaisir qu’on le découvre hors de Stone Sour. Certainement le meilleur morceau pondu par Heafy pour le disque.

Constitution Down
Bon autant vous le dire, la les bras m’en tombe vu le line-up. James Murphy et Steve DiGiorgio sur un même titre ça me fait… heu… le deuxième effet kisskool si vous voyez ce que je veux dire. Bref, c’est thrashisant à mort (mais du thrash à l’ancienne), c’est mid tempo, c’est bien foutu. Et une fois de plus c’est une étonnante composition de Jordison.

I Don’t Wanna Be (A Superhero)
Morceau taillé sur mesure pour Micheal Graves… et certainement le morceau le plus faible du disque selon moi. Pas mauvais mais définitivement pas dans le ton du reste niveau qualitatif. On dirait une pale copie de Bad Religion. Pas bien ça Mr Heafy, pas bien du tout.

Army of the Sun
La vengeance du trio magique Flynn, Wolbers, Herrick avec en cerise sur le gâteau le génial Tim Williams au chant. Là je suis à cours de superlatif pour vous dire à quel point ça démonte. Encore un super titre.

No Mas Control
Le gros Dino entre une dernière fois en action avec pour chanteur Cristian Machado et là… oui c’est le drame. J’aime décidément pas sa voix à celui-là. C’est aussi l’entée en scène de maître McClain à la batterie et comme avec Machine Head, ça cartonne. Le rythme syncopé et la lourdeur du titre porte la marque de Cazares mais ça finit par donner l’impression qu’il a ressorti de vieilles démos de Fear Factory exprès pour cette compil’. Dommage car la puissance est là.

Enemy of the State
Typique de ce qu’aurait pu nous sortir Type O Negative. C’est bon à s’ouvrir les veines tellement c’est lent et dépressif. Pas ma came mais bien foutu.

Après plusieurs écoutes, chacun trouvera ses marques et repérera les titres qu’il préfère… je sais dit comme ça ressemble à une lapalissade mais c’est la présence de ‘capitaine’ qui me fait avoir cette profonde réflexion. En effet, après discussion avec d’autres personnes concernant le disque on s’est rendu compte qu’on préférait les chansons de certains capitaines (et vous avez du le remarqué tout au long de la chro). Pour moi c’est clair, les titres de Rob Flynn et de Jordison remportent la palme haut la main. Ceux de Dino Cazares sentent le Fear Factory réchauffé et pas inspiré quant à ceux de Matth Heafy ils manquent clairement de maturité et/ou tombent dans un classicisme qui ne sied pas du tout au disque. Il faut néanmoins reconnaître ce mérite à tous les compositeurs : l’effort fait pour varier les genres… dans le registre métal. Et c’est en fait pour moi le seul regret : l’absence de style autre que le métal. Roadrunner a eu et a en stock des groupes aux styles divers et variés qui auraient peut-être du être représenté su le disque. Bon ceci dit, les chevelus constituent 90% du catalogue donc bon… Ha on me dit dans l’oreillette que Chad Krogger à des cheveux. Hein ? Je sors ? Je peux finir la chro avant ? Merci.

L’album est complété par un DVD aussi bon que peut l’être le disque. Ce making of plutôt bien fichu montre la manière de travailler de chacun des chefs d’équipe. C’est ainsi qu’on voit passer sous nos yeux le casting à pleurer du disque. Vous aurez droit à quelques leçons de guitare (le passage avec Jeff Waters est édifiant), de batterie (y’a du bestiaux sur le disque mais ça c’est pas un scoop) et surtout de basse avec une séquence juste hallucinante où vous comprendrez l’adulation que je porte à Steve DiGiorgio. Jordison se permet de le chambrer en lui demandant de jouer « plus vite et plus technique » alors que l’autre et déjà au taquet, ce qui n’empêche pas DiGiorgio de répondre avec humour « non j’ai le flemme aujourd’hui ». Bref tout le monde semble s’être éclaté et on prend plaisir à les regarder s’amuser. Du bonus intelligent et complètement indispensable à un tel disque.

Simplement la compil’ du siècle côté line-up… et côté musical. Les promesses sur le papier sont tenues à 90%. On est conquis ou pas mais il faut bien reconnaître qu’associer une telle brochette de talents et avoir un résultat démentiel n’est pas chose simple. Ici le résultat est excellent même si certains titres sont un peu en dessous du reste. Il y a néanmoins d’excellentes surprises comme les talents de compositeurs de Jordison et le trio Flynn, Wolbers, Herrick pour sa P****N d’efficacité. Un grand bravo à RR pour avoir laisser une totale liberté artistique à tout ce petit monde. Il aurait été dommage de se priver de chansons du calibre d’Army of the Sun, No Way Out ou bien Roads.

La seule conclusion que je vois à tout cela c’est que Roadrunner c’est payé un super cadeau pour ses 25 ans avec la compil’ du siècle. Happy birthday et merci de nous en avoir fait profiter.