Si je vous dis Bobby Burns, au mieux vous me répondez que c’est le dernier bassiste en date de Soulfly, au pire vous dîtes « qui c’est celui là ? ». Et bien celui-là, avant d’officier chez Soulfly, a joué de la guitare dans un groupe nommé Primer 55, reprenant ainsi la grande tradition des groupes de néo à chiffres (ex : Factory 81, Project 86, Apartement 26 et j’en passe). Le premier album du groupe, Introduction To Mayhem donne dans un rap métal gueulard, basique mais d’une efficacité assez redoutable.

Loose, premier contact avec le groupe et sa musique donne le ton : guitare lourde, basse vrombissante, scratchs à tout va où phrasé hiphop et beuglements alternent sur un débit de paroles plus atroces les unes que les autres typées « je suis un poser et je m’en vante ». « Here I come with the new style kicking Just can’t help it, cause it’s so damn wicked », c’est ainsi que commence le disque avant un torrent de fuck et autres motherfucker que J-Sin débite à tour de bras et avec un bonheur non dissimulé.

Primer 55 - Introduction To Mayhem

Bien que la musique du groupe ne soit pas empreinte d’une originalité foudroyante, elle reste tout de même très efficace et remplie parfaitement son but premier : vous faire remuer votre graisse. De petits monuments du genre comme Loose, The Big Fuck You ou Trippinthehead en sont l’illustration parfaite. Seulement entre ces pièces d’anthologie, le disque perd un peu en intensité, la faute à une qualité de composition plutôt inégale et à quelques interludes insérés ici ou là qui cassent un peu le rythme bien que donnant de la cohésion à l’ensemble.
Pour couronner le tout et donner une certaine crédibilité au délire, vous ajoutez une poignée d’invités relativement inconnus (DJ Kilmore d’Incubus sur G’s, Loose, Supa Freak Love Pigs et Pigs, M.C.U.D. de Hed(pe) sur Set it Off et Mark Harrington de Relative Ash sur l’extraordinaire The Big Fuck You) et vous envoyez la sauce. Le résultat est grandiose, notamment The Big Fuck You où les 2 lascars s’époumonent autant qu’ils peuvent sur le refrain.

Musicalement dépassé, n’apportant rien de nouveau au genre, ce disque est passé inaperçu aux yeux du grand public et pour cause, il ne fut disponible qu’en import presque un an après sa sortie US. Pourtant, Introduction To Mayhem passe à la postérité pour son côté « lyrique » avec des paroles à faire peur (ou mourir de rire c’est selon). Pas loin d’être le disque le plus ordurier de tous les temps, on tient là une masterpiece de second degré qui devrait toucher au cœur les fanatiques de dérision façon Fred Dur$t.
Grossier, vulgaire, scabreux mais jouissif… un must du genre.

Normalement ça vaut 3, je mets 4 parce que j’aime beaucoup.