Aggression – dérive du latin adgredi signifiant « aller vers », « attaquer », « marcher de l’avant ».
Continuum – ensemble d’éléments tels que l’on peut passer de l’un à l’autre de façon continue.
Mouais… il y avait peut-être plus subtile pour nous dire qu’on allait prendre cher.

Le 16 avril dernier sortait Disruptor, single teasé par Dino depuis des mois, ce dernier étant le seul membre historique de Fear Factory encore actif au sein du groupe. Même si on en attendait rien, on n’était quand même déçu pour reprendre Malcolm. Si tout l’album était du même tonneau, c’était l’accident industriel assuré.

A ce moment là c’est vraiment posé la question de savoir comment diable Fear Factory (où ce qu’il en reste) avait pu tomber aussi bas? C’est à la fois très simple et très compliqué et pour ça je vous invite lire (ou relire) le dossier maison sur ce sujet.

Ce qui nous amène à Aggression Continuum, dixième album officiel de Fear Factory et enfant à la fois bâtard et hybride.
Bâtard parce que le gars qui chante dessus ne fait plus parti du groupe.
Hybride parce qu’il est terminé depuis 2017 et qu’il a été retravaillé suite à un crowdfunding réussi par on ne sait quel miracle.

Maintenant que Fear Factory est « son groupe », il faut reconnaître que Dino a les « ballz » de sortir un album enregistré dans les conditions que l’on sait. Compte tenu du fait que le type au micro a un chant notoirement borderline, on peut au moins lui reconnaître qu’il a permis à la technologie de repousser les limites de l’autotune. La basse est un non sujet étant donné le pédigré de la personne occupant le poste. Quant au salarié à la batterie, il démontre qu’il est peut-être finalement le batteur qu’il faut à ce groupe avec quelques fulgurances dignes du grand Fear Factory (Full Injected Suicide Machine) qui font plaisir. Partant de ça il semble compliqué de faire des miracles (artistiquement s’entend).

Reste Dino.
Ne vous laissez pas leurrer par le riff dramatiquement nul de Disruptor, c’est l’arbre qui cache la forêt. Il a fait évolué son jeu et ne se contente plus d’avoir la main droite qui va très vite de haut en bas (non je ne fais pas allusion à sa réputation). Il est clairement la force de frappe principale et propose d’intéressantes variations avec sa 8 corde, se laissant même aller à faire un solo aussi surprenant que réussi sur Monolith. YOLO.

Rendu là, vous vous demandez sûrement d’où sort la note?
Factuellement, l’album coche toutes les cases sensées combler le fan de Fear Factory:
– riffs hachés ultra rapides et gras
– double pédale en mode mitraillette
– zbidiboui pwet pwet partout
– mec qui chante faux
– avoine en permanence
C’est tout ce qu’on veut et c’est exactement ce qu’on nous donne. Cognitive Dissonance nom de diou! En v’la une qui porte bien son nom. Voila d’où vient la note. Et si vous ne ressentez pas la vibe de Demanufacture dans Manufactured Hope (au-delà du jeu de mot s’entend), je ne peux rien pour vous.

Par ailleurs, si on compare Aggression Continuum aux 3 ou 4 derniers albums de FF, il y a un monde entre eux. Il est plus cohérent et surtout bien mieux composé. Bien sûr, ce disque ne réinvente pas la roue et il y a toujours à redire. On peut pinailler sur l’omniprésence des arrangements qui sont parfois un peu « discutables », ce que j’ai évoqué plus haut concernant certains musiciens, certaines facilités ici ou là mais bordel… qui aurait mis un kopek sur un album de Fear Factory aussi démentiellement débile (dans le bon sens du terme si jamais cette expression en a un) en 2021? surtout en partant d’aussi loin.

Franchement c’est une petite joie de voir qu’en 2021 Fear Factory n’est pas un groupe obsolète (BADOUM TSSSSS). Mieux j’ai hâte de voir comment Dino va réinventer le groupe et ce que va pouvoir apporter la nouvelle personne au micro.