Prenez des zickos avec un CV long comme le bras, mettez les ensemble et vous obtenez souvent pas grand chose, parfois un truc bien (cf l’album d’Hannes Grossmann). Conquering Dystopia n’appartient à aucune des catégories citées précédemment.

Nous retrouvons donc Jeff Loomis (guitare, – ex-Nevermore), Alex Webster (Cannibal Corpse), Alex Rüdinger (batterie, The Faceless) et Keith Merrow (guitare, Merrow) au sein de Conquering Dystopia. Et donc les petits gars se sont mis en tête de sortir un album 100% instrumental aux influences aussi diverses que la musique produite par les différents membres du groupe dans leur formation respective. Inutile donc de préciser que le tout va gentiment lorgner du côté d’un Metal hargneux voir même carrément méchant par moment tout en saupoudrant la chose de touches prog de ci de là – rien de rebutant cependant. Inutile également de dire que chacun est excellent à son poste, le niveau technique de cette galette ne sera à aucun moment à remettre en question – et surtout pas la batterie où Rüdinger fait merveille du haut de ses 22 ans.

Conquering Dystopia - Conquering Dystopia

Si à la première écoute, la chose m’a paru indigeste, aussi bien sur les compos que sur la durée, à la seconde, je me suis demandé ce que j’avais foutu en l’écoutant la première fois (je devais bosser sans doute) tellement j’ai eu l’impression d’être totalement passé à côté.
Les compos se révèlent être d’une richesse incroyable, sont très bien structurées et j’avoue avoir pris un malin plaisir à imaginer le truc avec un chant un peu guttural par-dessus, notamment sur l’excellente Totalitarian Sphere. Cet excellent morceau résume d’ailleurs à lui seul tout ce qu’on peut trouver sur Conquering Dystopia et contient probablement un des meilleurs riffs de l’album. En parlant de riff, les 2 loulous aux guitares se renvoient la politesse dans chaque morceau avec des solos techniques juste ce qu’il faut sans que ça tourne au concours de celui qui a la plus grosse. En revanche sur certains riffs rythmiques on peut parfois leur reprocher de vouloir trop en mettre. Sur la durée le tout s’équilibre cependant relativement bien. La section rythmique est simplement fantastique, le duo Webster/ Rüdinger fonctionne extrêmement bien avec un mention spéciale pour ce dernier qui est excellent derrière son kit même si il en fait parfois des caisses (haha), un peu plus de sobriété aurait parfois été de bon aloi. Quant à Webster, il n’a de son côté plus rien à prouver.

De mon point de vue, sortir ce genre d’album est toujours un exercice casse gueule. Les albums purement instrumentaux peuvent vite devenir chiant et ce malgré un lien-up souvent de qualité. Conquering Dystopia évite cet écueil, varie les plaisirs, tape dans tout un tas de genre, varie plans et structures et permet à chacun de se plaisir. Bel exercice et belle réussite.