Leur dernière offrande marquait un tournant décisif dans leur style, cette fois-ci Chimaira reviennent avec un nouvel opus dans la droite ligne de son prédecesseur avec cependant quelques évolutions notables. Le groupe poursuit donc sa lente mue mais que peut donc nous réserver leur dernier rejeton? Du bon, voir même du très bon… et même pour la première fois du moins bon!

Nous allons d’abord regarder ce qui a changé depuis l’excellent album éponyme.
Tout d’abord: le batteur. Andols Herrick est de retour aux futs en lieu et place de Kevin Talley. Autre point, le producteur n’est plus Ben Schigel mais Jason Suecof et enfin autre changement majeur: la majeure partie des riffs est l’oeuvre de Matt Devries et non plus de Rob Arnold. Et rien ça, ça change beaucoup de choses. Mais nous y reviendrons plus tard.

Chimaira - Resurrection

Resurrection reprend donc dignement le flambeau de Chimaira avec un métal lourd, complexe, à la structure non conventionnelle mais cohérente, brutal avec juste ce qu’il faut de mélodie. Bref la bestiole ne s’apprivoise pas en 3 écoutes. Certes il y a un ou deux titres parfaitement imparables qui font de l’effet dès les premières secondes et dont on redoute déjà les effets dans un mosh pit bien chaud (qui a dit Worthless?).

La grande particularité de Ressurection réside dans des titres plus longs, plus posés, qui prennent le temps d’installer leur ambiance et de distiller leurs riffs en s’étirant souvent sur près de 4 minutes avec une pointe à près de 10 minutes pour Six.

Puisant dans toutes ses influences, aussi bien thrash, heavy que death (Kingdom Of Heartache), lorgnant même parfois du côté du black (Empire), Chimaira fait passer un palier supérieur à sa musique. Jamais ils n’ont réussi à créer d’ambiances aussi lourdes et sombres (Killing The Beast), et jamais aussi ils n’ont aussi bien su intégrer les samples de Chris dans leur compos. Ces derniers auparavant utilisés en simple surcouche des chansons, sont ici intégrés directement aux compos ce qui décuplent leur effet et accroit l’intensité du titre, en témoigne le final apocalyptique de Killing The Beast ou le refrain de Resurrection qui en est une parfaite illustration. En plus des samples, il faut souligner le gros travail qui a été réalisé sur les riffs. Certains sont des petits chefs d’oeuvre, à ce titre celui que l’on peut entendre après l’intro de No Reason To Live est à mes yeux un des trucs parmi les plus haineux que l’ont aient écrit depuis celui de Raining Blood.

Cependant il faut nuancer, si certains riffs sont démentiels, d’autres sont clairement moins percutants, c’est toujours du Chimaira mais un chouilla moins incisif, ça perd un peu en efficacité. Cela se ressent surtout sur les titres les plus longs qui peinent parfois à nous tenir en haleine jusqu’à la fin. De même côté batterie. J’ai souvent loué le talent d’Andy (loin de moi l’idée de dire que c’est un quichon) mais quand on a entendu Talley jouer du Chimaira… La différence est notable. Taley avait un touché et un groove qui font défaut à Andy qui a, à mon goût, un jeu un peu trop mécanique. Le fait d’avoir quitter le groupe lui a clairement été profitable car on mesure le chemin parcouru et le travail qu’il a produit, n’empêche qu’à l’oreille je préfère Talley. Quant au chant, Mark s’essaye à différente chose et même au chant clair… perso je préfère quand il se contente de beugler ou quand il va faire tâter du chant death à ses cordes vocales (Worthless). A noter aussi la part plus importante prise par les choeurs qui enfoncent encore un peu plus le clou sur certains titres (Worthless toujours).

Bon… voilà maintenant que j’ai dit ce qui avait changé et ce qui ne me plaisait guère, je peux me répendre en louange sur le génie qui habite ce groupe et sur la profonde envie que j’ai de toute envoyer valdinguer à la simple écoute de Worthless. Blague à part, l’énorme travaille effectuer sur les ambiances prend une dimension gigantesque pour peu que l’on prenne le temps de prêter attention à ce qui se passe. Autant à la première écoute je suis passé au travers de pas mal de choses, autant au fur et à mesure que j’apprends à connaître ce disque, je découvre de petite merveille (The Flame) ou j’en apprends un peu plus sur le penchant bassement bourrin de Chimaira comme sur Empire où certains passages taquinent le côté obscur du métal avec un certain bonheur. Sans parler des passages qui sentent bon le heavy (End It All). A côté ça il y a des morceaux type Black Heart avec quelques relents de hardcore et des passages qui je suis convaincu d’avoir déjà entendu ailleurs qui sont un chouilla en dessous des autres, tout comme Needle soit dit en passant. Alors oui le disque fait 13 titres, il faut tenir la distance mais si un des 2 titres précédemment cités avaient disparu au montage final, je ne m’en serais pas ému plus que ça.
En fait le seul truc qui m’embête vraiment c’est l’immonde pochette du disque et ce, quelque soit la version que l’on se procure.

Ponctué de passages géniaux, Resurrection montre que le groupe met en place un univers de plus en plus marqué dans sa musique en y imprégnant un style très personnel. Comme chaque album, il marque un pas en avant, un changement dans leur musique, chaque fois quelque chose a été affiné ou changé juste ce qu’il faut pour passer à l’étape supérieure comme si chaque disque faisait l’objet d’une analyse et d’une prise de recul critique pour faire encore mieux la fois suivante. Il y a une intelligence dans la façon de faire de ce groupe que beaucoup devraient leur envier. Cependant cette fois-ci, le résultat est pour moi mitigé. Resurrection est un excellent disque, bien supérieur à ce qui va sortir cette année (il sera dans mon top 5 à coup sûr) mais dans mon coeur de fan hystérique il viendra se positionner un microscopique cran en deça de l’éponyme et de l’inusable Impossiblity Of Reason.

Edit: on me dit dans l’oreillette que la version finale ne comporte pas les titres Kingdom Of Heartache et Paralyzed. 11 titres sont donc seulement au programme.