Ce qu’on ne fait pas pour ses lecteurs… j’vous jure… et aussi parce que les engagements moraux ça se respecte. Donc je me suis engagé auprès de mon bien aimé lectorat à aller voir Babymetal, je m’y tiens. Maintenant est-ce que c’était bien?

Aller voir Babymetal était aussi l’occasion pour moi de remettre les pieds à l’Elysée-Montmartre pour la première fois depuis très (très) longtemps.

Concrètement, la salle n’a pas trop changé. La peinture plus claire agrandie les lieux, l’espace au-dessus du célèbre escalier est désormais ouvert et on y installe le merch des groupes. Enfin, les toilettes ne ressemblent plus à un backroom du Marais, le reste n’a pas changé.

Première personne que je vois en rentrant dans la salle, Fred Leclerq (ex-bassiste de Dragonforce désormais chez Kreator), je croiserai également quelques potes photographes du Hellfest. Visiblement, ce concert est « the place to be » dans la sphère Metal parisienne ce soir. Bref, en haut de l’escalier, les gens très disciplinés font la queue pour le vestiaire. Pas très Metal mais mignon.
Puisqu’on parle du public, c’est la partie la plus jeune de celui du Hellfest. L’ambiance sera donc bon-enfant, bienveillante, politiquement correcte et non testée sur anus de babouin. Ca sentira quand même un peu la transpi voire la diarrhée explosive – oui je parle de toi mademoiselle qui sentait le chiotte mal récuré.

Skynd

Annoncé pour un début à 19h30, 19h20 Skynd entre en scène. Trio composé d’un batteur, un bassiste et une chanteuse, le groupe propose un mélange d’indus/électro aux ambiances malsaines voire parfois carrément dérangeante. C’est typiquement le genre de musique que j’aurais mis en fond si un des films Blade Runner avait eu une scène en boîte de nuit. La très grosse distortion sur le son de la basse contraste avec le son très pur de la batterie, quant au chant, il est la plupart du temps altéré par des effets pour toujours plus de malaise. Les rares fois où la voix n’est pas modifiée on peut remarquer que non seulement a chanteuse a un joli timbre mais qu’en plus « elle sait chanter » – comprendre que ça chante juste.
Skynd propose donc quelque chose d’assez singulier, je n’ai pas tout aimé et bizarrement je les ai trouvé meilleurs sur les titres plus lents et lourds que ceux où ça tapaient un peu. Set plié en 30 minutes chronos devant un public parfois mitigé mais plutôt bon client.

25 minutes et un changement de plateau plus tard, changement de galaxie.
Galaxie <=> Galaxy World Tour <=> Metal Galaxy – jeu de mots, cohérence tout ça…
Après une intro sur le mur de LEDs faisant office de fond de scène et l’installation du groupe, nos petites nanas déboulent. A l’instant précis où les premières notes ont commencé à être jouées et qu’elles se sont mises à gesticuler je me suis demandé ce que je foutais là. Je devais bien être le seul parce que le reste dans la salle est rentré dans une sorte de transe hypnotique, comme si ils étaient tous possédés. J’étais à la fois sidéré, terrifié et amusé de voir que TOUT LE MONDE connaissait les paroles par coeur: parents, enfants (oui il y avait des enfants), mecs tatoués et barbus (bon pas moi du coup), filles aux cheveux bleus, tout le monde est partie dans une galaxie lointaine, très lointaine le temps du concert.
« Mec c’est Shanti Shanti Shanti faut que j’aille dans le pit’  » lâche un type avec un sweat Machine Head à côté de moi avant de foncé dans la foule. Comment ça? y’a un pit? je me mets sur la pointe de pieds et… ho les cons! Il y en a un en effet. Un baby pit’ tout kawaii mais il est là. Mais si il n’y avait eu qu’un pit’… sur Karate on a dégainé le wall of death. Là aussi, il était tout kawaii mais ils l’ont fait. Vers le milieu du concert je me suis déplacé depuis mon côté gauche fétiche vers le fond de la salle. Sont-ils moins possédés au fond? Que neni! Un type avec un tshirt Gorgoroth joue sa vie (et ses cervicales) sur chaque titre, même le carré VIP s’en-jouaille gaiement. DAFUQ IZ GOIN’ ON IN HERE?

Pendant ce temps là sur scène, nos 3 demoiselles enchaînent les chorés cucul typique de la J-Pop sur du gros Metal qui tâche. Autant sur album, il y a des morceaux qui fonctionnent bien, autant sur scène je suis plus mitigé. Bien que le son fut démentiel (quoiqu’avec un poil trop de graves), certains effets rendaient moyennement bien mais je pinaille, c’est japonais donc forcément millimétré.
Sur les 3 nanas de Babymetal, une seule chante. La seule autre rescapée de la formation originale à un micro casque qui n’a pas été ouvert bien souvent et la troisième n’est là que pour faire le nombre. Je salue la performance d’arriver à chanter tout en dansant. Néanmoins, mon esprit taquin me laisse penser que de temps en temps, le micro est fermé ou peu ouvert et qu’on entend des bandes. Concrètement est-ce que tout ça est important? Je ne pense pas.
Côté groupe, ça taquine très très fort. J’ai eu l’impression que les musiciens n’étaient pas japonais malgré les masques. Après vérif’, en effet ils ne le sont pas. Est-ce important là aussi? absolument pas. Par contre ils ont tous un niveau surdimensionné par rapport au réel besoin. Juste après Kagerou, chacun y est allé de son petit solo. Le bassiste qui part en taping c’était… inattendu et bluffant. Le batteur est propre, sobre et en fait des caisses juste ce qu’il faut – j’aime. Reste les 2 guitaristes, aimablement sponsorisés par ESP, avec de jolies 7 cordes qui envoient chaque solo en parfaite synchro l’un avec l’autre alors qu’ils sont chacun d’un côté de la scène et ne se voient pas pour ainsi dire pas du tout. Chapeau.

Un bien beau spectacle, parfaitement rodé et sans réel temps mort. M’est avis que comme Carpenter Brut, tout le set est calé sur la vidéo qui passe sur le mur de LEDs.
D’un côté ça permet d’avoir des rendus de fou – comme par exemple avoir une synchro parfaite entre une vidéo des danseuses sur l’écran et les mêmes sur scène – à tel point qu’au début j’ai cru que c’était filmé en direct. Ca permet aussi d’avoir une vidéo en rapport avec le thème de la chanson où d’avoir un guest virtuel. Par exemple sur Oh! MAJINAI, Joakim Bröden (Sabaton), qui est en guest sur l’album, a donné de sa personne pour la vidéo. Quand ça arrive comme ça sans prévenir, ça fait tout drôle. Passons.

Babymetal

L’inconvénient de tout caler sur lé vidéo est qu’il y a zéro possibilité d’improvisation. Conséquence, la durée du concert est toujours la même: 60 minutes chrono (comme le mauvais film avec Nicolas Cage).
21h30 – générique de fin, les lumières se rallument et certains se posent ouvertement la question: c’est déjà fini? Bah oui, c’est que y’a école demain!

Moralité, Babymetal, à voir ou pas?
Pour tout vous dire, je suis un peu mitigé. A 39€50 la place pour 1 heure de concert et 30 minutes de première partie, on peut se dire que fait cher la blague. Au-delà de ça, c’est à des années lumières (galaxie tout ça) de toute ce que j’ai pu voir en concert – même dans les groupes japonais. C’est déstabilisant au premier abord mais on se prend au jeu. Côté musique c’est ultra carré, ça sonne super bien, visuellement c’est très sympa (je ne dis pas ça parce que des japonaises en jupette dansent sur scène) et puis merde… quand ça envoie ça envoie!
Alors est-ce que j’y retournerai? sur une date unique comme ça? Sans doute pas. En festival? sans problème.

Et puis Megitsune live bordel! Ha bah ça tombe bien, c’est justement celle que j’ai filmé. Coïncidence?

Un grand merci à toi cher lecteur de m’avoir envoyé voir ça. Faudra rééditer l’expérience. Ou pas.