5ème rejeton de Strapping Young Lad, The New Black est définitivement une rupture dans la discographie du groupe.
Résolument moins rentre dedans que ces 4 prédécesseurs, il garde la marque de fabrique de SYL mais ne peut renier une parenté avec un des autres groupes de son génial géniteur. Ce joyeux mélange des genres nous donne un album riche, surprenant mais pas forcément aussi simple à appréhender qu’il n’y paraît.

Surtout, en écoutant The New Black, dites-vous bien que ce que vous entendez n’est rien, mais alors absolument rien du tout comparé à ce que vous entendrez en live. Je dis ça pour ceux qui trouvent le disque mou du genou. Et c’est dans le cas présent qu’on se rend compte de toute l’importance des concerts pour parfois apprécié pleinement tout ce qui se dégage d’un disque.

Strapping Young Lad - The New Black

Si Decimator met gentiment en bouche, son énergie live met à genou n’importe qui. Je passe sous silence You Suck dont le refrain est déjà passé à la postérité, et je ne parle des passages du sieur Hoglan à fond les ballons sur ses 2 rides. Si je vous dis ça d’entrée, c’est simplement parce qu’à la première écoute, on peut légitimement se sentir dérouter. On s’attend à du SYL 100% pur jus et on se retrouve face à un SYL hybride dont la lente mutation qui s’est entamée sur l’album éponyme prend ici une accélération fulgurante.

Beaucoup ont dit que ce nouvel album de SYL se rapprochait de ce que Devin faisait avec le Devin Townsend Band. C’est vrai dans la mesure où l’on retrouve des éléments bien barrés dans les compos (Antiproduct), un chant clair bien plus présent, des arrangements aériens (Wrong Side), des soli dont le niveau technique laisse rêveur (Wrong Side toujours) et des rythmiques globalement plus « calmes » que sur Alien par exemple. Néanmoins, le tout garde un côté massif et certains ne peuvent s’empêcher de verser dans un style inimitable et typiquement « SYLien ». Que dire de la remise au goût du jour de Far Beyond Metal qui remet sur piédestal ce petit joyaux de bestialité.

Néanmoins, on peut s’interroger sur le pourquoi de ce mélange des genres. Petite baisse d’inspiration? Difficulté à faire la différence entre différents projets? Si le sieur Devin exprime son talent avec toujours autant de maestria, on ressent comme une petite baisse de régime. Difficile pourtant de dire à quoi cela est du… lassitude? Fatigue? Prise de conscience du syndrome de l’album inégalable (je parle de City bien entendu)? Un peu de tout ça? Quoiqu’il en soit, Townsend a perdu en hargne et il semble que la folie furieuse qui l’habitait lors de l’enregistrement de City soit bel et bien terminée pour de bon (pour ceux qui en doutaient encore). L’homme met de l’ordre dans sa tête, dans sa vie et dans sa musique mais pas dans son génie, car de la créativité il en a à revendre (et c’est bien ça le plus important). Forcément cela s’en ressent à un moment ou à un autre et là… on a clairement atteint un nouveau palier. De plus il est intéressant de noter que les autres membres du groupe sont de plus en plus impliqués dans le processus de création. Le résultat obtenu n’est donc pas anodin.

Quoiqu’il en soit, The New Black ne laissera personne indifférent… Surtout les fans dont je fais partie. Je me retrouve donc tirailler entre une envie de dire que pour du SYL c’est un cran en dessous ce à quoi nous étions habitué mais d’un autre côté, si on oublie le reste… cet album est une perle comme beaucoup rêverait d’en avoir dans leur disco. Si seulement il n’y avait pas eu City… Comme je l’ai déjà dit dans mes précédentes chroniques de SYL, autant attaquer l’Everest en tongs que d’espérer faire aussi bien.
Au final mon cœur de fan l’emporte et j’ai juste envie de vous dire… punaise qu’est-ce que ça tue