Sur le chemin pavé de bonnes intentions qui parsèment la vie des groupes, a fortiori ceux des plus jeunes, le nouvel album fait parfois figure d’épouvantail, à plus forte raison si le précédent a été acclamé par public et critiques.
Ascendancy nous avait fait découvrir un jeune groupe plein de talent et promis à un bel avenir (et pire que tout: un groupe qui le sait et qui en joue). Moult tournées et tatouages plus tard, Trivium est de retour avec un album qui marque un changement décisif dans son style musical. Exit le metalcore péchu, place au thrash à l’ancienne.

Dès les premières notes, le ton est donné. Riff thrashisant, rythmique bien lourde, passage mélodique en chant clair, petit chorus en forme d’hymne et solo technique juste ce qu’il faut. Le fossée entre cet album et son prédecesseur est donc plus que conséquent. Fini les riffs démentiels d’efficacité sur les couplets et les refrains mou du genou façon Pull Harder On The Strings Of Your Martyr, ici Trivium se veut efficace sur tous les plans en évoluant vers des structures plus techniques et plus complexes et Trivium réussi plutôt bien son coup il faut le reconnaître.

Trivium - The Crusade

A ce titre, le morceau qui se démarque le plus de ses congénères est l’hymne en puissance que constitue le bien nommé single Anthem (We are the fire). Avec ses faux airs Maidenien, Anthem est clairement le titre phare de The Crusade. Le refrain poussé par les coeurs donne une pêche indéniable à l’ensemble. Il est cependant dommage qu’il soit tout seul perdu au milieu de titre agréable mais manquant un peu de personnalité. Certes l’album se conclue sur un morceau accoustique de 8 minutes qui n’est pas sans faire penser à des morceaux cultes de Metallica comme Orion, sans toutefois en avoir la maestria.

C’est techniquement irréprochable, les 4 musiciens ont clairement revu leur niveau de jeu à la hausse. Les guitares sont clairement plus affutées, les riffs moins simplistes, les harmonies plus travaillées. Le chant, vendu pour être plus clair et moins hurlé, est lui aussi sur une pente ascendente (cy – mouhahaha). La rythmique n’est pas en reste tant au niveau de la basse que de la batterie où Travis nous gratifie de roulements syncopés assez musclés dans leur genre.

Si Iron Maiden et Metallica débutaient leur carrière en cette année 2006, voici un parfait exemple de ce qu’ils auraient pu nous sortir. The Crusade a une filiation claire et assumée avec ses 2 groupes et leur style si particulier. Tentant de piocher le meilleur dans ces 2 grosses influences, Trivium sort un album de thrash orienté old school qui sonne pas mal mais qui, selon moi, pêche par un manque de titre vraiment accrocheur. Contrairement à Ascendancy, The Crusade n’a pas ce petit truc qui donne envie d’y revenir. C’est bien fait, ça s’enchaîne parfaitement mais il manque la petite étincelle qui fait que…