Que dire? Je suis sans voix devant ce plus qu’improbable comeback qu’est celui de Body Count, groupe cher à mes années collège et à mes premières amours métalliques. Si en plus Manslaughter est l’album que je crois qu’il est… je ne vais pas m’en remettre.

Quatrième album du groupe – oui quatrième car pour moi Murder 4 Hire est comme les Episodes I, II et II de Star Wars: ils n’ont jamais existé – Manslaughter a de quoi surprendre.
Je m’explique.

Body Count - Manslaughter

Dès la première note, on sait que se sont eux mais il y a un petit quelque chose qui a changé. Est-ce du à la prod? Au changement de musiciens? Je ne sais pas, toujours est-il que si la première écoute peut laisser circonspect, la seconde remet les chose à leur place: oui c’est du Body Count mais du Body Count version 2014. En effet, si on retrouve la patte inimitable d’Earnie C dans les riff, le son de gratte ou les solos, on sent également que la façon d’écrire les titres à évoluer. Plutôt que de vouloir faire du old school à tout prix ou bien vouloir faire top tendance, BC a pris le parti de simplement modernisé sa musique mais a également pris soin d’y incorporer quelques nouveautés. Je pense ici notamment au son de la guitare qui sonne furieusement comme sur un disque de Hardcore new-yorkais, de même certains plans basse/batterie qui ne ferait pas tâche chez Madball ou Hatebreed et je ne parle même pas de mosh parts (cf Bitch In The Pit qui résume plus ou moins tout ça). Car oui il est y a maintenant des mosh parts chez Body Count et surtout, il y a moins de Rap.

On ne va pas se mentir, si ça fonctionne la plupart du temps – l’excellente Manshlaughter et la non moins excellente Pop Bubble avec le père Jasta qui vient brailler en bonus, il y a aussi des petits trucs qui pêche. Black Voodoo Sex par exemple, le titre puise ses influences dans d’anciens morceaux du groupe époque Cop Killer (Voodoo et Evil Dick notamment) mais est juste pénible malgré une ambiance réussie ou I Will Always Love You qui voudrait atteindre la maestria d’un Last Days sur Violent Demise sans jamais parvenir ne serait-ce qu’à décoller, sans parler du fait qu’Ice se laisse aller à tenter de chanter ce qui est une très très mauvaise idée. Je ne suis pas non plus convaincu par la reprise de 99 Problems (quoique le Rock Mix proposé en fin de disque est infiniment meilleur) ou bien par la reprise Institionalized 2014. Sauf que voila, pour ces petits trucs qui clochent, on a à côté des merveilles Talk Shit, Get Shot, Pray For Death, Bitch In The Pit, Manslaughter ou Pop Bubble qui sera sans aucun doute dans mon top titre de l’année.

La prod change aussi considérablement. Comme je l’évoquais plus haut, côté gratte ça sonne coreux, la batterie également a pris ce tournant et la basse aussi. En fait BC sonne coreux mais imprime sa marque au style et au son que l’on connait ce qui lui confère un certaine originalité. Alors certes je préfère quand ça sonne un peu plus chaleureux que cette prod sans doute volontairement distante et froide, n’empêche que ça fonctionne.
Côté paroles, c’est rare que j’en parle mais quand elles sont aussi funky que celles-là, il faut le souligner.

Il n’est pas parfait ça non, mais que ce Manslaughter fait plaisir! Non de Zeux en cette morne année 2014 où l’industrie musicale continue du nous chier des clones de clones et où les cadors du genre se bouffent la queue à n’en plus finir par simple appât du gain, Body Count déboule et sort le skeud qui te remet les pendules à l’heure de façon virile et pas du tout correcte.
Oui Manslaughter poutre méchamment, oui ça le fait, oui on a enfin un putain de bon disque en 2014 et putain oui je suis content de voir un des mes groupes fétiches revenir de nulle part avec un album de ce calibre.
Bref Body Count meilleur groupe de Black Metal de tous les temps.