Combien de groupes connaissez-vous qui puissent dire « hey nous sortons notre seizième album »? Ouais je sais… pas tant que ça et c’est pourtant ce que vient de faire Annihilator avec For The Demented.

Je ne vous ferai pas l’affront de vous résumer la carrière du groupe tant celle-ci est alambiquée. Ce qu’il faut simplement retenir c’est qu’elle a connu plus de bas que de hauts et que là où beaucoup auraient lâché l’affaire, l’infatigable entêté qu’est Jeff Waters a tenu la baraque contre vents et marées.

C’est donc après une n-ième marée basse qu’il a commencé rebâtir son groupe avec un line-up composé de petits jeunes doués voir très doués et qui apportent du sang neuf au combo canadien.

Aaron Homma (guitare), Fabio Alessandrini (batterie) et surtout Rich Hinks (basse) ont, pour le moins, eu une influence positive sur l’album. Hinks a en effet eu l’immense privilège d’avoir le droit d’assister Waters lors de la production de l’album et cela fait un bien fou! Si Annihilator a gardé son son, on sent néanmoins l’apport du petit jeune dans l’utilisation d’arrangements divers et variés qui donnent un peu de fraîcheur au style parfois poussiéreux du groupe (Altering The Altar). Sans se révolutionner (plus Annihilator que One To Kill, c’est compliqué), Waters et ses acolytes réussissent à injecter du sang neuf à un groupe moribond qui, bien que sur une pente ascendante depuis un ou deux albums, ne vit que sur sa renommée depuis Never, Neverland – ça commence à dater.

For The Demented permet à Annihilator de se remettre sur de bons rails en proposant un Thrash léger et mélodique, parfois catchy (The Demon You Know et ses faux airs de Megadeth) mais sans renier ce qui fait l’identité du groupe: les envolées guitaristiques de Waters. Moins bavard, au file des 10 titres, le groupe fait dans l’efficace et varie les tempos. Et même si il y a quelques ratés comme The Way et son penchant punk hors sujet, le reste est plutôt inspiré et agréable à l’écoute. Chose inhabituelle, on a même envie d’y revenir une fois le tour de manège terminé.

Ceci étant dit, plus le temps passe et plus l’idée que Jeff Waters restera dans l’histoire comme un des plus grands gâchis de l’histoire du Métal se confirme pour moi. Son jeu pourrait tirer vers le haut n’importe quel autre groupe mais le mec préfère s’entêter avec son groupe et un horizon musical parfois limitée. Il aura beau dire qu’il se remet en question, la plupart des albums du groupe tendent à prouver le contraire. Reste juste un jeu de guitare hallucinant qui met K.O. pas mal de monde. Retenez que ce mec a dit non à Megadeth pour remplacer Marty Friedman à l’époque!

Tout ça pour dire que For the Tormented, pourrait être l’album tant attendu par les fans du groupe (si si il y en a) tellement il semble mettre Annihilator sur une voie pérenne et prometteuse. A condition de garder ce line-up car il a un méchant potentiel.