Tarif de groupe aujourd’hui puisque nous avons au programme, non pas un mais DEUX membres de Dimmu Borgir pour nous parler de leur dernier bébé.

Dimmu Borgir - In Sorte Diaboli

NicKo: Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de ressortir un album après Death Cult Armageddon ?
Silenoz : On a décidé de faire un petit break qui s’est mué en une longue pause (rires). Et durant cette période certains membres du groupe sont devenus papa. Nous avons travaillé sur d’autres projets musicaux et puis quatre années sont passées sans qu’on s’en soit vraiment rendus compte. Il était temps qu’on sorte ce nouvel album.

NicKo: La re-sortie de Stormbläst a du pas mal vous occuper, non?
Silenoz : Oui, ça aussi. Mais en réalité, en dépit de quelques formalités par ci par là, ça n’a pas demandé trop de travail. Mais c’était bien de pouvoir enfin le faire et de lui donner la sonorité dont nous avions envie lors de sa première sortie.

NicKo: Corrige-moi si je me trompe mais il me semble que In Sorte Diaboli est votre premier concept album…
Silenoz : Oui. Je suppose qu’on peut parler d’un album à histoire plutôt que d’un concept album. Toutes les paroles traitent de la même chose.

NicKo: Pourquoi avoir choisi cette direction ?
Silenoz : Je suppose que j’avais envie d’écrire les paroles avec une autre perspective. Même si c’est toujours un peu le même exercice c’est juste rythmé de façon un peu différente. C’est une histoire que l’auditeur peut suivre en lisant les paroles.

NicKo: A l’écoute, je ressens des influences de vos autres projets. Est-ce que ça a influencé d’une manière ou d’une autre l’écriture du disque ?
Silenoz : Pas de façon directe, mais je crois que c’est quelque chose de sain pour le groupe que nous ayons d’autres activités musicales sur le côté. Si vous avez des idées ou des envies qui ne conviennent pas au style de DIMMU, il est sain de pouvoir les explorer et les exploiter dans une autre formation. C’est certain.

NicKo: L’album conte une histoire. Quel en est le « scénario » ?
Silenoz : L’histoire est essentiellement focalisée sur un personnage qui travaille pour une église et au bout de quelques semaines il a cette écrasante révélation qu’il est en lien direct avec le diable. Sa lignée remonte directement jusqu’à lui. Et alors qu’il continue à exercer au sein de cette église il commence également à travailler avec l’autre côté (rires). Il crée une sorte de culte et gagne des partisans. Mais au bout de quelques mois les gens se retournent contre lui parce qu’ils réalisent qu’il est une menace pour la société locale. Parce qu’au Moyen Age et au début de la Renaissance il était bien sûr totalement défendu de pratiquer tout autre culte que le christianisme. Il va donc souffrir de sa différence… du fait qu’il soit différent des autres et c’est bien sûr aussi symbolique de l’histoire de la chute de Lucifer, déchu du Paradis parce que Dieu le voyait comme une menace. Il est dépeint comme l’un des anges les plus intelligents et les plus beaux. C’est pour cela qu’il n’a pas pu s’intégrer dans la création de Dieu… parce qu’il était différent. C’est un peu le même symbolisme.

NicKo: Question stupide mais mon côté Jedi reprend le dessus, tu ne trouves pas que ça a un petit côté Star Wars votre histoire ?
Silenoz : Je ne sais pas parce que je n’ai jamais été un fan de Star Wars (rires). J’ai entendu d’autres gens faire la même remarque donc peut-être que c’est le cas mais je suis certain que ça rappelle aussi bon nombre d’autres choses. Si c’est vraiment le cas ce n’est qu’une coïncidence parce que je n’ai jamais été fan de cette saga (rires).
NicKo: C’est cette histoire de pouvoir et de « côté obscur » …
Silenoz : C’est une question qui se tient. Mais c’est juste une manière de l’écrire de manière sombre et romantique tu sais.

NicKo: A chaque album vous avez des visuels très forts. Comment abordé vous la créa de l’artwork ?
Silenoz : La peinture qui a servi de base pour l’arrière plan est l’œuvre de Hans Memling, un peintre hollandais du 15ème siècle à laquelle nous avons ajouté la représentation de Baphomet qui, comme tu le sais sûrement, est un formidable symbole d’équilibre. Je pense qu’il est représenté correctement cette fois parce que dans la culture « underground », les gens aiment le voir dépeint de façon aussi sinistre que possible. Mais la véritable description de Baphomet inclue aussi une ressemblance avec un chien, un taureau et un âne… et pas uniquement avec un bouc. Et je pense qu’on retrouve tous ces éléments dans le vrai personnage. Joachim Luerke qui avait déjà fait l’artwork de Death Cult Armageddon a également réalisé celui-ci. Il est parvenu à créer pour nous un Baphomet dont l’apparence est juste et selon moi c’est la première fois que je vois une représentation correcte de Baphomet. C’est cliché d’utiliser cette idole parce qu’il a été très souvent exploité par la scène underground mais au moins, pour une fois, c’est fait de manière exacte.

NicKo: Est-ce que vous avez demandé des changements à l’artiste par la suite ou ces aspects étaient-ils déjà présents sur le projet qu’il vous a soumis pour l’album ?
Silenoz : Non. Il a bien sûr peaufiné les détails après nous l’avoir soumis pour la première fois. C’était très important d’avoir quelque chose en lien avec l’histoire et l’esthétique de l’époque du récit.

NicKo: Vous avez tourné un clip pour « The serpentine offering ». Avez-vous eu les moyens de vos ambitions ?
Silenoz : Oui, c’était un gros budget. J’ignore combien il a coûté et je ne veux pas le savoir (rires). Mais il est évidemment important d’avoir des clips et surtout cette fois-ci, d’avoir une vidéo qui traite de l’intrigue principale de l’album. C’est bien sûr difficile de la résumer en trois minutes et demi mais je pense que le symbolisme que nous avons utilisé dans la vidéo est une géniale représentation de l’album dans sa globalité, alors…

Shagrath fait « enfin » son apparition et nous rejoint avec la tête du gars qui sort de sa sieste.

NicKo: Hellhammer est à la batterie sur cet album. Qu’apporte-t-il à votre musique ?
Silenoz : Il a sans aucun doute apporté son expérience, c’est un musicien très talentueux.
Shagrath : Il a collaboré avec tant d’autres groupes à ce même poste que quand on joue avec lui il n’y as pas de limite…
Silenoz : Il peut tout jouer.
Shagrath : Il a joué aux côtés de Mayhem et Arcturus, ce dernier groupe étant assez proche de ce qu’a fait Dimmu, il ne fait pas que suivre le rythme, il donne son énergie à la musique.
Silenoz : Oui. Il n’était pas très impliqué dans la composition de l’album mais il nous a apporté quelques idées et suggestions. Son expérience fait qu’il voit la musique avec une perspective différente de la plupart des batteurs, il voit au-delà des fûts.

NicKo: Allez-vous le garder comme batteur attitré ?
Silenoz : Non, je viens de le virer (rires). Il restera au minimum notre batteur de session à l’avenir. Nous verrons comment ça fonctionne. Mais nous ne projetons pas pour l’instant d’intégrer d’autres membres au sein du groupe.

NicKo: Et pour la tournée ?
Silenoz :Oh, il jouera le plus de dates possible avec nous sur la tournée.
Shagrath : Oui. Il est impliqué dans tout ce qui touche à l’album, y compris les sessions photos. Il n’est pas un membre permanent mais il est là pour faire le boulot pour cet album y compris les live, etc…

NicKo: Pensez-vous que le prochain album pourrait également être un concept album ?
Shagrath : Non.
Silenoz : Non. C’est trop tôt pour le dire. On a à peine fini de bosser sur celui-ci donc on verra ça plus tard mais le prochain album sera probablement quelque chose d’à nouveau très différent.

Silenoz

Silenoz

NicKo: Vous savez probablement que votre album est déjà disponible sur internet, avant même sa sortie dans les bacs. Qu’est-ce que ça vous fait ?
Silenoz : C’est frustrant dans le sens où une chose sur laquelle vous avez travaillé pendant si longtemps peut-être volée par quelqu’un d’autre en quelques secondes. Mais en même temps je ne crois pas que cela nuira aux ventes autant que cela peut nuire à celles de la pop music ou de trucs du genre. Parce que…
Shagrath : La majorité des gens qui écoutent de la pop music n’ont pas envie de lire les paroles ou de regarder les images du livret. Tout ce qu’ils veulent c’est écouter la musique. Ce n’est pas le cas de la plupart des amateurs de Metal qui sont beaucoup plus désireux d’avoir le package complet.
Silenoz: Ils veulent aussi une bonne qualité de son qu’on ne peut avoir qu’en achetant de vrais CD. Et puis en général, sur les albums de Metal il n’y a pas de titres ratés vous savez. Sur la majorité des albums pop il y a un ou deux hits et le reste c’est des conneries donc, évidemment, c’est plus approprié de télécharger ce genre de trucs. Mais bien sûr ça craint parce que quelque chose qui vous appartient vous a été volé. Parce que la personne qui l’a mis en ligne n’oserait sûrement pas aller dans un magasin de musique pour prendre un CD et s’enfuir avec sans le payer. Pourtant c’est la même chose. Mais en même temps je pense que pour les groupes qui n’ont pas de contrat avec un label et qui cherchent à être signés, Internet demeure le meilleur outil de promotion qui soit. Mais pour nous qui vivons de la vente de nos albums et des tournées que nous faisons autour du monde… ce sont nos seules sources de revenus… c’est comme si quelqu’un nous volait cet argent. Le principe est fondamentalement le même.

NicKo: Au-delà ce cet aspect, l’album a déjà circulé et a donc déjà été chroniqué sur plusieurs sites ou forums. Les avis à son propos sont plutôt mitigés…
Silenoz : Ce qui est bien parce qu’on a des avis très tranchés.
Shagrath : Il n’y a pas de juste milieu.
Silenoz : Oui, rien n’est pire que les gens qui restent indifférents et qui ne disent rien sur l’album. C’est mieux d’avoir des réactions mêmes si elles sont vraiment mauvaises et que les gens détestent vraiment et dénigrent l’album. C’est génial ! Comprends-moi bien, c’est bien mieux quand les gens aiment l’album évidemment mais on a aussi besoin de ces détracteurs pour créer l’événement autour du groupe et de l’album.

NicKo: Que pensez-vous du fait que certains fans purs et durs prétendent que vous n’avez pas évolué depuis l’album précédent ?
Silenoz : Nous savons parfaitement que nous ne pourrons jamais satisfaire tout le monde mais tant que cela nous plaît à nous, que cela nous convient, que nous sommes confiants… c’est tout ce qui compte vraiment.
Shagrath : Je ne crois pas que les fans typiques de Dimmu seront déçus par cet album. Il renferme tous les éléments pour lesquels nous sommes connus. Donc je ne crois pas qu’ils seront déçus s’ils ont aimés les trucs que nous avons faits avant.

NicKo: Vous dîtes n’avoir pas passé beaucoup de temps en studios pour cet album. Comment alors êtes-vous parvenus à obtenir un son aussi énorme sur cet album ?
Silenoz : Oh, tu sais, c’est grâce à la technologie moderne (rires). Il est désormais bien plus facile d’enregistrer un album. Tout va plus vite pour le faire… si tu utilises ProTools, c’est plus simple qu’avec les vieilles machines. C’est pour cela que nous n’avons pas eu à passer trop de temps en studios. En plus, cette fois, nous étions si concentrés quand nous sommes entrés en studios que même si nous n’avions pas toutes les parties déjà prêtes… nous étions dans un studio perdu en pleine campagne et il n’y avait rien d’autre à faire que de nous consacrer à notre travail. C’est pour cela que cela ne nous a pas pris très longtemps. L’enregistrement a pris cinq ou six semaines seulement.
Shagrath : Le précédent nous avait pris trois mois, alors (rires)…
NicKo: Vous aviez pourtant travaillé avec un orchestre sur DCA.
Silenoz : Oui, mais ça n’avait pris qu’une journée. Une journée pour les enregistrer et quelques jours pour l’éditer. Ce n’était pas si difficile.

NicKo: Quels sont vos plans pour la tournée à venir ?
Silenoz : D’abord les Etats-Unis au printemps, ensuite plusieurs concerts et festivals durant l’été. Une tournée en Norvège à l’automne qui clôturera la tournée européenne amorcée en septembre ou octobre.

NicKo: L’Amérique occupe désormais une part plus importante dans vos tournées, non?
Silenoz : Oui. C’est le pays où nous vendons le plus d’albums. Nous vendons bien sûr plus d’albums en Europe mais tous pays confondus. C’est un marché grandissant et nous semblons y gagner des fans à chaque nouvel album donc nous nous devons d’y jouer davantage pour leur montrer notre gratitude. Bien sûr, à bien des niveaux, c’est plus facile d’avoir une belle affiche sur les scènes européennes parce que les groupes réunis sont plus cohérents. En Amérique le niveau des groupes rassemblés peut-être beaucoup plus aléatoire.

NicKo: Est-ce que les américains s’ouvrent de plus en plus aux groupes européens ?
Shagrath : Oui, oui, assurément. C’est un marché en plein essor.

NicKo: Vous êtes très pris par le groupe mais avez-vous le loisir de faire d’autres choses ?
Shagrath : Oui, on a aussi une vie privée (rires).

NicKo: Il y a donc la musique, votre vie privée, et rien d’autre ?
Shagrath : Oui, à peu près. Tout est fondamentalement basé sur la musique.
Silenoz : Oui, c’est 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Dimmu n’est pas juste un hobby, c’est devenu notre travail. Ce qui doit être pris en considération. Mais c’est un travail très agréable donc je ne me plains pas (rires).

Shagrath

Shagrath

NicKo: Je vous pose la question parce que j’ai vu Peter d’Hypocrisy lundi et il m’a dit qu’il passait tout son temps libre à jouer à la Playstation…
(rires général)
Silenoz : Le peu de temps libre que nous avons, nous le passons avec nos familles. On joue aussi un peu à la X-Box et puis on traîne.
Silenoz et Shagrath en cœur : On traîne avec des durs à cuire (rires) !

Shagrath sort une blague en norvégien qui fait exploser de rire son acolyte. *grand moment de solitude*

NicKo: Que pensez-vous de la reformation de groupes comme Emperor ou Immortal ?
Silenoz : En fait je ne pensais pas que ça se ferait aussi tôt. Je pense que ce sont des groupes qui n’ont pas compris ce qu’ils avaient.
Shagrath : Je pense qu’Immortal ne fera que quelques gros festivals. C’est ce que j’ai entendu dire.
Silenoz : Je crois qu’ils vont aussi refaire un album parce qu’Abbath m’a envoyé un sms l’autre jour où il me disait qu’ils avaient trois nouveaux titres. Ils vont sans aucun doute ressortir un album. Je sais qu’ils avaient besoin d’une pause mais je pense qu’ils ont pris conscience de combien ils aiment leur bon vieux groupe. Je pense que c’est pour cela qu’ils se sont reformés… aussi bien Immortal qu’Emperor.

NicKo: Et la petite dernière, quelle est la question la plus con qu’on vous ait jamais posé lors d’une interview ?
Shagrath : Ma pointure (rires) !

Merci à Shagrath & Silenoz ainsi qu’à Valérie