Vu les circontances (pluie, pas de salle de presse digne de ce nom), c’est dans le bus du groupe que Rob Flynn nous accueille pour un mini interview d’avant concert. On y parlera de The Blackening, de la vie en tournée et de choses légères 🙂

Hellfest 2007

Hellfest 2007

NicKo: Au jour d’aujourd’hui, penses-tu que Machine Head a enfin trouver l’alchimie parfaite ?
Rob : Phil est dans le groupe depuis 5 ans, Dave depuis 12… C’est Adam, Dave et moi depuis 12 ans. Ca fait une paye ! Phil est là depuis 5 ans… en fait c’est un peu comme si on avait toujours été ensemble. Donc oui je pense que nous sommes au top.

NicKo: C’est votre second album avec Phil, comment procédez-vous pour écrire depuis son arrivée ?
Rob : Ho c’est très simple. Chacun arrive avec ses idées et on teste tout. Parfois on arrange et on voit ce que ça donne. J’écris toujours la majorité des trucs mais quand je vois une bonne idée, je la prends, je l’intègre à mon travail pour en faire une super idée. C’est ma force, je prends leurs idées pour les améliorer et en faire quelque chose d’encore mieux. J’ai besoin d’eux pour ça. Ca m’arrive d’écrire des chansons en entier mais la plupart sont du travail de groupe.
En général, on reste après la répet’ et on teste les idées et… voila quoi ! (rires) Tu sais j’aimerais avoir une super explication pour te dire comment on perçoit tout ça à travers nos visions (rires) mais en fait c’est très simple ! Des fois c’est même limite Beavis & Butthead ! « That’s cool ! That sucks ! »

NicKo: Vos nouveaux titres tranchent pas mal avec ce que vous avez fait auparavant. A-t-il été difficile pour vous d’adapter ses chansons à la scène ?
Rob : Quand nous étions en studio, nous jouions ce que nous écrivions. Si ça ne le faisait pas là-bas, pour nous il était évident que ça ne le ferait nulle part. En plus ça n’aurait même pas été enregistré ! (rires). Non en fait le plus dur ce n’est pas de les jouer live mais de les enregistrer ! (rires) En studio tout doit être super carré, à tel point que ça en devient parfois chiant !

NicKo: Toujours à propos de vos nouveaux titres, vous avez pas mal changé vos titres structurellement. Pareil dans la façon dont ils sont composés. Etait-ce quelque chose que vous vouliez faire depuis longtemps ou bien est-ce naturel ? Ou pire encore est-ce l’influence de Phil ?
(rires général)
Rob : Si tu regardes bien, déjà sur Burn my eyes on avait des titres à 5/6 minutes. Davidian par exemple. Mais c’est vrai que sur Ashes on a commencé à expérimenter des morceaux encore plus longs.
(Il réfléchit)
En fait, on ne s’est pas levé un matin en se disant « tiens aujourd’hui on va faire un morceau de 10 minutes ». Nous avons été les premiers surpris de voir que le premier morceau de l’album faisait 10 minutes 30 ! L’important pour nous c’est qu’elle ne soit pas perçu comme une chanson de 10 minutes 30. Ca m’emmerderait qu’on se dise « houla elle fait 10 minutes elle va être chiante ». On a composé ça avec un maximum de changement de rythmes et de variété pour qu’elle ne donne pas l’impression de traîner en longueur inutilement. On a mis plein de variations du même riff et comme je sais qu’on a des fans très tatillons et attachés aux détails, on a fait en sorte de ne jamais faire des motifs de plus de 10 secondes. Comme ça ça varie vraiment. On a essayé de donner une sensation de mouvement perpétuel et je trouve que ça fonctionne plutôt pas mal.

NicKo: en lisant tes paroles, on se rend compte que tu as un regard sur le monde plutôt sombre. Tes paroles sont-elles vraiment le reflet de ta pensée ou juste une illustration parmi d’autres de l’état de la planète ?
(long silence)
Rob : Je vois des lueurs d’espoir et je me dis qu’il suffit de pas grand-chose pour remettre la machine dans le bon sens. Je vois des kids qui se reconnaissent dans ces paroles, et ça me donne de l’espoir. Mais globalement je vois le monde aller de plus en plus mal.
Tu sais, je te dis ça mais je ne te donne que mon point de vue d’américain. Je ne peux te parler que de ce que je sais ou de ce que je vois dans mon pays. Peut-être vous ici avez-vous des infos que nous n’avons pas aux USA. Je sais que vous avez un nouveau président dont je serais incapable de te donner son nom. Je sais qu’il est plutôt conservateur mais pas beaucoup plus que ce qui en a été dit chez nous.
(L’air grave)
Je suis beaucoup plus au courant du merdier chez nous par contre.
C’est ça qui m’inspire, j’écris sur ce que je vois. Je vois le métal et ce que je fais comme une sorte de blues moderne. On n’écrit pas pour dire à quel point le monde est beau, des millions de groupes de pop font ça. Tous ces groupes m’emmerdent, ils racontent n’importe quoi pour se voiler la face. Oublies que ça va mal, fais comme si tout était rose… Ok il y a des choses magnifique sur cette planète mais tout ou presque a déjà été dit donc moi je chante à propos du côté sombre de la vie !

NicKo: Pareil au niveau de l’artwork, c’est extrêmement sombre. Pourquoi avez-vous choisit celui-là ?
Rob : A chaque album on tente de se renouveler. Je veux dire par là que nous ne sommes pas comme Iron Maiden qui a un thème récurrent qui le suit sur chaque album, nous n’avons pas d’Eddy. Pour nous l’artwork est dicté par la musique que nous composons. On tente de trouver un visuel qui va rendre le tout cohérent.
Sur The Blackening, il y a des choses extrêmement complexes aussi bien que des choses intemporelles. En surfant sur le net, j’ai trouvé cette image vieille de 400 ans qui m’a laissé sur le cul. Elle est tellement simple et exprime des idées tellement cruelles qui sont toujours d’actualité malgré ses 4 siècles.
Elle a plu aux autres et nous avons décidé de décliner tout le visuel de l’album là-dessus. Nous avons fait faire des montages avec nos visages pour qu’ils s’intègrent parfaitement dans le livret et que le tout soit cohérent.

NicKo: Aesthetic of hate est votre single, pourquoi ce choix ?
Rob : Elle parle d’un article consacré à Dimebag Darrell sur un site appelé The Iconoclast. Cet article a été écrit 6 jours après son assassinat. En gros ça ne disait que du mal de lui, de ses amis, de son travail et le gars disait presque ça mort était bienvenue.
Ca nous a comme qui dirait foutu en colère. Je ne te dirais pas que nous étions les meilleurs potes de Dimebag parce que ce n’était pas le cas mais nous avions tourné 2 fois avec lui et ça nous a touché qu’on ose dire ça. Et si il n’y avait que ça. Ca a pris de l‘ampleur quand des politiciens ont commencé à stigmatiser le métal et les gens qui la jouent. Bref il fallait que ça sorte.

NicKo: Je t’ai vu faire l’andouille avec Mark de Chiamaira tout à l’heure, parmi tous les groupes présents sur le festival, y’en a-t-il avec lesquels vous vous entendez mieux que d’autres ?
Rob : On s’entend très bien avec Lamb Of God, Chimaira, Earth Crisis, Korn… bon Korn on n’est pas vraiment potes avec eux mais on les connaît. Et puis il y a Slayer aussi… c’est notre 5ème tournée avec eux. Enfin Slayer c’est un peu spécial.

NicKo: Puisqu’on parle de ça, y’a-t-il des tournées qui t’ont laissé des souvenirs impérissables?
Rob : (long silence) Un très bon souvenir pour moi c’est notre première tournée en Europe. C’est tellement différent des USA. Les gens sont plus enclins à chanter avec nous… c’est dans votre culture, vous avez une vraie culture de la musique. Et ça c’est génial.
Mon pire souvenir… Haha c’est un truc récurrent ! Se lever le matin et faire 1km pour trouver des chiottes parce qu’il n’y en a pas dans le bus. Ca c’est un truc que tu n’oublies pas (rires). Et puis c’est horrible, c’est un peu comme d’ouvrir ta chambre et de te retrouver à devoir signer des trucs alors que tu as juste envie d’aller… tu vois quoi ! (rires) Ceci dit, ça pourrait être bien pire.

NicKo: Tu a été un des 4 capitaines pour l’album Roadrunner United, quel regard portes-tu sur cette aventure ?
Rob : J’en suis très fier ! Monte Conner (ndr : le directeur artistique de Roadrunner) m’a littéralement emmerdé avec ça pendant des semaines. J’ai refusé 2 fois de participer parce que nous partions en tournée donc j’avais peur de ne pas avoir le temps. Je ne voulais pas m’engager si c’était pour faire le boulot à moitié.
Finalement j’ai eu un trou dans mon emploi du temps et il m’a eu à l’usure (rires). Je suis parti sur l’idée de rassembler tous les chanteurs que j’apprécie qui sont sur le label. J’ai donc fait venir Corey, Howard, Max et Tim et j’ai écris des chansons qui collaient plus ou moins à leur style de chant.
Le premier à avoir dit oui a été Max. J’étais comme un fou parce que Sepultura a été une telle influence pour nous que bosser avec lui… whoua ! Ensuite Tim et Howard ont accepté, Corey c’est un peu fait prier (rires). Je leur ai proposé 2/3 idées de paroles, j’ai écrit toutes les chansons et Howard m’a demandé de faire la production de sa voix. Il m’a dit qu’il viendrait à Oakland pour que je travaille sur ce qu’il avait fait. Je l’ai appelé la veille de son départ pour prendre officiellement contact puisqu’avant, nous ne nous étions jamais vraiment rencontré. Je lui ai demandé si il était prêt et il était là : « tu sais, j’ai pas vraiment avancé, je n’ai pas trop d’idées… »… Du Howard quoi ! Je lui ai dit que le lendemain il était chez moi pour enregistrer histoire de lui mettre un peu la pression ! Le lendemain il est arrivé comme une fleur avec 2/3 idées mais pas vraiment de structure. Je crois que c’est pour ça qu’il m’a demandé de le produire, parce qu’il voulait des conseils sur la direction à suivre. Du coup on s’est retrouvé avec 4 refrains… et il a fallu choisir. Ensuite il m’a demandé de chanter avec lui mais je n’étais pas très chaud à cette idée puisque j’étais déjà capitaine et que j’avais écris la majeure partie des chansons. Je voulais que les autres attirent un peu l’attention… et puis je ne voulais pas d’un truc de plus à faire (rires) Du coup, on a essayé et dans la journée on a plus ou moins fait toute la chanson. Ca c’est fait spontanément, c’est juste 2 types en train de se lâcher ! Je suis très surpris de la façon dont ça à tourner et je suis aussi très content du résultat. Presque toute la chanson est faite à partir de la première prise. Et voila ! C’est The dagger !

Rob Flynn

Rob Flynn

NicKo: Sur le DVD accompagnant le disque, on te voit en train d’halluciner devant un solo de Jeff Waters (Annihilator), t’a-t-il vraiment impresionné ?
Rob : En fait je ne connaissais pas très bien Annihilator. J’avais déjà entendu 2/3 trucs et je savais que Jeff était un bon guitariste mais à ce point la ! C’est juste le guitariste le plus rapide que j’ai vu ! Avec mon ingénieur nous étions en train d’halluciner devant la vitesse de ses doigts ! On ne voyait qu’un flou ! C’était dingue ! (rires) je ne veux pas être bon à ce point là ! Jamais je ne veux mettre autant de travail dans un seul solo (rires) Le truc drôle, c’est qu’il jouait un solo, je lui demandais de le refaire et il était là « heu, je suis pas trop sûr de ce que je viens de jouer, j’ai un peu improvisé ». (rires) il improvise à la vitesse de la lumière ! (rires) Ca a un petit côté syndrome de la tourette ! Un truc sort mais tu ne sais pas trop ce que c’était ! (rires) En tout cas c’était une super expérience. C’est un mec très sympa et drôle. Il est canadien et il a un sens de l’humour un peu particulier. On s’est vraiment bien amusé !
Je suis ravi que ça marche pour lui et qu’il tourne avec Trivium.
NicKo: Si c’était à refaire tu serais partant ?
Rob : C’était très fun donc je re-signerais les yeux fermés ! Par contre avec qui… il faut voir. Ca dépendrait de l’envie de chacun et là on ne peut présager de rien !

NicKo: Cela fait maintenant 15 ans que Machine Head vit sur la scène métal. Y’a-t-il encore quelque chose que tu souhaites accomplir ?
Rob : Oui il y a encore des points sur lesquels je ne suis pas satisfait. Par exemple, je veux faire Bercy ! Nous allons faire 2 dates à l’Elysée Montmartre mais je ne pense que cela soit irréaliste de vouloir jouer à Bercy. Je pense que nous en avons encore sous le pied et qu’il reste de grandes choses à faire.

NicKo: Une petite dernière pour finir :quelle est la question la plus stupide que l’on t’ait posé ?
Rob : La plus stupide je ne sais pas mais la plus chiante c’est « avez-vous choisit ce nom à cause de l’album de Deep Purple ». (rires) Celle-là me sort par les trous de nez !

Merci à Rob, Roadrunner France et Olivier de Crypt’O