J’ai encore du mettre de côté ma « groupitude » pour cette interview. Pensez donc! 35 minutes enfermées avec le cerveau de PAIN aka Peter Tägtgren.
On y parle musique, eurovision… et même playstation! Si si…

PAIN - Psalms Of Extinction

NicKo: Pour quoi avoir choisit de signer chez Roadrunner Record ?
Peter: Par ce que je pense qu’à l’heure actuelle c’est le meilleur choix pour PAIN. Parce qu’à cause des groupes avec lesquelles ils travaillent ils correspondent plus à ce que je cherche. Chez Universal c’était le chaos. Les gens qui ont signé PAIN chez Universal l’ont fait pour Universal en Suède, c’était donc très difficile pour eux de faire la promotion du groupe en dehors de la Suède. Ils n’avaient pas le pouvoir de dire aux branches locales en Allemagne ou en France de faire la promo de PAIN.
Maintenant, PAIN a l’air d’être la top priorité chez Roadrunner et ça fait du bien de sentir que ça pousse dérrière.

NicKo: N’as-tu pas peur que PAIN soit noyé dans la masse des grosses signatures récentes ? Je pense notamment à Dream Theater ou Megadeth…
Peter: Non pas du tout !
Quand tu penses que tu as été en compétition avec Eminem, Bon Jovi et plein de gros trucs comme ça, tu te sens carrément plus à l’aise au milieu de ce genre de groupe.

NicKo: Pour Psalm Of Extinctions, as-tu la liberté de faire exactement ce que tu voulais ?
Peter: Oui car l’album a été écrit avant que je ne signe quoique se soit.
Mais je fais toujours ce que je veux, c’est mon bébé, mon projet, si ça ne leur plait « well fuck them » !
J’ai toujours procédé de cette façon ces 10 dernières années.

NicKo: On dit souvent que tu fais du copier/coller à chaque album de PAIN. Alors je te pose la question : qu’est-ce qui n’a pas changé sur de disque ?
Peter: Je développe toujours les mêmes idées. Un mix de dance, de techno, de boucles… parfois de pop, du rock… tu vois Hypocrisy est une chose. Avec PAIN, je veux expérimenter, voir jusqu’où je peux aller.

NicKo: A l’écoute du disque on a l’impression que tu as quelque peu fait évoluer le son de tes chansons…
Peter: Oui j’ai trouvé un nouveau moyen de faire des chansons de PAIN plus facilement, d’ajouter des sons.
Mais pour ça il te faut une bonne chanson avant d’ajouter quoique se soit, basse, guitare, batterie. Il faut composer une chanson qui soit intéressante et qui fasse une bonne base de travail pour ensuite la faire évoluer vers ce que tu souhaites. Quand je compose, je sais où je veux aller avec mon titre et comment je veux le faire évoluer. (Se montrant la tête) J’ai tout là-dedans. C’est toujours un challenge, ce n’est jamais facile de se renouveler.

NicKo: Pourquoi avoir choisit d’avoir des invités sur ce disque ? Ce n’est pas dans tes habitudes.
Peter: Je connais bien Mikkey Dee (Mötohead), il m’avait dit plusieurs fois qu’il aimerait jouer sur un album de PAIN. Quand je bossais sur Zombie Slam, j’étais sur la batterie mais je n’arrivais pas à trouver le bon feeling pour cette chanson. Alors j’ai décroché mon téléphone et je l’ai appelé. La semaine suivante il était chez moi et nous avons bossé dans mon studio. La chanson a été vite pliée !
Pour Peter (Iwers – In Flames) c’était un peu différent. Nous vivons dans la même ville et chaque fois que je le croisais il me demandait « pourquoi tu ne me laisses pas faire la basse sur ton album ?» C’était assez amusant de le voir insister comme ça donc je lui ai dit « ok » et puis il est venu enregistrer 2 chansons. Au final c’était très sympa, ça rompt la monotonie de l’enregistrement.

NicKo: As-tu modifié tes chansons à cause de la présence de Mike et Peter ?
Peter: Pas du tout, tout était déjà écrit ! Je leur ai juste donné des pistes sur la façon de faire. Les avoir sur le disque n’est pas une fin en soit, c’était une opportunité, nous avons tous fait ça pour le fun.

NicKo: Plus généralement, as-tu changé ta façon d’aborder la composition d’un album de PAIN ?
Peter: Pas vraiment. Je pars toujours d’une mélodie au clavier ou d’un riff. Je tâche toujours de trouver un riff cool et d’ajouter du clavier par-dessus… ou l’inverse (rires).
Ensuite seulement j’ajoute la batterie, la basse et des samples… peu importe l’ordre en fait. J’aime voir ce petit riff stupide se transformer et devenir une chanson. Je procède toujours de cette façon. Partir d’une petite chose, la façonnée et en faire quelque chose de plus gros et de sympa.

NicKo: Dancing With The Dead a été composé dans des circonstances particulières (ndr Peter venait de frôler la mort dans un accident). En a-t-il été de même pour Psalms Of Extinction ?
Peter: Non pas du tout, chaque chanson a sa propre histoire. Quand j’écris, je compose d’abord la musique, je fais le mixage de la partie instrumentale et après seulement je commence à réfléchir à ce que je vais bien pouvoir raconter dans les paroles.

NicKo: Parlons de ton line-up, en studio c’est plutôt un « one man band », qu’en sera-t-il du live ?
Peter: Andrea de Clawfinger assurera la basse, Michael Bellin d’Eight Sin sera à la guitare et le batteur qui me suit depuis 4 ans sera aussi de la partie.
Nous avons fait 2 concerts récemment en Suède et le résultat est excellent. Je crois que c’est le meilleur line-up que j’ai eu avec PAIN.
NicKo: Quelle a été la réaction du public face aux nouveaux titres ?
Peter: Dingue ! Ca a été super ! Nous avons tous pris plaisir à être sur scène.

NicKo: Visuellement la pochette de Psalms Of Extinctions tranche énormément avec celles des précédents albums. Pourquoi un tel changement ?
Peter: Heu… j’en sais rien ! (rires)
Avec PAIN, j’ai toujours eu des visuels décalés sans parler des photos shoots aux résultats bizarres. Là j’ai voulu faire quelque chose de différent, quelque chose qui n’a pas encore été fait par d’autres groupes, quelque chose de plus joli ou… appelle ça comme tu veux, quelque chose qui sorte un peu de l’ordinaire. J’ai voulu évité que l’on puisse cataloguer le groupe rien qu’en voyant sa pochette. Rien qui puisse faire penser au death ou à la pop… juste quelque chose d’un peu plus classe.

NicKo: Tu avais en projet un album de reprises pour PAIN. Est-ce toujours d’actualité ?
Peter: Malheureusement non, j’avais ça en projet afin de pouvoir quitter Universal. Mais comme j’ai pu libérer le groupe, ça n’est plus à l’ordre du jour.
Mais j’ai toujours en stock tout un tas de reprises que je peux sortir quand je le souhaite. J’en ai mise une sur cet album mais une ça suffit. On verra ce que je ferais des autres. Peut-être qu’elles finiront sur le site pour que les gens les téléchargent… je ne sais pas encore. Si j’ai le temps, peut-être que je le finirais… car en fait il n’est prêt qu’à moitié. Je verrais mais je pense que ça finira sur internet.

NicKo: En Suède, PAIN remporte un bien plus gros succès qu’Hypocrisy…
Peter: Ho que oui !
NicKo: …as-tu déjà pensé à laisser tomber Hypocrisy pour te concentrer uniquement sur PAIN ?
Peter: Non.
Ca ne ferait pas de PAIN un groupe plus gros ou plus vendeur. Et de toute façon j’ai besoin des 2. J’ai besoin de death métal et d’expérimentation avec PAIN. Le black métal, le death, le thrash, tout ça c’est le fondement de ma culture musicale, j’aurais toujours besoin de ça, c’est ça qui fait que je fais de la musique aujourd’hui. De même j’aurais toujours besoin de bricoler et de tenter des choses qu’Hypocrisy ne me permet pas de faire.

NicKo: Après la victoire de Lordi à l’Eurovision, ne penses-tu pas que PAIN ferait un bon candidait ?
Peter: Nope (rires)
Ca n’est pas du tout dans mon délire (rires)
Beaucoup de gens me demande pourquoi je n’écris pas une chanson pour l’Eurovision mais ça n’est vraiment pas ma tasse de thé.
NicKo: Tu ne trouves pas que ton groupe a le potentiel pour gagner ?
Peter: Peut-être… si c’est quelqu’un d’autre qui chante.

NicKo: En dehors de ce que tu fais actuellement, as-tu d’autres projets ?
Peter: J’espère avoir le temps de produire le prochain album de Die Krupps et puis on verra ce que mon emploi du temps me permet. Pour l’instant je suis à 100% sur PAIN et pour le reste… je verrais quand j’y serais.

NicKo: Penses-tu que l’on puisse dire que tu es en quelque sorte le Devin Townsend européen ?
Peter: Je sais qu’il produit et qu’il compose pas mal… à vrai dire je n’en sais rien.
Je ne me suis jamais posé la question. Nous avons commencé en même temps à faire les mêmes choses. Mais nous ne sommes pas les seuls, Dan Swanö (Bloodbath) passe aussi énormément de temps à composer et produire.
Je suppose que certaines personnes ont besoin de travailler sur beaucoup de projets pour s’épanouir… nous devons sans doute faire parti de ces gens (rires).

Peter Tägtgren

Peter Tägtgren

NicKo: Tu parlais de Dan Swanö, es-tu content de l’album de Bloodbath sur lequel tu as collaboré avec lui ?
Peter: Je dois dire que j’y suis allé sans grande conviction et que j’ai été très surpris par le résultat ! On s’est retrouvé avec un son énorme et les compositions ont un rendu auquel je ne me serais pas attendu. Non vraiment je suis très content de ce disque.

NicKo: Au jour d’aujourd’hui en regardant toute ta carrière, est-ce qu’il y a une chose que toi Peter Tägtgren tu n’as pas faite et que tu voudrais faire ?
Peter: MMMM pas vraiment. C’est vrai que quelque part tu veux toujours faire plus, ouvrir pour de plus gros groupes, produire de plus gros albums, faire toujours plus gros… tu vises toujours les étoiles, le ciel est ta seule limite (sourire).

NicKo: Dans la production récente, ton oreille de producteur a-t-elle été attirée par le travail d’un confrère ?
Peter: A vrai dire, avec tout le temps que j’ai passé à travailler sur PAIN, je n’ai pas vraiment eu le temps de poser une oreille sur des disques sortis récemment. Ca fait bien longtemps que je n’ai pas écouté un disque !

NicKo: Quel est le truc le plus stupide que l’on t’ait demandé en interview ?
Peter: Cette histoire d’Eurovision (rires) !
Je ne sais pas pourquoi tout le monde me demande sans arrêt pourquoi je ne vais pas à l’Eurovision avec PAIN car tout le monde semble convaincu que c’est gagné d’avance !
Tu vois que tu n’es pas le seul à te poser la question (rires)
NicKo: Peut-être que beaucoup de gens pensent que PAIN a le potentiel pour gagner justement !
Peter: (prends un air attristé)
Ho mon dieu…
(éclate de rire)
Je n’ai vraiment pas envie d’être étiqueté comme un participant à l’Eurovision !

NicKo: Pour finir, un petit mot ?
Peter: J’espère que vous aimerez le nouveau PAIN et… c’est un jeu PSP que tu as dans ton sac ? Je suis pas trop branché jeu vidéo mais sur la dernière tournée d’Hypocrisy en Amérique du Sud, je me suis mis au jeu de golf. A force d’y jouer j’ai vraiment fini par y prendre goût et je suis devenu plutôt bon.
NicKo: Ha bon ? Dans ce cas tu devrais tester la nouvelle Nintendo. Comme tu fais le geste, il faudra juste faire attention à ne pas envoyer la manette dans la télé !
Peter: Ha oui ? Cool faudra que je teste ça en rentrant !

Merci à Peter et Roadrunner France