Rencontre avec Corey par une chaude (et humide) soirée d’été dans un hôtel parisien pour parler de Stone Sour.
C’est planqué dans le coin d’un salon qu’il s’adonne au sport plutôt intense que sont les journées promos. Le temps pour lui de s’enfiler un whisky coca à faire pâlir de jalousie Phil Anselmo et on attaque l’interview. Interview qui a d’ailleurs plus ressembler à une causerie au coin du feu qu’à un entretien formel.

Stone Sour - Stone Sour

NicKo: Alors comment ça va depuis Février?
Mec je suis mort. Je pensais prendre un peu de repos et puis finallement on s’est mis à bosser sur Stone Sour. J’ai pas arrêter une seconde depuis la fin de la tournée.

NicKo: Est-ce que tu peux nous présenter Stone Sour depuis le début?
On a formé Stone Sour en 1992 avec Joel (Ekman – batterie). Ensuite on a recruté un de mes amis, Shawn Economaki pour jouer de la basse. Certains fans de Slipknot doivent le connaître. Il a été notre stage manager depuis l’Ozzfest 99 jusqu’à notre dernière tournée au Japon. Ensuite pendant 3 ans on a essayé… (rires) 12 guitaristes! Et puis James est arrivé. Ca commençait à bien marcher pour nous. Mais en 97, les choses se sont accélérées. Ca faisait 5 ans qu’on était ensemble, on était le deuxième meilleur groupe de Des Moines…
NicKo: L’autre c’était qui?
L’autre c’était Slipknot. Mais personne ne venait à Des Moines pour découvrir de nouveaux groupes. A ce moment là, j’ai commencé à me demander si je ne devais chercher à faire autre chose. Et c’est là que les gars de Slipknot m’ont demandé de les rejoindre. Tout c’est parfaitement enchaîné en quelque sorte.
Et puis en 2000, en revenant d’une tournée au Japon, Josh est venu me voir avec ce qui allait devenir ‘Get Inside’. Je l’ai écouté et je lui ai dis « ok man let’s fuckin’ do this » et j’ai commencé à écrire les paroles. Et ça c’est passé comme ça pendant un an. Je partais en tournée et en revenant on bossait dans ma cave. Puis dès que j’avais un peu de temps on allait en studio pour bosser nos démos. C’est là que de ‘Project X’, on a changé de nom pour ‘SuperEgo’. Avec le temps, Josh et moi on s’est dit qu’on avait besoin de monter un vrai groupe, donc j’ai appellé Joel, qui était partant, Shawn aussi…
NicKo: Et t’as demandé à James?
Non pas tout de suite. On a voulu jouer à 4 mais c’était pas ça. Ensuite seulement j’ai appellé Jim qui a dit ‘ok’ quasi instantanément. On a fait quelques concerts sous le nom de SuperEgo puis on s’est rendu compte que le nom était déjà pris. A ce moment là on était en studio pour enregistrer cet album et puis je sais pas pourquoi, j’ai appellé les autres et je leur ai dis « les mecs, notre groupe c’est Stone Sour, le même qu’avant. C’est ce qu’on est, ce qu’on fait. On peut pas combattre le destin. » La suite tu connais…

NicKo: Quand as-tu eu envie de faire quelque chose d’autre que Slipknot?
Au début de la tournée qu’on a fait pour ‘Iowa’. J’étais un peu mort et j’en avais marre de ne faire que gueuler. Tu ne peux pas rester à faire de la musique violente tout le temps. Et puis j’avais envie de revenir un peu à ce que je faisais avant: quelque chose de plus mélodique… toujours du rock mais plus calme… quelque chose qui me permettre de prendre un peu de recul par rapport à Slipknot tout en continuant à faire ce que j’aime.

NicKo: Même nom, même musiciens. Quelle est la différence entre l’ancien et le nouveau Stone Sour?
La musique qu’on fait.
NicKo: C’est sûr que ça sonne pas pareil que sur la vieille démo de 94.
Tu l’as écouté? « HO JESUS CHRIST »…. (rires) Faut bien que tu comprennes que ce qu’on a enregistré à cette époque là, ça montrait d’où on venait, quelles étaient nos influences etc… et pas ce dont on était vraiment capable. L’idée c’était d’écrire des chanson qui voulaient simplement dire « hey on est 5 mecs qui jamment ensemble et qui se font plaisir ». On était de content d’écrire des chansons que les gens aiment. Mais on savait qu’on avait un avenir. Donc la différence entre avant et maintenant c’est que nous sommes plus matures. On sait ce qu’on fait, on sait comment on veut le faire et on n’a plus peur de prendre des risques.

NicKo: Pourquoi avoir choisit de présenter ‘Bother’ et ‘Get Inside’ au public comme avant goût de Stone Sour? Les 2 ne sont pas représentatives du reste de l’album.
C’est vrai. On a choisit de montrer les 2 extrêmes. On peut être heavy comme sur ‘Get Inside’ et mélodique comme sur ‘Bother’. Tout l’album se situe entre ces 2 extrêmes, ça change de Slipknot.

NicKo: C’est sûr qu’entre ‘Get This’ et ‘Bother’ y’a un monde. (Corey se marre) ‘Bother’ a d’ailleurs surpris pas mal de gens et beaucoup se sont demandés si c’était vraiment toi qui chantait.
Tu sais quoi? ‘Bother’ n’a surpris aucun de mes amis. Pour eux c’était logique que je fasse un titre comme celui-là. Se sont des titres comme celui-là que j’écris depuis que je suis gosse. C’est le genre de truc que je ne pourrais pas faire avec Slipknot. Mon chant a évolué, en 99 quand je suis venu à Paris la première fois, j’étais un peu mort après 2/3 titres, maintenant je maîtrise mieux ma voix. J’ai aussi voulu prouver à tout le monde que je pouvais faire autre chose que crier, que j’étais capable de d’écrire une vrai chanson et de la chanter. Avec Stone Sour j’ai voulu faire un album que tu puisses écouter n’importe quand dans la journée… ce qui n’est pas forcément le cas avec Slipknot.
Dans un certain sens, j’ai voulu changer mon image. Ne plus seulement être le gars qui crie mais le aussi le gars qui sait chanter et le gars qui va te surprendre la prochaine fois car tu sauras pas ce que je vais faire.

NicKo: On entend Sid sur quelques titres. T’as caché d’autres guests sur le cd?
Non, y’a juste Sid et un ami de notre producteur qui s’appelle Dani Gibbs. Il est venu jouer de l’orgue sur ‘Inhale’ et c’est tout. On n’a pas voulu avoir 50 personnes invitées sur le disque. Tu vois, quand tu as plein de guests sur ton disque c’est sympa mais quand tu joues live, si ils occupent une part importante de la chanson, ça va être épouvantable car il va y avoir un vide. Là, on a pris le parti de ne pas mettre Sid et Dani sur des parties essentielles des morceaux comme ça, si ils sont là en live c’est bien et si ils sont pas là personne ne voit la différence.
Ils sont juste venus ajouter un petit plus aux titres.

NicKo: La prochaine question a été posé par les fans. Ils veulent savoir si tu n’as pas peur de briser le mythe ‘Slipknot’ en jouant sans masque?
Non.
C’est pour ça que les mythes sont faits, pour être cassé. Réfléchis, tout notre philosophie à propos des masques, c’était de faire en sorte que les gens se concentrent sur la musique. Ce sont les kids qui en ont fait un mythe, nous on a fait que « subir ». Et puis si je jouais dans Stone Sour avec un masque, il y aurait toujours cette conotation avec Slipknot et ça je ne le veux pas. Slipknot c’est Slipknot, Stone Sour c’est Stone Sour. Stone Sour n’est pas un projet parallèle, c’est un vrai groupe et chacun vit sa vie de son côté.

NicKo: Encore une question posée par les fans. N’as tu pas peur que les gens achètent le cd uniquement parce que tu es le chanteur de Slipknot?
Franchement? « I don’t give a fuck! » Pour moi l’essentiel c’est qu’ils aient ce putain de cd. Ils vont l’acheter et ils vont l’aimer. Ceux qui sont plutôt branché par le côté bourrin de Slipknot ne vont peut-être pas aimé parce que c’est plus calme. Mais ceux qui aiment Slipknot pour la diversité musicale devraient l’aprécier. Ceux qui aiment ma façon de chanter vont l’aimer et j’espère que cet album va attirer plus de monde que juste les fans de Slipknot. Je ne veux pas que juste les fans de Slipknot l’aiment, je veux que tout le monde l’aime et peut-être…. peut-être que ça va briser certaines barrières que l’on a dressé devant Slipknot. Peut-être que des gens vont se dire « tiens c’est pas mal, peut-être que je devrais écouter Slipknot » au lieu de dire « fuck Slipknot ».

Son regard tombe sur le cd de Slitheryn posé sur la table.

« Haaaaa that’s my boys » t’as écouté? t’en penses quoi?
NicKo: C’est pas mal du tout. Le truc c’est que tu gueules plus fort lui.
(rires) oui mais il n’a que 12 ans… mais ils sont bons pour leur âge. (continue de rire) N’empêche, ça a été une bonne expérience pour moi. J’ai fait mes débuts en tant que producteur et j’avoue que c’est pas simple.

Il s’envoie le reste de son whisky coca d’une traite puis l’interview reprend son court.

NicKo: Comment vas-tu gérer à la fois Stone Sour et Slipknot?
C’est simple, pour l’instant ma priorité c’est Stone Sour et Slipknot attend son tour. Quand j’aurais finis avec Stone Sour, ça sera le tour de Slipknot de redevenir ma priorité. Evidemment je vais faire quelques exceptions cet été pour les festivals mais c’est tout. Pour qu’un truc marche, tu dois t’y investir à fond et suivre son évolution. Je ne veux pas juste sortir l’album et hop! au suivant! Je veux que Stone Sour ait une vie en tant que groupe et quand le tour de Slipknot viendra et bien je me reconcetrerais sur Slipknot. Tous les groupes qui sont devenus important et qui le sont restés, ont bossé très dur et je pense qu’avec Slipknot, j’ai prouvé que je n’avais pas peur de bosser dur.

NicKo: Il y a des rumeurs comme quoi Slipknot splitterait à cause des projets que vous avez avec Joey, Sid et toi. Les mauvaises langues disent que vous préparez l’avenir. C’est….
« NO FUCKING WAY » Slipknot ne splittera pas à cause de ça. Ce n’est pas la fin de Slipknot, c’est juste le début de Stone Sour. Ca a été la même chose avec Maynard (James Keenan – ndr). Quand il a sorti l’album avec A Perfect Circle, tout le monde a dit « c’est la fin de Tool ». T’as vu le monstre d’album que Tool vient de sortir? La raison pour laquelle il a fait ça, la raison pour laquelle je fais ça, la raison pour laquelle Joey fait ça c’est pour que Slipknot se repose. C’est pour qu’on revienne mettre la même énergie que celle qu’on a mise dans le premier album ou dans ‘Iowa’. Et je vais te dire, si j’avais dû faire un autre album de Slipknot maintenant, ça m’aurait tué. Je n’aurais pas pu y mettre tout mon coeur et puis j’avais besoin d’exprimer cette autre partie de moi.

NicKo: Vous avez tourné un clip pour ‘Get Inside’, tu peux nous en parler?
Avec plaisir. On l’a tourné live en noir et blanc au Whisky A Go-Go à Los Angeles. La salle était pleine de fans de Slipknot et ils ont tous disjoncté, ils sont rentrés à fond dans le morceau. L’idée était de faire quelque chose d’autre que Slipknot, sans tout le show qui va avec. Juste 5 mecs qui font du rock quoi!

 

Corey Taylor

Corey Taylor

NicKo: Vous viendrez en tournée avec Stone Sour?
HO YEAH! En Europe, au Japon, partout! Si tu veux que ça marche tu dois aller partout!
NicKo: Et c’est prévu pour quand?
Soit en Novembre soit début 2003.
NicKo: Laisses moi fantasmer 2 petites secondes. Tu viendrais pas par hasard avec Joey et les Murderdolls?
(rires) arrêtes tu te fais du mal (rires)
Franchement? On en a parlé avec Joey et je pense que les 2 groupes sont suffisement différents pour que ça marche. On m’a même demandé si on ne ferait pas une tournée Stone Sour/Slipknot… mais ça je crois que ça me tuerait. Je ne sais pas combien de temps je pourrais tenir, peut-être une semaine… (fais comme si il n’avait plus de voix) « je rentre à la maison ».
Pour en revenir aux Murderdolls… peut-être qu’on le fera, peut-être pas. Disons que je ne veux pas avoir à dealer avec Joey le fait de savoir qui va ouvir pour qui. On ne veut pas de compétition entre nous, je pense qui si chacun fait son truc de son côté on aura plus de chance de succès.

NicKo: Dans Slipknot, qui est le prochain sur la liste des projets parallèles?
Sid fait son truc de DJ, ça avance pas mal je crois… Mick a parlé de faire un album instrumentale… ho putain si il le faisait je te raconte pas le monstre que ça serait. Ce mec est tellement bon à la guitare. Il sait faire des solos de fou, j’ai vraiment envie qu’il fasse un truc mais pour l’instant je ne sais pas si il a commencé quelque chose ou pas.
NicKo: Il aurait déjà un groupe nommé ‘The Rapist’ avec une fille à la basse d’après ce que je sais…
The Rapist? (rigole et manque de s’étouffer avec sa clope) putain que j’aimerais voir un concert de The Rapist, ça doit être marrant… dis, tu connais The Pilgrims*?
NicKo: Non c’est quoi?
C’est un groupe que Mick avait monté pour déconner. Il était déguisé comme un émigrant avec le chapeau, le mousquet et la grosse boucle de ceinture et avant chaque concert, il se tapait une dinde comme à thanksgiving. (rires) Ce mec est dingue.

Le temps de se remettre du fou rire général et on tente de finir.

NicKo: Que devient Slipknot dans tout ça?
On va faire quelques dates en Europe… on essaye de sortir le DVD… ça ça va être énorme, le truc le plus fou que personne n’ait jamais vu! On l’a chargé à mort avec des bonus! Y’aura tous les clips, des séquences backstages où tu nous vois avant le concert en train de nous échauffer, y’a évidemment le concert de Londres avec les 27 caméras. On en avait mis vraiment partout (rires). Faudrait que je vois avec le clown où tout ça en est car à vrai dire je ne me suis pas intéressé au sujet depuis un moment. Et puis il y a une blague que j’aimerais mettre sur le DVD… mais j’ai pas envie d’en parler, si je te le dis ça sera plus une surprise.
NicKo: C’est pas gentil de nous mettre l’eau à la bouche comme ça!
On verra…. peut-être quand tu auras arrêté l’enregistrement… (sourire narquois) et donc pour finir avec Slipknot, je ne pense pas qu’on se remette à travailler avant l’été 2003 et si tout va bien, le nouvel album devrait sortir en 2004.

NicKo: Un dernier truc, y’avait Soulfly en concert hier soir… T’ETAIS OU?**
(mort de rire) dans l’avion! C’est dans le taxi j’ai appris qu’ils jouaient hier soir et j’ai regretté d’arriver si tard. (s’excite dans son fauteuil) Tu penses bien que sinon je serais venu chanter (se met à gueuler) JUMPDAFUCKUP!!! Ca l’aurait fait à mort!
J’ai croisé Max après le concert, ça m’a fait plaisir de le revoir car ça faisait un moment qu’on ne s’était pas croisé. La dernière fois c’était quand j’avais chanté ‘Jumpdafuckup’ avec Soulfly à Los Angeles. C’était sur leur tournée avec Pantera je crois. Très bon souvenir.

NicKo: Dis, tu reviendras nous voir?
(carrément hilare) oui oui c’est promis.

* pilgrim traduit littérallement veut dire ‘pélerin’, mais le mot est ici utilisé pour désigner les émigrants arriver aux USA quand le pays était encore une colonie britanique. Si vous ne voyez pas de quoi je parle ou si vous êtes un pine en histoire, achetez une boîte de céréales Quaker et regardez le bonhomme en noir dessus.
** l’interview a eu lieu le 12 Juillet et le concert de Soulfly le 11

Merci à Corey et Roadrunner France