La nouvelle mode du côté d’Hollywood est le biopic sur les stars du Rock. Après Queen/Bohemian Rhapsody et en attendant Rocketman/Elton John, c’est Mötley Crüe qui s’y colle avec The Dirt.

Librement inspiré de la biographie de Nikki Sixx (The Dirt: Confessions of the World’s Most Notorious Rock Band), The Dirt nous raconte une version romancée de l’histoire du Crüe, un peu comme Bohemian Rhapsody ou Straight Outta Compton pour NWA dans un registre musical différent.

A l’instar de la carrière du groupe, la réalisation de The Dirt a été longue et compliquée. Tout débute en 2006 quand la Paramount et Mtv Films achètent les droits. Le projet dort dans un tiroir jusqu’en 2013 où Jeff Tremaine – coupable des films Jackass – hérite du bébé. S’en suit une nouvelle période compliquée où les droits sont rachetés plusieurs fois jusqu’à ce que Netflix mette la main dessus en 2017 et que les choses s’accélèrent. Janvier 2018, le casting est confirmé, février 2018 le tournage débute à la Nouvelle-Orléans.
Niveau casting, de gauche à droite sur la photo: Daniel Webber (The Punisher) est Vincent Neil Wharton, Douglas Booth (Noé, Jupiter Ascending) est Frank Carlton Feranna Jr, Machine Gun Kelly (Bird Box) est Thomas Lee Bass et Iwan Rheon (Game’s Of Throne) est Robert Alan Deal.

Durant près de 2h, The Dirt raconte l’histoire de Mötley Crüe. De la rencontre entre Nikki Sixx et Tommy Lee en 1981 au « dernier » concert du groupe en 2015. Presque tous les moments phares de la carrière du groupe sont passés en revue: l’accident de Vince Neil en 1984, les tracas amoureux de Tommy Lee, le départ de Vince Neil, son retour etc.

Raconter une histoire dont le public connait déjà la fin n’est pas une tâche facile. Surtout si le public en question maîtrise un peu son sujet. Il faut donc soigner la forme – par là j’entends autre chose que les scènes où les mecs se piquent ou niquent tout ce qui passe. The Drit n’est pas avare en scènes trash (pipi, vomi, fourmi). On remercie Jeff Tremaine pour ces grands moments de cinéma qui collent au plus près de la réalité historique mais qui en soit n’apportent pas grand chose à l’histoire. Une fois, deux fois à la troisième on a compris. Ceci étant dit, ce souci du détail se retrouve dans la reconstitution à l’identique de plans existant dans des clips ou vidéos lives du groupe. Il y a également un parti pris de parfois cassé le quatrième mur qui n’est pas déplaisant du tout et contribue à l’immersion dans le film/la vie du groupe. On les suit avec plaisir dans leurs tribulations mais l’aspect surréaliste de certaines scènes donnent un côté série B au projet à tel point qu’on sent parfois les acteurs se demander ce qu’ils font là. Iwan Rheon est modèle du genre dans ce registre, il semble tellement passer son temps à se demander ce qu’il fout avec là qu’on a du mal à savoir si il e fait faisait vraiment chier ou bien si il campe un Mick Mars plus vrai que nature. Ce qui tend à souligner une nouvelle fois les limite de Tremaine. Il est bon pour filmer Steve-O se promener en slip à Tokyo mais en terme de direction d’acteurs les limites sont claires et c’est le talent du casting qui fait que la maison tient.

Là où un Straight Outta Compton, romancé lui aussi, happe le spectateur et l’embarque dans les galères de 4 jeunes d’un ghetto en passe de devenir des légendes du Rap, The Dirt peine longtemps à faire de même et ce n’est vraiment que dans la seconde moitié du film qu’on finit par vraiment les aimer.
Ceci étant dit, on rit aussi beaucoup devant des situations improbables – je suis très très fan de la vanne Heather Locklear/Heather Thomas (un truc de vieux qui a trop regardé de séries dans les années 80) et des piques de Mick Mars/Iwan Rheon qui tacle au niveau du genou ses petits camarades de jeu. Ce qui me permet de souligner que le casting tient plutôt bien la route, chacun ayant capté l’essence du personnage qu’il incarne à l’écran. Ca saute d’autant plus aux yeux durant le générique de fin. Ceci dit, je me demande vraiment si Tommy Lee était un fanboy aussi teubé que ne le laisse parfois penser le film. Idem pour Nikki Sixx qui donne de temps à autres l’impression d’être le Dr Evil d’Austin Powers et de vouloir conquérir le monde avec une bande bras cassés. Bref.

The Dirt c’est aussi et surtout de la musique. En théorie, car là clairement il y a un manque. On entend assez peu la musique de Mötley Crüe. Un coup de Shout At The Devil par-ci, un coup de Girls Girls Girls par là et puis hop, un peu aussi pendant le générique de fin.

Les hipsters de Télérama disent de The Dirt qu’il n’est « ni complètement nul, ni vraiment passionnant ».
Oubliez ces cons.
C’est un film Rock N’ Roll sur le fond et la forme. Pas le biopic du siècle mais un très bon divertissement.