Il fallait être rapide le 30 août au matin pour acheter un des précieux sésames permettant de voir avant les copains ce que vaut le film de Metallica sur Metallica par Metallica.
Car Through The Never n’est pas seulement un prétexte pour enrichir un peu plus les 4 millionnaires de Metallica, non non c’est aussi un projet artistique.

Metallica - Through The Never

Malgré le tarif frôlant la sodomie à sec avec des barbelés et du verre pilé (de 22 à 67€), les places sont parties comme des petits pains pour cette avant première de Through The Never au Grand Rex. La justification d’un tel prix étant la présence du batteur unijambiste le plus célèbre du monde et de son compère Kirk le manchot.
Votre serviteur ne reculant devant aucun sacrifice, il a cassé sa tirelire même si c’est la crise.

Pour ceux qui n’étaient pas dans la salle (et ils sont nombreux), voici le déroulement des opérations.

Histoire, budget, ou? quand? comment? pourquoi? : tout ce qu’il faut savoir avant d’y aller
Commençons par l’histoire… C’est bon ne riez, pas, même dans les films de Michael Bay il y a un scénario – bien que ça n’ait jamais été prouvé. Trip (l’excellent Dane DeHaan vu notamment dans le très bon Chronicle et bientôt dans The Amazing Spiderman²) est roadie pour Metallica et on lui demande de faire une course très urgente durant un concert du groupe. Bien entendu ça va partir en quenouille. Voila en gros le cadre de l’intrigue. Oui ça ne va pas chercher bien loin.
Derrière la caméra on retrouve Nimrod Antal, réalisateur de la purge Predators et qui, dieu seul sait comment, a réussi à se retrouve à la tête de ce projet à 18 millions de dollars. Dieu seul le sait? Non. En réalité, c’est Anton Corbijn – déjà réalisateur de clips pour Metallica – qui devait hériter du bébé mais ayant d’autres chats à fouetter, c’est ce bon Nimrod qui s’est retrouvé à la tête du projet. Bien conscient que ce choix allait faire tilter les quelques cinéphiles fans de Metallica, la production s’est empressée de justifier son choix par cet argument massue :  « c’est le seul réalisateur rencontré par le groupe qui a totalement compris et adhéré au concept ». Ben voyons. Et le concept en question est que Metallica voulait offrir plus qu’un simple concert filmé à ses fans, ils ont décidé de coller ça sur fond de film d’action, hé ouais.
Le résultat est un montage de différents concerts capturés au Canada – plus précisément à Edmonton et Vancouver en Août 2012 si mes infos sont bonnes. Pour le coup, le groupe a ressorti sa célèbre scène en diamant ainsi que tout l’attirail scénique lui ayant servi au cour de ses différentes tournées. Le tout filmé avec des caméras 3D dernier cri ainsi qu’en IMAX histoire que les quelques nantis qui ont une salle IMAX près de chez eux puissent s’offrir un migraine de compét’ sans avoir à passer par le bar.

Le Grand Rex version Metallica

Dans les faits – sur place
Si la mezzanine du Grand Rex est pleine à craquer, difficile de dire que c’est également le cas dans l’orchestre où les VIP se font sérieusement désirer. Ca permet aux plus rapides (dont je fais partie) d’hériter de meilleures places face à l’écran au lieu d’être excentré sur un côté.
Un chauffeur de salle aussi drôle que Laurent Gerra quand il imite Patrick Sébastien s’efforce de capter l’attention du public. Sa petite victoire de la soirée sera lorsqu’il annoncera la présence de Gojira dans la salle quinze bonnes minutes après l’arrivée (très discrète) du groupe. Chose amusante, toute la salle hurlera « Gojira Gojira » alors que Lars et Kirk sont de l’autre côté de la porte.
On apprendra également que cette avant première – du moins la séance de questions/réponses avec les 2 loustics est retransmise en direct dans des cinémas à travers la France et la Belgique.
Notre 2 compères débarquent enfin dans une salle en ébullition. Voyez-vous même:

Lars en mode Jean-Claude Convenant, avec le cheveux gras mais sans la Xantia, fera le VRP comme il se doit. Kirk, plus discret, lâchera quelques anecdotes amusantes mais il est visiblement moins à l’aise dans l’exercice que son bondissant voisin.
Les questions sont relativement bateau et les réponses vont donc avec. La plus intéressante portera sur le financement du film. Lars expliquera qu’ils ont financé eux-mêmes le projet pour avoir un contrôle total dessus. Je pense aussi qu’aucun studio n’a voulu mettre un kopeck dans l’aventure trouvant la chose un peu trop casse-gueule, surtout avec Antal derrière la caméra. Et la seule question qui fera réagir tout le monde est « parlez-nous de l’histoire ». Notre bon Lars, un peu embarrassé mais sans se démonter, répondra « l’histoire? quelle histoire? » – éclat de rires généralisés dans la salle. On comprendra son embarras en regardant le film.

Lars, Kirk et des gens inutiles sur scène

Dans les faits – le film
Dire que Metallica a mis les petits plats dans les grands relève du pur euphémisme.
Avec ses 18 millions de budget, Through The Never s’est donné les moyens de ses ambitions et la captation live est simplement monumentale. On en prend plein les esgourdes et n’importe quel fan de Metallica y trouvera son compte. Pour le coup, la 3D renforce l’immersion et est plutôt bien gérée avec quelques cadrages sympas.
En revanche la partie plus « cinématographique » est anecdotique et en l’état dessert plus le film qu’autre chose. La trame est pour le moins décousue voir « whatzefuck » par moment.
Durant le premier tiers du film, les parties « scénarisées » sont insérées entre les morceaux avec des transitions plus ou moins réussies (celle du Fuel est une abomination là où celle de Wherever I Roam est monumentale) alors que dans la seconde partie du film elles sont de plus en plus présentes par bribe au milieu des morceaux. Pourquoi ce changement en cours de route? Ca rend le film bancal! C’est d’autant plus dommage que leur insertion dans les morceaux permet à ces derniers de gagner en énergie – ça gomme en grande partie les longueurs des premiers titres durant lesquels on finit par se faire chier tellement le montage tourne en rond. Ca autorise en plus le parallèle entre ce qui se passe « dans l’histoire » et ce qui se passe sur scène. C’est d’autant plus rageant que cette partie de Through The Never est celle qui fonctionne le mieux, dommage que se ne soit que le dernier tiers du film.

Si musicalement, le film tient toutes ses promesses, cinématographiquement parlant il est assez pauvre. Antal propose une réa d’une consternante platitude et ses 2/3 bonnes idées sont au mieux sous exploitées au pire coupées au montage (Wherever I Roam ou la méga frustration du film). Sans parler de Dane Dehaan qui a parfois l’air de se demander ce qu’il fait là.
Ceux qui seront ravis en revanche se sont les gens de chez ESP et Tama. Ils ont droit au spot de pub le plus coûteux de l’histoire du Rock sans sortir un dollar. Niveau placement de produit c’est la firme japonaise qui s’en sort le mieux puisqu’on voit ESP presque tout le temps à l’écran.
Les langues de pute (moi y compris) remercieront les membres de Metallica d’avoir tenu le rôle qui leur est du: celui de musiciens. Comprendre par là qu’il est de bon ton qu’ils ne se soient pas essayer à faire les acteurs – même si l’introduction des membres au début du film est assez fun (Robert si tu nous regardes – GG).

Moralité, Metallica c’est payé le live filmé le plus cher de l’Histoire. Oublions le côté ciné pour nous concentrer sur l’essentiel: la musique. Et là pour le coup, il n’y a rien à redire. La setlist – qui ne plaira forcément pas à tout le monde – fait office de bilan de carrière et passe en revue presque tous les albums. Et même si c’est overdubbé à mort, on n’est pas volé car Metallica sur une scène c’est forcément mortel.

Le petit sac cadeau avec des goodies pour les VIP. Et comme je n'étais pas VIP, je n'ai eu que le sac :)

Avec un poil de recul
En ce qui me concerne, l’occasion a fait le larron sinon je doute sincèrement que je serais allé voir le film en salle. Pourquoi? Déjà pour une question de prix, je trouve le ciné atrocement cher pour ce qu’il offre, et je passe sous silence la 3D quasi systématiquement imposée. Oui je sais j’ai mis 32 boules pour aller voir un film en 3D de surcroît mais c’est l’exception qui confirme la règle. Sans parler du fait que du Metal au ciné ce n’est pas tous les jours.
Cependant je dois bien admettre que dans le cas présent je n’ai absolument aucun regret. Le film envoie du sérieux poney, bien aidé il est vrai par le son énorme du Grand Rex. Ce n’était que du bonheur, avec en plus la présence des 2 affreux venus pour l’occasion (un petit plus sympa) et sans parler de l’ambiance incroyable dans la salle, j’ai passé un excellent moment.

L’avis d’un pote qui au final résume bien l’avis général:

Bon sinon pour ceux qui sont curieux du film, c’est un concert de Metallica, entrecoupé (raisonnablement) de ce qui se veut être l’histoire d’un roadie missionné pour retrouver un truc secret abandonné dans un camion en pleine ville, au milieu d’émeutes… On va être clairs, la partie « film » est un gros WTF, et l’histoire anecdotique vaut à peine un bon clip. 

Par contre la partie concert est clairement énorme, avec une bonne setlist, un million de cameras, une 3D vraiment immersive et pour le coup utile, des effets de scène grandioses, et un mix colossal… 

Après, l’ambiance « concert » d’hier apportait clairement un gros plus, et par moments c’était impossible de savoir si le public qui chantait était celui du film ou de la salle.