23 février, 7h30. Le réveil sonne. Machinalement j’attrape mon téléphone et ouvre Twitter pour regarder si ce p****n de RERB va me faire chier ou pas pour aller bosser. Et là que vois-je? Un tweet du compte @carpenter_brut annonçant la sortie de Leather Teeth. Ho punaise!

Premier véritable album du poitevin le plus célèbre de la planète (non Brian Joubert ne compte pas), Leather Teeth propose 8 nouveaux titres qui sont à la fois tout ce qu’on attendait et totalement autre chose.

Pour moi, Carpenter Brut fait parti de ces musiciens dont j’aime le tellement le travail qu’à chaque nouvelle sortie, je suis à la fois excité comme une puce à l’idée d’avoir un nouvel os à ronger et mort de trouille d’être déçu. Donc j’aime autant vous dire que la première écoute du machin m’a laissé coi. Mékeskewatzefuk? Y’a du chant maintenant? Pourquoi ça ne tabasse plus? Pourquoi si? pourquoi ça? Trop de questions sans réponse qui m’ont obligé à y retourner. Je voulais comprendre pourquoi j’étais partagé entre une irrépressible envie de crier au génie et un sentiment mitigé.

Au bout de quelques écoutes il a bien fallu se rendre à l’évidence: Leather Teeth est une fessée cul nu comme seul Franck B Carpenter sait en mettre. Il aurait pu nous resservir la même soupe et nous l’aurions déguster avec plaisir, mais non.  Non parce que ça aurait été trop facile. Il va toujours piquer ses idées dans les années 80, la pochette avec ce simili Rob Halford période Turbo Lover et sa blennorragie mal soignée annonce la couleur. Si sur les EPs on sentait les lourdes influences de John Carpenter (Ô surprise) ou encore Vangelis, ici c’est parfois plus pointu ou tout aussi évident selon les cas. Cheerleader Effect vous donnera envie de ressortir le fusil à pompe avec son ambiance digne d’Hotline Miami et ses claviers à la Supertramp subtilement placés. Sunday Lunch… HA Sunday Lunch, son saxo qui sent le cul à des kilomètres et le combo guitare/synthés qui feraient un B.O. d’anthologie pour le défunt film érotique du dimanche soir sur M6. Je ne peux passer sous silence Monday Lunch. Morceau de bravoure « epic as fuck » et qui est sans doute le titre qui avoine le plus avec en cadeau un petit solo de l’amour totalement dans le ton. Monday Lunch forme, avec Inferno Galore, le combo gagnant du disque. La première j’en ai parlé à l’instant, quant à la seconde elle pourrait faire la musique d’ambiance d’une scène de boîte de nuit dans n’importe quel nanard des années 80. Du Jean-Michel Jarre en plus groovy et moins ringard. Je veux faire une crise d’épilepsie avec les stroboscopes sur ce titre en live – non négociable. La fofolle Hairspray Hurricane et End Titles concluent l’album sont biens mais je les trouve un poil dessous du reste, même si le côté générique de fin d’End Titles est très réussi. Je passe sous silence la chanson titre, c’est du pur Carpenter Brut – je le crois capable de nous en chier des palettes entières comme celle-là. Ca déboîte et c’est juste histoire de rappeler qui est le patron.

Plus haut j’ai évoqué la présence de chant. Il y en a en effet sur 2 morceaux: Cheerleader Effect et Beware The Beast. Chez les pom pom girls c’est Kristoffer Rygg (Ulver/ex-Borknagar/ex-Artcturus) qui pose sa voix. Autant je ne suis pas fan d’Ulver autant là, il faut dire que c’est beau. Chez la bête, après une intro avec à la guitare digne de Van Halen, c’est Mat McNerney (ex-Dødheimsgard) qui assure le chant.  Des deux morceaux chantés, je préfère de loin le second. Son côté hit parade a quelque chose de captivant.

Que dire de plus?
Que la guitare est bien plus présente qu’auparavant, qu’elle tombe toujours juste et sonne exactement comme elle doit sonner. Un soin tout particulier semble y avoir été apporté et franchement: c’est parfait.
Que la prod est elle aussi un régal. Aussi bien au casque qu’à fond dans le salon, on profite de tout.
Que rarement j’ai eu autant hâte de me faire botter le train en concert! Vivement l’Olympia fin  mars et le Hellfest (oui je spoile: j’y retourne).
Que ce disque n’a qu’un putain de défaut: il est trop court!

Deux changements de RER, 1h10 pour aller taffer au lieu de 40 minutes. Un enfer plus ou moins similaire au retour. Heureusement, Carpenter Brut a sauvé la journée avec ce qui sera sans aucun doute un de mes albums de l’année si ce n’est le numéro 1.

Roh putain la peignée qu’il met à chaque écoute… c’est indécent.