Mais qu’ont-ils tous cette année à vouloir tenter des expérimentations? Hein? Quelqu’un peut-il m’expliquer?

Quelque part dans le grimoire poussiéreux qui relate l’Histoire du Metal, il est écrit de l’année 2018 « les gros vont tenter des choses ». Car oui, après Dimmu Borgir et Machine Head avec les résultats que l’on sait, c’est au tour de Behemoth de faire évoluer sa palette musicale. Les polonais se sont-ils vautrés comme les autre?

Non bien sûr que non. Après les errements de The SatanistI Love You At Your Darkest ajuste le tir et propose un album aux sonorités Black Metal voir même Post Black. De même, ceux qui ont écouté le projet solo de Nergal ne pourront s’empêcher d’y retrouver certaines influences.
Sans jamais oublié d’être brutal, Behemoth nous distille des ambiances savamment travaillées, que ce soit avec choeurs d’enfants chantant « anarchy » ou bien avec ces guitares aiguisées.

Une autre nouveauté se situe aussi au niveau de la participation accrue d’Orion et Seth dans les voies en soutient de Nergal. Leur apport offre plus de variété dans le chant et une puisse supplémentaire non négligeable. Néanmoins celui qui me bluffe le plus à l’écoute d’I Love You At Your Darkest c’est Inferno. Le mec est une machine on le sait, sa puissance dans les blasts et tout ce qui est extrême n’est plus à démontrer. Cependant il fait montre ici d’une variété insoupçonnée dans son jeu. Entre contre-temps inattendus (Sabbath Mater), breaks bien vus (Sabbath Mater encore) et coups de cymbales très inspirées, Mr Promiński arrive à surprendre.
Côté prod, si oublie cette batterie bien trop triggée, le son est divin.

Bien qu’on soit très loin d’un Satanica ou d’un Demigod, on reste face à du pur Behemoth. Plus ça va, plus que je me dis que Behemoth est au Metal extrême ce que Metallica est au Rock mainstream: un groupe qui a atteint un tel statut qu’il peut se permettre de faire à peu près ce qu’il veut. Si on regarde la carrière du groupe, Behemoth n’a cessé de se réinventer au file des albums et le petit dernier en date en est une preuve supplémentaire.
Un peu à l’instar d’un Gojira, les mecs semblent avoir une vision, une idée précise de ce qu’ils veulent faire et de la direction artistique qu’ils veulent prendre, même si ça doit laisser du monde sur le côté (ce qui était mon cas avec The Satanist).

I Love You At Your Darkest est probablement un des meilleurs albums de Behemoth toute période confondu. Les titres plus lents, plus posés de cet album permettront de récupérer durant les concerts entre Christians To The Lions et Slaves Shall Serve 😀