Un peu comme dans la série ‘Mission Impossible: 20 ans après’, on prend les mêmes et on recommence. At The Gates revient avec un nouvel album intitulé At War With Reality, donnant ainsi une suite 19 ans après à Slaughter Of The Soul. En espérant que le retour d’At The Gates soit plus réussi que celui de Mission Impossible.

Le retour d’At The Gates suit d’une certaine façon le même chemin que celui de Carcass. Une tournée de reformation qui n’en finit pas, moult rumeur sur un éventuel nouvel album, puis finalement la fin du secret de polichinelle au travers d’un communiqué de presse fumeux annonçant ce que tout le sait déjà: nouvel album en cour d’écriture. On continue de faire monter la sauce avec du teasing sur YouTube en lâchant quelques os à ronger aux fans et puis vient enfin la sortie du précieux. C’est à ce moment là que les chemins de Carcass et d’At The Gates se séparent.

At The Gates - At War With Reality

Là où Carcass réussi le tout de force de sortir un album qui, sans rien révolutionner, réussi le prodige de déboîter comme il se doit avec ce qu’il faut de « fan service », de qualité et d’envie/inspiration – At The Gates se contente du « fan service » et de ses acquis. Car l’impression qui se dégage d’At War With Reality c’est qu’il a été fait pour être fait et sans doute aussi pour avoir un prétexte à repartir sur la route. Oui dans ce disque je retrouve tout ce que j’aime chez At The Gates: ces plans classiques des groupes de Göteborg, ces arrangements propres au groupe, ce timbre de voix éraillée et surtout ce son. Oui tout y est, tout tourne plutôt  bien (même Erlandsson c’est dire) mais ça tourne à vide!

Petit cas pratique: Upon A Pilar Of Dust. Ce titre résume à lui seul At The Gates, sa musique, son style bref ce qui fait qu’ATG est ATG et qu’on aime ou que l’on déteste.

Le grassouillet riff d’intro met dans le ton, oui ça c’est du pur ATG. Arrive la rythmique, certes classique mais bien représentative de l’esprit maison avec le petit changement de tempo en cours de route histoire de finir vous chauffer les cervicales. A 24 secondes: break qui annonce la mise en route de la giffleuse, qui se produit 6/7 secondes plus tard avec les coups de semonces qui vont bien. Secondes 41, le sieur Tompa entre en action soutenu par un petit riff de gratte  bien mélo mixé un peu retrait pour mieux le faire ressortir (aussi paradoxal que cela puisse paraître). Le couplet est un classique genre servi sur un mid tempo de bon aloi et le morceau fait son chemin jusqu’à 1 minute 22/23 où ce dernier change de physionomie pour introduire un nouveau motif de guitares en soutient du riff principal et insuffler une dimension un peu plus dramatique au titre, ce qui fonctionne à merveille. A 1 minutes 32/33, on bascule dans les harmoniques pour accentuer encore un peu l’aspect dramatique – un truc éprouvé. A 1:47, on revient sur la structure déjà vue à 1:22 avant de rebasculer à 20 secondes de la fin sur les plans utilisés en intro. Voila, messieurs-dames comment on fait un morceau efficace chez ATG – 20 ans de métier pour parvenir à ce résultat.

Résultat que vous déclinez sur la longueur d’un album et vous obtenez At War With Reality. C’est maîtrisé, sans aucune prise de risque et ça passerait encore mieux si on sentait que quelqu’un a envie de passer la seconde! Parce que là franchement on a l’impression que Lindberg & co se font royalement chier. Tout y est bordel TOUT!!! Sauf l’envie de péter les rotules qui ferait que ce disque passe de « moui bon c’pas mal » à « putain ça bute pupute »!

Si il y a bien un truc sur lequel At The Gates ne ment pas, c’est qu’ils sont bien en guerre avec la réalité. Faire un album de Metal en 2014, en se reposant sur ses acquis de la sorte, qu’on soit un groupe de légende ou pas: on ne peut pas se le permettre!

Oui j’aime ce que j’entends mais non je n’aime pas qu’on se foute de moi et ATG se fout un peu nous en sortant un disque dégueulant de bonnes intentions mais qui pêche parce qu’exécuter à un train de sénateur.
Sincèrement, il n’y aurait pas écrit At The Gates sur la pochette je crois que j’aurais violenté un chaton.